Il n’y a pas si longtemps, si on avait dit à Fatema Alashmouti qu’elle jouerait un jour au hockey, elle aurait eu bien du mal à le croire.
Née en Syrie, Fatema est arrivée au Canada en tant que réfugiée en 2016, la guerre civile ayant contraint sa famille et elle de fuir leur pays.
« J’étais toute jeune, je n’en ai pas beaucoup de souvenirs », explique-t-elle.
Et voilà qu’elle porte maintenant le « C » pour son équipe de ligue maison à Brantford, en Ontario, quelques années à peine après son arrivée.
« Je suis vraiment contente », ajoute la jeune défenseure.
Fatema a commencé à s’intéresser au hockey organisé il y a quelques années seulement.
« Mes filles suivaient des cours de natation au centre sportif, et il nous arrivait d’aller voir les matchs de hockey avant de repartir à la maison », raconte la mère de Fatema, Muna Ghayth. « J’étais moi-même captivée par ce sport. J’avais déjà vu des séquences à la télévision et sur Internet en Syrie, mais de voir des matchs de si près a vraiment piqué mon intérêt. »
C’est justement cet intérêt qui a conduit Muna à inscrire Fatema et ses deux petites sœurs au programme Première Présence LNH/AJLNH.
« J’ignorais si elles allaient aimer ou pas, se rappelle Muna. Fatema a été conquise dès le départ, c’était clair. »
Après la conclusion de la Première Présence, les trois se sont inscrites au programme de transition offert par leur association de hockey locale. Ce programme vise à renforcer les habiletés acquises durant la Première Présence et à préparer les jeunes à faire leur entrée dans le hockey mineur.
« Par après, mes deux plus jeunes n’ont pas voulu aller plus loin, mais c’était tout le contraire pour Fatema. »
Le hockey plaisait tant à Fatema qu’elle s’est inscrite en ligue maison pour la saison 2022-2023, se joignant aux Ice Cats de Brantford chez les M15, dans la ligue de hockey féminin de la grande région de Hamilton.
« Je savais que je voulais jouer au hockey, mais je n’étais pas certaine de pouvoir faire partie d’une vraie équipe, mentionne Fatema. Je n’étais pas très habile. »
Le hockey lui a inculqué le leadership et d’autres aptitudes qui lui sont très utiles dans la vie de tous les jours.
« Je communique beaucoup mieux qu’avant. J’ai appris à être à l’écoute. »
Muna renchérit, elle qui a bien vu l’impact qu’a eu le hockey sur sa fille.
« Elle joue très bien avec ses coéquipières et a appris à valoriser le jeu collectif, dit-elle. Lorsque les autres ont besoin d’encouragements, c’est là qu’elle brille par son leadership. Après une défaite, elle trouve toujours le moyen de remonter le moral des troupes. »
Ces qualités de meneuse de Fatema ne sont pas passées inaperçues auprès du personnel entraîneur et de ses paires, qui l’ont élue capitaine de l’équipe.
« Ça fait vraiment chaud au cœur », souligne-t-elle.
Pour aider Fatema à réaliser ses aspirations, Muna s’est tournée vers le Fonds d’aide de la Fondation Hockey Canada, qui offre aux familles qui en ont besoin une subvention de 500 $ pour les frais d’inscription au hockey.
« J’apprécie énormément le soutien de la [Fondation Hockey Canada], souligne-t-elle. Cela nous a permis de donner un coup de pouce à nos proches qui sont encore en Syrie. Ce n’est pas évident, car il y a des gens là-bas qui comptent sur nous pour les aider. Ce soutien de la Fondation permet d’avoir l’esprit un peu plus tranquille. »
La mère de famille se dit extrêmement fière des succès de Fatema et n’a aucune réticence à voir sa fille s’impliquer dans le hockey.
« Mon souhait, c’est que mes enfants s’intègrent pleinement à la communauté. J’entends parfois dire que le hockey, c’est pour les Canadiens. À ça, je réponds que nous sommes Canadiennes, et que le hockey, c’est pour tout le monde. J’ai vu très peu de gens dans mon entourage inciter leurs enfants à jouer. Moi, je tenais à le faire avec les miennes. Ça me rend heureuse et fière de savoir que Fatema fait quelque chose qu’elle affectionne vraiment. »