De toutes les habiletés démontrées par Bill Hay au fil de sa carrière au
hockey, c’est sa vision sur la patinoire comme à l’extérieur de celle-ci
qui l’a distingué de ses homologues.
Sa vision globale du hockey a continué de lui servir après un parcours
remarquable dans la Ligue nationale de hockey (LNH), quand il a entrepris
une carrière dans les sphères administratives du hockey amateur.
Son apport au hockey canadien est incommensurable, profond et perpétuel.
Peu de gens peuvent se targuer d’avoir une feuille de route aussi garnie :
des expériences de joueur au hockey junior majeur, au hockey universitaire
et dans la LNH ont précédé une variété de tâches dans des postes de
direction qui ont contribué à l’amélioration de ce sport.
C’est grâce à son histoire unique et remarquable qu’il a eu l’honneur
d’être nommé à l’Ordre du hockey au Canada en 2021, aux côtés d’Angela
James et de Kevin Lowe.
« C’est un grand homme », lance l’ancien président de Hockey Canada, Murray
Costello, qui a reçu ce même honneur en 2017. « À mon avis, l’Ordre a été
conçu pour des gens comme Bill Hay. »
Né à Saskatoon, Hay a grandi à Regina. Il a passé sa vie à graviter dans le
monde du hockey.
Au cours de sa carrière de joueur, il a notamment porté l’uniforme des Pats
de Regina pendant deux saisons avant un séjour de trois ans dans la NCAA
avec les Tigers du Collège du Colorado, où il a remporté un championnat
national en 1957.
Son parcours vers les Tigers pour poursuivre ses études et sa carrière au
hockey est fascinant. Il a fait de l’autostop de Regina à Colorado Springs
et s’est présenté à l’équipe de hockey de l’établissement avec quelques
vêtements, un peu d’argent et son équipement.
L’homme de 85 ans se remémore cette époque de sa vie, qui, selon ses dires,
a été marquée par la jeunesse et l’imprévisible.
Cependant, ce moment lui a évidemment été salutaire. En plus d’avoir eu
l’honneur d’être nommé à l’équipe des étoiles et à l’équipe des étoiles
américaines lors de ses deux dernières saisons et d’avoir remporté un titre
national, il a obtenu un diplôme en géologie et est retourné au Canada pour
amorcer sa carrière professionnelle avec les Stampeders de Calgary dans la
Ligue de hockey de l’Ouest – une ligue professionnelle senior – en
1958-1959.
À l’époque, ses droits dans la LNH étaient la propriété des Canadiens de
Montréal, mais ils ont été vendus aux Blackhawks de Chicago pour la somme
de 25 000 $. Hay a remporté le trophée commémoratif Calder remis à la
Recrue de l’année en 1959-1960, à sa première de huit brillantes saisons
dans la LNH.
À Chicago, il a gagné la coupe Stanley en 1960-1961. Il a formé un trio
avec Murray Balfour et Bobby Hull et forgé des relations avec d’autres
coéquipiers, dont Glenn Hall et Ab McDonald, ainsi qu’une amitié avec
Gordie Howe.
Bien que la plupart des gens au Canada présumeraient que l’émotion de
soulever la coupe Stanley soit le moment le plus mémorable d’une carrière
au hockey, Hay n’est pas du même avis.
« Ces trophées sont superbes, mais le fait saillant de mon parcours au
hockey a été de devenir le premier joueur diplômé de la NCAA à jouer dans
la LNH », soutient Hay.
« En accomplissant ce fait d’armes, je pense que j’ai contribué à ce que
les dépisteurs ajoutent cette ligue à leur liste de circuits à épier pour
repérer des joueurs de talent. J’ai en quelque sorte créé un précédent, et
d’autres ont suivi mes traces. »
Après avoir pris sa retraite en 1967, fort d’une récolte de 113 buts et 386
points en 506 matchs, Hay est retourné à Calgary et a entrepris une
carrière dans l’industrie pétrolière et gazière, dirigeant des
installations de forage pétrolier partout dans le monde pour la société Bow
Valley Industries.
C’est là que son autre carrière au hockey, à titre d’administrateur, a pris
son envol. Il n’était pas étranger au domaine, car son père Charles avait
été le premier président de Hockey Canada en 1969. Il a aidé à négocier
avec succès les arrangements nécessaires à la tenue de la Série du siècle
de 1972, qui a opposé le Canada à l’Union soviétique.
Tandis qu’il travaillait pour Daryl « Doc » Seaman au sein de la société
Bow Valley Industries, l’une des plus grandes compagnies de ce type au
Canada à l’époque, Hay a aidé à organiser une réunion entre Seaman et le
président de la LNH John Ziegler pour amorcer le processus de
relocalisation des Flames d’Atlanta à Calgary.
Seaman, avec d’autres personnes comme Harley Hotchkiss, est devenu membre
d’un groupe de propriétaires qui ont financé le déménagement de l’équipe en
sol albertain en 1980. Plus tard, de 1991 à 1995, Hay a été le président et
chef de la direction du club.
En 1980, il s’est aussi joint au comité de sélection du Temple de la
renommée du hockey, dont il a fait partie jusqu’en 1997. Lui et son père
ont été intronisés à ce précieux Temple, formant l’un des rares duos
père-fils qui y ont été admis.
Au fil des ans, Hay a aussi contribué au volet administratif de ce sport à
titre de président de Hockey Canada et de président du conseil
d’administration du Temple de la renommée du hockey, participant aussi à
plusieurs initiatives de philanthropie pour l’avancement du hockey au pays.
« En comparaison avec la plupart de gens à qui j’ai eu affaire au fil des
ans, il a vraiment un désir d’améliorer le hockey canadien dans son
ensemble pour les jeunes joueurs », raconte Costello.
« Il voulait trouver un moyen de faire progresser notre système de
développement. Peu importe ce que Bill faisait, cet élément était toujours
au sommet de ses priorités. »
Et bien que cette période de bénévolat ait pu paraître occupée et même
surchargée, Hay affirme que tout ce temps a été plus gratifiant que
laborieux pour lui, surtout avec le soutien qu’il a eu de sa femme Nancy,
leurs trois enfants et leurs familles au fil des années.
« J’ai foncé et trouvé le temps pour tout ça », exprime-t-il. « J’ai appris
beaucoup du hockey et des dirigeants de ce sport. L’une des belles choses
du hockey, c’est à quel point il y a des personnes remarquables qui s’y
impliquent. »
Au fil de ses accomplissements au hockey, il y a probablement un autre
moment marquant de la carrière de Hay et de sa vaste liste de
contributions.
Selon Costello, son influence et son implication dans la fusion de
l’Association canadienne de hockey amateur et de Hockey Canada en 1998 ont
joué un rôle monumental pour l’avancement du hockey. Elles ont contribué au
développement du hockey partout au pays, de l’échelle locale jusqu’aux
programmes de l’élite, comme le Programme d’excellence.
« La fusion n’aurait jamais été possible sans l’intervention de Bill Hay »,
explique Costello. « Il a été un chef de file exemplaire et une personne
remarquable partout il a passé… et il a toujours voulu faire une différence
dans le monde du hockey. »
Costello ajoute que les apports de Hay au hockey canadien pendant des
décennies, au fil de ses deux carrières notoires au lien inhabituel, ont
été extraordinaires et uniques.
« La plupart des gens qui contribuent à notre sport le font soit en
prêchant par l’exemple au moyen de leur jeu, soit en revenant dans un rôle
d’administrateur bénévole de premier plan. Bill y a contribué des deux
façons. »
En se remémorant sa carrière, Hay raconte qu’il a « savouré chaque minute
», et qu’il est honoré d’avoir fait une différence dans le développement du
hockey partout au pays, surtout en ce qui a trait à la formation et au
développement des jeunes enfants.
« Je suis vraiment touché », dit-il à propos de l’honneur d’être admis à
l’Ordre. « Cet honneur est tout aussi gratifiant que n’importe quel autre
honneur que j’ai reçu, parce qu’il témoigne de ce que j’ai accompli. »
À ce jour, Hay s’implique encore auprès de Hockey Canada. Il sert de mentor
à plusieurs membres de la direction et il offre un appui de taille au
programme de stages pour futurs chefs de file Bill Hay, une initiative
qu’il a lancée il y a quelques années.