Pour Ashton Bell, le fait d’avoir su s’adapter au changement a grandement
contribué à ses succès au hockey.
Elle a fait ses débuts avec Équipe Canada en tant qu’attaquante, remportant
l’argent au Championnat mondial féminin des M18 2016 de l’IIHF. L’année
suivante, sous les ordres de Troy Ryan, elle a été nommée capitaine de
l’équipe nationale des M18 et a aidé le Canada à récolter une autre
médaille d’argent.
C’est après sa deuxième année à l’Université du Minnesota à Duluth qu’elle
est devenue défenseure.
Ce changement lui avait été suggéré par le personnel de Hockey Canada et
les entraîneurs des Bulldogs, qui ont travaillé avec elle pour faciliter la
transition.
« On a commencé à en parler après ma deuxième année, et la saison suivante,
j’avais changé de position, explique Bell. Ç’a été toute une adaptation,
mais c’était un bon défi pour moi, et j’adore être défenseure. »
Après avoir mené son équipe au Frozen Four de la NCAA à sa quatrième année
en 2021, la capitaine des Bulldogs a reçu un autre appel de Ryan, cette
fois pour représenter le Canada au Championnat mondial féminin 2021 de
l’IIHF.
La joueuse de 22 ans – qui était parmi les deux plus jeunes de la formation
canadienne – a joué en moyenne 12 minutes par match et a marqué son premier
but pour l’équipe nationale senior lors d’une victoire en quart de finale
contre l’Allemagne, en route vers la médaille d’or.
« C’était extraordinaire, se remémore-t-elle. J’ai longtemps admiré ces
joueuse, et c’était assez surréel de jouer avec elles. Le simple fait de
faire partie de cette expérience fut incroyable. »
La défenseure recrue s’est adaptée à son nouvel environnement avec l’aide
de vétérantes à la ligne bleue comme Jocelyne Larocque, une Manitobaine
comme elle.
« C’est plutôt inhabituel de jouer ses premiers matchs internationaux avec
l’équipe nationale senior féminine lors d’un championnat mondial, explique
Larocque. Des journalistes m’ont demandé si le fait que notre brigade
défensive soit si jeune et inexpérimentée m’inquiétait. Et je répondais
"Non, pas du tout". Ces filles sont prêtes. Elles sont confiantes. Elles
ont un talent incroyable. On essaie d’alléger l’atmosphère et de s’amuser,
et on leur rappelle que ce n’est pas un hasard si elles sont là. »
Bell met à profit l’expérience qu’elle a acquise lors du Mondial féminin
tandis qu’elle s’entraîne et joue avec l’équipe nationale dans le cadre de
sa centralisation en préparation des Jeux olympiques d’hiver de 2022 à
Beijing.
« Les vétérantes en défensive comme Larocque, [Erin] Ambrose, et [Renata]
Fast m’ont vraiment aidée, soutient-elle. Quand j’avais des questions,
elles y répondaient avec beaucoup d’ouverture. Les entraîneurs étaient
géniaux, aussi. Ils savaient que j’allais prendre du temps à apprivoiser le
rythme et le niveau de jeu. »
La joueuse originaire de Deloraine, au Manitoba, a inspiré la prochaine
génération de joueuses de hockey de sa communauté avec son titre mondial et
espère le faire à nouveau aux Olympiques.
« Quand je suis revenue à la maison [après le Mondial], il y avait un petit
rassemblement dans le village et plein de petites filles se sont
présentées. Avec la médaille au tour du cou, elles avaient le sourire fendu
jusqu’aux oreilles. Elles étaient vraiment excitées! »
La communauté du hockey à Deloraine, un village de 978 habitants, est
tissée serrée, et ses bénévoles et entraîneurs passionnés permettent à des
joueuses comme Bell de s’épanouir.
« C’est une toute petite communauté, explique Bob Caldwell, un entraîneur
en développement des habiletés qui a travaillé avec Bell. Nous avons un
club de déjeuners. À 7 h 30, nous tenons des séances de développement des
habiletés de 45 minutes avant l’école, puis offrons le déjeuner aux
enfants. La mère d’Ashton dirige le programme à ce jour. »
Bell s’est démarquée très tôt dans l’association de hockey mineur de
Deloraine avant de jouer chez les M18 AAA avec les Wildcats de Westman dans
la Ligue de hockey féminin du Manitoba, méritant le titre de Joueuse par
excellence de la ligue en 2015-2016 et en 2016-2017.
« Lorsqu’il faisait -40 °C au Manitoba, les écoles fermaient, mais les
séances d’entraînement de hockey se poursuivaient, se rappelle Caldwell.
Chaque fois que j’arrivais à la patinoire – à 7 h – il y avait pratiquement
toujours une petite fille qui y patinait déjà. C’était Ashton. Elle
arrivait avant moi presque tous les matins. Ça montre à quel point elle
était motivée. »
Si Bell réussit à se tailler une place au sein de l’équipe olympique, elle
s’ajouterait à la courte liste d’olympiennes originaires du Manitoba, dont
font partie Jocelyne Larocque, la triple médaillée d’or Jennifer Botterill,
Bailey Bram, Brigette Lacquette et la double médaillée d’or Sami Jo Small.
« Ça serait énorme pour le Manitoba et ma petite communauté, affirme Bell à
propos de cette possibilité. Je viens d’une région très rurale et c’est un
véritable honneur que de pouvoir inspirer ces jeunes filles et leur montrer
qu’elles peuvent rêver gros et suivre mes traces. »
Le calendrier de la centralisation de l’équipe nationale féminine du Canada
se poursuit lundi soir (20 h HE/17 h HP) alors que les représentantes de
l’unifolié se mesureront aux Américaines dans le septième des neuf matchs
de la Série de la rivalité.