Paul Coffey se souvient des larmes. Il y en avait beaucoup.
La scène s’est déroulée à Davos, en Suisse, et Coffey était sur la glace
pour célébrer une victoire 4-0 contre le HC Ocelari de Trinec lors du match
de championnat de la Coupe Spengler 2019. La victoire était la 16 e de tous les temps du Canada au tournoi, un nouveau record.
Coffey, une légende de la LNH et du hockey international, était l’adjoint
de l’entraîneur-chef derrière le banc, Craig MacTavish.
« Et bien, moi, j’étais en miettes. Mon enfant est venu sur la glace, mon
plus jeune fils (Christian, 16 ans) et il pleurait. Je me suis demandé “Que
s’est-il passé?”, mais il était tout simplement très fier », raconte
Coffey. « Et mon père… ceci a toujours été son tournoi préféré; je pensais
donc à lui. Ensuite, j’ai vu James Emery, notre entraîneur vidéo, un gars
incroyable, avec qui c’est formidable de travailler, et il était en larmes.
Je lui ai demandé “James, est-ce que ça va?” Il m’a regardé et a dit : “Je
n’ai jamais gagné avant.” C’était si excitant. Rien de mieux que de
gagner. »
La Coupe Spengler remonte à 1923 et c’est le plus vieux tournoi de hockey
sur invitation de la planète. C’est un événement unique, joué pendant les
vacances de Noël avec les belles Alpes suisses comme toile de fond. Le
tournoi est au premier rang ou presque de nombreuses listes de choses à
réaliser pour les joueurs et les partisans.
Coffey, qui a disputé plus de 1 400 matchs dans la LNH, remporté trois
trophées Norris, quatre coupes Stanley et trois coupes Canada (1984, 1987,
1991) et qui était de la formation canadienne pour la Coupe du monde de
hockey 1996 et le Championnat mondial 1990 de l’IIHF, a été honoré d’y
participer.
« Vous pouvez dire que les Jeux olympiques sont ceci, vous pouvez dire que
la Coupe Canada ou le Mondial junior est le meilleur tournoi », dit Coffey.
« Mais il n’y a pas de différence. Vous portez ce drapeau sur votre
poitrine. C’est comme gagner un championnat, que vous jouiez au hockey AAA
ou dans une ligue de vétérans. Un championnat est un championnat. Lorsque
vous revêtez ce drapeau, je l’ai ressenti. Je portais un veston sport… mais
je l’ai ressenti. »
Sean Burke a peut-être joué le rôle le plus important pour l’équipe
gagnante de la Coupe Spengler en tant que directeur général. Burke est le
meneur de tous les temps parmi les gardiens de but du Canada pour le nombre
de matchs disputés aux Championnats mondiaux de l’IIHF et il a connu une
brillante carrière internationale avec le Canada, prenant part au Mondial
junior, à deux Olympiques et à cinq championnats mondiaux.
Son objectif ces temps-ci est de bâtir des clubs de hockey gagnants; il a
fait partie du groupe de gestion à quatre Championnats mondiaux de l’IIHF
et était directeur général de l’équipe canadienne médaillée de bronze aux
Jeux olympiques de 2018. Il a également été directeur général du Canada
lors des quatre dernières Coupes Spengler, remportant le tournoi en 2016 et
2017 et perdant la finale en tirs de barrage en 2018.
« C’est un tournoi de haute qualité, mais il comporte de nombreuses
caractéristiques particulières, dont la période de l’année, notamment le
temps de Noël », explique Burke. « Cela me rappelle en quelque sorte des
tournois de hockey mineur à Noël avec beaucoup de famille autour. Et le
fait que le tournoi a presque 100 ans… je pense que c’est quelque chose
auquel tout le monde veut participer au moins une fois dans sa carrière de
hockeyeur. »
La structure du tournoi est également une de ses caractéristiques uniques.
Le Canada, qui est invité chaque année, y affronte cinq équipes
professionnelles de ligues différentes. Alors que les autres équipes sont
des équipes de club avec des joueurs qui jouent et s’entraînent ensemble
tout au long de la saison, la formation du Canada est composée de joueurs
de différentes ligues et équipes.
Il n’y a pas beaucoup de temps de préparation et, bien que le Canada soit
souvent considéré comme l’une des équipes étoiles du tournoi, la Coupe
Spengler n’est pas un événement facile à gagner. Loin de là.
« Chaque année est unique parce que c’est toujours une équipe différente.
Le processus est semblable; vous rassemblez les meilleurs joueurs que vous
pouvez trouver et qui sont à votre disposition », explique Burke. « Ce qui
était vraiment spécial cette année, c’est la rapidité avec laquelle
l’équipe s’est soudée. Ce n’est jamais facile de rassembler une équipe,
d’avoir un seul entraînement complet et de s’attendre à ce que les gars
aillent sur la glace et se soudent. Mais nous avons été chanceux cette
année. Les gars se sont soudés rapidement. Je donne beaucoup de crédit au
personnel des entraîneurs et à leur préparation. »