À l’avant-garde
L’un des plus grands cerbères de l’histoire, Ken Dryden s’est retiré de la LNH à seulement 31 ans pour vivre ses passions pour le droit, l’administration, l’éducation, l’écriture et la politique
La feuille de route de Ken Dryden parle d’elle-même.
Il est un membre du Temple de la renommée du hockey, un sextuple champion de la coupe Stanley, un quintuple lauréat du trophée Vézina, un gagnant du trophée Calder et un détenteur du trophée Conn-Smythe. Ce ne sont que quelques-uns des honneurs qu’il a reçus.
Même s’il a joué seulement huit saisons dans la Ligue nationale de hockey, Dryden a laissé une marque indélébile sur ce sport.
Il a amorcé son aventure au hockey en 1970 à titre de verte recrue à l’Université Cornell. Après 33 matchs dans la Ligue américaine de hockey, Dryden a reçu l’appel des Canadiens de Montréal. L’homme natif d’Islington, en Ontario, obtenait la chance de prouver ce qu’il pouvait faire sur la grande scène.
Après seulement six présences en saison régulière, l’entraîneur-chef Al McNeil a décidé de donner le départ au portier recrue contre les Bruins de Boston à l’amorce des séries éliminatoires. Les Bruins, champions en titre de la coupe Stanley, venaient de présenter le meilleur dossier de la LNH en saison régulière et étaient de loin les favoris.
Opposé aux Bobby Orr et Phil Esposito, Dryden s’est fait un nom. Il a brillé dans la série pour aider Montréal à causer l’une des surprises les plus mémorables de l’histoire du hockey.
Interrogé sur cette série, Dryden a répondu : « Quand tu joues, tu te concentres sur ce que tu as à faire. Tu n’essaies pas de comprendre ce qui se passe. Tu joues, tout simplement. Tu fais face à la prochaine situation et tu trouves un moyen de composer avec celle-ci. »
« Je n’ai jamais été sûr de réussir, je n’ai juste jamais cru à l’échec. »
Évidemment, Dryden a démontré qu’il était en mesure d’avoir du succès.
Cette saison-là, il a mené le Tricolore à la victoire contre les North Stars du Minnesota et les Blackhawks de Chicago pour remporter la coupe Stanley, fort d’un pourcentage d’arrêts de 0,914 en 20 parties jouées lors des éliminatoires.
« Il n’a pas perdu de temps pour faire sa marque », exprime son ancien coéquipier, Serge Savard. « Il sortait de nulle part et il a été incroyable. Personne ne peut répéter ce qu’il a accompli sur la glace. »
Pour Dryden, cette conquête de la coupe en 1971 n’a été que le début. La saison suivante, il a gagné le trophée Calder à titre de Recrue de l’année. À cinq reprises de 1972 à 1979, il a remporté le trophée Vézina et la coupe Stanley la même année avec les Canadiens.
« C’est une équipe qui s’est définie et qui est devenue vraiment spéciale », lance Dryden en faisant référence à la dynastie des Canadiens de Montréal des années 1970.
De toutes ses réalisations sur la surface glacée, celle qui a la plus grande signification aux yeux de Dryden n’a pas trait à la Sainte-Flanelle. Pour lui, son expérience dans l’uniforme orné de la feuille d’érable lors de la Série du siècle de 1972 contre l’Union soviétique sort du lot.
« Personne d’entre nous n’avait vécu un tel moment avant », confie-t-il. « J’aimerais pouvoir dire que gagner la Série de 1972 a été l’équivalent de soulever la coupe Stanley, mais ce ne serait pas fidèle à ce que je ressens en mon for intérieur. »
« Cet exploit a été tellement plus important pour moi que n’importe quel autre. »
Dryden a été désigné pour le match no 1 présenté au Forum de Montréal, où les Soviétiques ont pris tout le pays par surprise en l’emportant 7-3. Il a subi un deuxième revers au quatrième duel de la série à Vancouver, mais il a aidé le Canada à demeurer en vie grâce à une performance de 29 arrêts dans un gain de 3-2 au match no 6 à Moscou.
Après la victoire de Tony Esposito devant la cage du Canada à la septième rencontre qui a permis de créer l’égalité dans la série, l’entraîneur-chef Harry Sinden est revenu avec Dryden pour le huitième et décisif match. Devant une nation captivée par les événements (environ 13,3 millions de Canadiens ont regardé le match ultime de la série), Dryden a réalisé 22 arrêts dans un triomphe de 6-5.
« Le fait de remporter les trois dernières parties, les performances de Kenny devant le filet… c’était spécial », mentionne Savard.
Dryden a accompli beaucoup de choses comme gardien de but, mais son legs va bien au-delà de son temps sur la patinoire. En 1979, à l’apogée de sa carrière, Dryden a décidé d’accrocher ses jambières et d’amorcer une nouvelle aventure.
« Je voulais m’accorder du temps et me donner une chance d’être bon à autre chose qu’au hockey », commente Dryden.
Comme il a réussi à le faire contre les Bruins en 1971, Dryden a montré qu’il était à la hauteur.
Il a obtenu un baccalauréat en droit de l’Université McGill.
Il a écrit des livres à succès, dont Le match, acclamé par la critique, qui est encore à ce jour perçu comme un des meilleurs livres sur le hockey publié.
Il a occupé un poste de direction à titre de président des Maple Leafs de Toronto de 1997 à 2003.
Il a fait son entrée dans le monde de la politique, devenant député de York Centre à la Chambre des communes, de 2004 à 2011. Il a également été nommé ministre du Développement social au sein du cabinet de Paul Martin au fédéral.
Il est aussi devenu un professeur à l’Université de Toronto et à McGill, où il avait étudié.
« Je me dis toujours que ce qui est à venir, peu importe ce que c’est, sera plus intéressant que ce que je viens de faire », explique Dryden. « Ça pourrait être plus excitant et motivant. »
Savard décrit Dryden comme un homme qui a été « à l’avant-garde ».
Il se souvient de son coéquipier qui est arrivé dans le vestiaire avec des manuels sous son bras. « On se demandait d’où venait ce gars. Il était différent de nous tous, mais il était vraiment dévoué. Il a été un exemple. »
Comme sur la patinoire, Dryden visait l’excellence dans tout ce qu’il faisait. Son dévouement au perfectionnement de son art est une qualité qu’il attribue à ses nombreuses années au hockey.
« J’ai adoré plonger tête première dans la pratique de ce sport et me concentrer sur l’instant présent qui est inhérent à ce jeu », raconte-t-il. « Au fil du temps, tu deviens meilleur et tu plonges encore plus loin. C’est vraiment dans le sport que j’ai vécu cela le plus profondément. »
Même aujourd’hui, à 73 ans, le hockey est au cœur de plusieurs facettes de la vie de Dryden. Que ce soit lors de son rituel matinal quand il regarde les faits saillants des matchs de hockey, lorsqu’il planche sur l’écriture de son nouveau roman, ou quand il regarde des parties de hockey de ses petits-fils en webdiffusion, le hockey fait toujours partie de sa vie. Pour Dryden, c’est ce qui rend l’admission à l’Ordre du hockey au Canada encore plus spéciale.
Bien qu’il ait vu plusieurs de ses chandails être retirés et qu’il ait reçu plusieurs prix et trophée, cet honneur est différent des autres.
« Une sélection à l’équipe des étoiles ou l’obtention de trophées, ce sont pour des moments précis ou des années en particulier. Le Temple de la renommée du hockey, c’est en lien avec une certaine période de ta carrière, ces années dans la LNH, c’est une reconnaissance pour ces moments », décrit-il. « L’Ordre du hockey au Canada, c’est pour souligner l’œuvre d’une vie au hockey. »
« C’est pour ce temps au hockey mineur, dans les rangs universitaires, avec l’équipe nationale et dans l’uniforme des Canadiens de Montréal. Ce sont ces moments à regarder nos enfants jouer au hockey, à voir les enfants de nos enfants jouer, jusqu’au moment présent. C’est un prix qui n’a pas de lien avec une équipe en particulier ni un moment en particulier – c’est vraiment l’expérience d’une vie. »
Un début d’année faste pour le Québec au hockey
En ce jour de Fête nationale du Québec, soulignons quelques moments de personnalités québécoises gravitant dans le monde du hockey qui ont marqué la première moitié de l’année 2022
Bonne Saint-Jean tout le monde!
Avant ou après une bonne poutine au dîner et les feux d’artifice en soirée, prenons le temps aujourd’hui pour revenir sur des exploits accomplis par des personnalités québécoises qui ont brillé à l’échelle provinciale, nationale ou internationale depuis le début de l’année!
ÉQUIPE NATIONALE FÉMININE
Commençons par l’équipe qui a ramené l’une des quatre médailles d’or aux Jeux olympiques d’hiver de 2022 à Beijing. Marie-Philip Poulin a de nouveau mené la charge en inscrivant six buts et 11 passes en sept parties, dont une performance de trois points lors du match pour la médaille d’or face aux États-Unis. Notons aussi la superbe tenue d’Ann-Renée Desbiens devant le filet, comme en témoignent sa moyenne de buts alloués de 1,80 et son pourcentage d’arrêts de 0,940 en cinq rencontres.
Qui d'autre? La capitaine frappe encore dans une grande finale! 💪 @pou29 | #ÉquipeCanada | #Beijing2022 pic.twitter.com/8tbzyRx353
— Hockey Canada FR (@HockeyCanada_fr) February 17, 2022
Quelques mois plus tôt, Mélodie Daoust a mené le Canada vers un 11 e titre au Championnat mondial féminin en obtenant six buts et autant de mentions d’aide en sept parties. En plus d’être sélectionnée à l’équipe d’étoiles du tournoi, Daoust a aussi été nommée Joueuse par excellence de la compétition.
Plus récemment, Alexia Aubin et Karel Préfontaine ont contribué à la conquête de la médaille d’or au Championnat mondial féminin des M18. Aubin a terminé à égalité au premier rang des meilleures pointeuses de son équipe avec cinq points, tandis que Préfontaine en a obtenu quatre.
ÉQUIPE NATIONALE MASCULINE
En ce qui concerne l’équipe qui a participé au Championnat mondial masculin présenté en Finlande, elle était menée par Thomas Chabot qui avait été nommé capitaine de la formation. Pierre-Luc Dubois, l’un des capitaines adjoints, a conclu le tournoi parmi les meilleurs pointeurs grâce à ses sept buts et six passes.
Belle manoeuvre de @18Dubois dans l'enclave. 👌#MondialIIHFpic.twitter.com/yfjNbGGEuX
— Hockey Canada FR (@HockeyCanada_fr) May 24, 2022
À Beijing, lors des Jeux olympiques, Maxim Noreau et David Desharnais ont été des éléments clés de la formation canadienne. Noreau a terminé la compétition avec une récolte d’un but et trois mentions d’aide , alors que Desharnais a obtenu une passe.
ÉQUIPE NATIONALE PARALYMPIQUE
Lors du tournoi de parahockey aux Jeux paralympiques, Antoine Lehoux a obtenu une mention d’aide. Le joueur de 28 ans en était à une première participation aux Jeux puisqu’il n’avait pas été sélectionné en 2018.
Dominic Larocque a obtenu deux jeux blancs - dont un partagé - en quatre rencontres. Il s’agissait d’une la troisième présence aux Jeux paralympiques pour le gardien de but.
On ❤️ les gardiens de but et leur univers!@TheRock_26_, de l’ENP, présente les options d’équipement qui s’offrent aux gardiens de but au parahockey. Il précise aussi ce qui distingue les portiers canadiens de ceux d’autres pays.#NotreSportEstDeRetour | @HockeyQuebec pic.twitter.com/20MUGlYOXV
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CHAMPIONNATS NATIONAUX
À la Coupe TELUS, les Cantonniers de Magog se sont rendus jusqu’en finale du tournoi à Okotoks, en Alberta . Tirant de l’arrière par deux buts contre les Flyers de Moncton dans les dernières minutes du match, la formation du Québec est parvenue à créer l’égalité alors qu’il ne restait que quelques secondes à jouer au temps réglementaire. La prolongation s’est toutefois soldée par un revers pour les hommes de Stéphane Robidas.
Du côté de la Coupe du Centenaire, présentée par Tim Hortons, le Collège Français de Longueuil a accédé aux demi-finales avant de s’incliner face aux Bandits de Brooks qui allaient éventuellement remporter les grands honneurs de ce tournoi de hockey junior A, qui a eu lieu à Estevan, en Saskatchewan.
Merci, @cflongueuilaaa! ❤️#CoupeDuCentenaire | @timhortonsqc | @cjhlhockey | @LHJAAAQ1 pic.twitter.com/a4xr7tF7X6
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Enfin, les Remparts du Richelieu ont représenté le Québec à la Coupe Esso . La formation n’a toutefois pas été en mesure de se qualifier pour le tour éliminatoire.
LAURÉATS ET LAURÉATES DE TROPHÉES
Plusieurs personnalités québécoises ont été récompensées pour leurs efforts dans le monde du hockey.
Pierre Verville a remporté le prix du Bénévole de l’année après avoir été un administrateur à la Fédération québécoise de hockey sur glace (FQHG) pendant plus de 50 ans.
Prix du bénévole de l'année : Pierre Verville Membre fondateur de @HockeyQuebec, Pierre a consacré plus de 50 ans au hockey à titre d’administrateur auprès de sa division membre. Merci, Pierre! 👏 INFOS ➡️ https://t.co/g5h0A73byx pic.twitter.com/sC7ZI794Lk
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Joël Bouchard s’est vu décerner le prix Gordon-Juckes remis à une personne qui a contribué de façon marquée au développement du hockey amateur au Canada, à l’échelle nationale.
Mélodie Daoust a remporté le prix Isobel-Gathorne-Hardy qui récompense une personne qui s’est démarquée par son engagement, son leadership, sa participation communautaire et sa promotion des valeurs du hockey féminin.
N’oublions pas non plus Patrice Bergeron qui a mis la main sur le trophée Frank-J-Selke pour la cinquième fois de sa carrière, ce qui constitue un record. Cet honneur est remis annuellement au meilleur attaquant défensif de la LNH.
OFFICIELS ET OFFICIELLES
Élizabeth Mantha est devenue la première femme à arbitrer un match de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) le 26 février dernier. Quelques mois plus tôt, l’arbitre de 31 ans avait fait partie d’un groupe de 10 femmes qui ont été affectées à des matchs de la Ligue américaine de hockey (AHL). Au cours de sa saison, Mantha s’est aussi rendue aux Jeux olympiques d’hiver et a d’ailleurs été nommée l’une des deux arbitres en vue du match pour la médaille de bronze.
Olivier Gouin a pris part à ses deuxièmes Jeux en tant qu’arbitre, se rendant lui aussi jusqu’au match pour la médaille de bronze.
UNE PORTION D’UN MATCH MONDIAL EN SOL QUÉBÉCOIS
Le 6 mars dernier, du côté de la Place Bell à Laval, a eu lieu le volet canadien du Match mondial de hockey féminin . La rencontre a opposé les Remparts du Richelieu aux Amazones de Laval-Montréal et s’est terminée par un verdict nul de 4 à 4.
Le volet canadien du Match mondial de hockey féminin de l’IIHF, présenté par @BFLCanada, a lieu aujourd’hui! 🇨🇦 Un duel Remparts du Richelieu c. Amazones de Laval-Montréal contribuera au pointage mondial. 🙌 Détails ➡️ https://t.co/EYSESG526l @HockeyQuebec | @LHEQ_hockey pic.twitter.com/Wxc5ZLEoZ1
— Hockey Canada FR (@HockeyCanada_fr) March 6, 2022
HOMMAGE À DEUX LÉGENDES
Enfin, il était impossible de ne pas revenir sur le décès de deux grands joueurs québécois.
Le 15 avril, Mike Bossy s’est éteint à l’âge de 65 ans. Il a contribué aux quatre conquêtes consécutives de la coupe Stanley par les Islanders de New York dans les années 1980. L’ailier droit originaire de Montréal est le seul joueur dans l’histoire de la LNH à avoir marqué 50 buts lors de neuf saisons de suite. Bossy a aussi représenté le Canada à deux reprises, soit aux éditions 1981 et 1984 de la Coupe Canada. Il y a accumulé 13 buts et 7 aides en 15 matchs. Bossy a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1991 avant d’être nommé parmi les 100 plus grands joueurs de la LNH en marge des célébrations du Centenaire de la ligue en 2017.
Nous sommes attristés par le décès de Mike Bossy, une légende d’Équipe Canada qui a porté la 🍁 aux éditions 1981 et 1984 de la Coupe Canada. Nos sincères condoléances à sa famille et à ses amis. ❤️ pic.twitter.com/CSQZD88v4o
— Hockey Canada FR (@HockeyCanada_fr) April 15, 2022
Guy Lafleur a rendu l’âme à l’âge de 70 ans une semaine après le décès de Bossy . Il a remporté la coupe Stanley à cinq occasions avec les Canadiens de Montréal avant de conclure sa carrière avec les Rangers de New York et les Nordiques de Québec. Natif de Thurso, il est devenu le premier joueur dans l’histoire de la LNH à récolter 50 buts et 100 points lors de six saisons consécutives. Lafleur a fait partie des équipes canadiennes à la Coupe Canada en 1976 et 1981, de même qu’au Championnat mondial de 1981. Il y a totalisé quatre buts et 14 mentions d’aide en 21 rencontres. Après sa première retraite, le Temple de la renommée du hockey lui a ouvert ses portes en 1988 et, tout comme Bossy, il figure parmi les 100 plus grands joueurs de la LNH.
Quel début d’année pour les personnalités du hockey québécois ! Les prochains mois seront tout aussi plaisants à suivre.
Profitez du beau temps, et bonne Fête nationale!
Mon père, mon ami
Peu de joueurs ont égalé les exploits de Guy Lafleur sur la glace, mais pour son fils, son principal héritage n’est pas celui d’une légende des Canadiens de Montréal : c’est celui d’un papa
Les enfants ont regard unique sur le monde, voyant la vie à travers le prisme charmant de l’innocence et de la tendresse.
C’est également ainsi que Martin Lafleur voyait son père. Ce n’était pas une vision idéalisée, mais plutôt un portrait réaliste du chemin qu’ils ont parcouru ensemble pendant plus de quatre décennies.
Pour la légende des Canadiens de Montréal Guy Lafleur, Martin était bien plus qu’un fils : il était un partenaire d’affaires, un coéquipier et surtout un grand ami.
Martin, qui a aujourd’hui 47 ans, vouait pour son père une admiration sans bornes, pas seulement parce qu’il était un célèbre joueur de hockey, mais aussi parce qu’il était un bon homme de famille pour lui, sa mère Lise et son jeune frère Mark.
« Le joueur de hockey a toujours fait partie de nos vies, mais c’était surtout l’être humain derrière qui était fascinant à observer. »
Guy Lafleur a joué dans la Ligue nationale de hockey pendant 17 saisons – entre 1971 et 1991 – principalement avec les Canadiens de Montréal, mais aussi avec les Rangers de New York et les Nordiques de Québec.
Il a remporté cinq coupes Stanley avec les Glorieux (1973, 1976, 1977, 1978 et 1979) et fut le premier joueur de la LNH à enfiler 50 buts pendant six saisons de suite ainsi que le premier à marquer 50 buts et 100 points pendant six saisons consécutives.
Sur la glace, Lafleur était unique. Son étoile brillait plus fort que celles du reste de la constellation de vedettes que produisaient les Canadiens à cette époque.
Il a électrisé les spectateurs du Forum de Montréal pendant 14 saisons grâce à sa vitesse fulgurante et à son tir formidable, en plus d’avoir terrorisé ses adversaires avec son coup de patin, ses habiletés offensives et sa furtivité hors du commun.
Pendant sa carrière, le natif de Thurso a été nommé à la première équipe d’étoiles à six reprises et a remporté trois trophées Art-Ross, deux trophées Hart, un trophée Conn-Smythe et trois trophées Lester-B.-Pearson (aujourd’hui le trophée Ted-Lindsay). Il a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1988 et nommé l’un des 100 meilleurs joueurs de la LNH en 2017.
Il ne serait pas exagéré d’affirmer que Guy Lafleur était adoré par d’innombrables amateurs de hockey partout dans le monde et respecté même par les partisans des équipes adverses.
Mais pour son fils Martin, il n’était pas qu’un hockeyeur. Bien sûr, c’est le hockey qui l’a rendu célèbre, mais son impact sur toutes les personnes de son entourage dépasse le cadre du sport.
À l’extérieur de la patinoire, Lafleur était d’une générosité sans égal : il rendait souvent visite à de jeunes patients d’hôpitaux pour enfants et a fait don de milliers de dollars à la Fondation des Canadiens pour l’enfance.
Même après sa retraite, sa popularité n’a jamais décliné, particulièrement au Québec, où il était vénéré. Selon Martin, les partisans demandaient souvent à son père de leur signer un autographe ou de se faire prendre en photo avec lui, et il ne refusait jamais.
« Il était près des gens », se rappelle Martin, qui possède et gère Dello, une entreprise montréalaise spécialisée dans le traitement des paiements par cryptomonnaie.
« Même s’il a connu une carrière extraordinaire et qu’il était au sommet de son art, il a toujours été quelqu’un de terre à terre qui accordait toute son attention à son interlocuteur. »
Lafleur était si populaire et charismatique sur la glace et à l’extérieur qu’on lui a donné non pas un, mais deux surnoms pendant sa carrière.
Le premier, « Flower », est une traduction littérale de son nom de famille, mais aussi une illustration de sa présence rayonnante comme hockeyeur et comme être humain.
Le deuxième, « Le démon blond », évoque une image dont bon nombre d’entre nous se souviennent : celle d’un Guy Lafleur, sans casque, qui file à toute allure sur l’aile droite, chevelure au vent.
Les deux sobriquets étaient souvent utilisés, mais pas par les mêmes personnes. C’étaient surtout ses amis proches et ses coéquipiers qui l’appelaient « Flower ». « Le Démon blond » – celui que Martin préfère – était plutôt donné par les partisans.
Né en 1975, au faîte de la riche carrière de son père, Martin, qui est maintenant lui aussi marié et parent, a toujours bien compris ce que son paternel signifiait pour le hockey, les Canadiens et les partisans, mais n’avait jamais pleinement pris la mesure de son importance avant le service commémoratif public tenu pour lui au Centre Bell le printemps dernier.
Guy Lafleur est décédé le 22 avril, à l’âge de 70 ans.
« J’ai constaté la tristesse des gens, admet Martin Lafleur. C’est alors que j’ai réalisé l’impact de l’être humain et à quel point il avait touché les gens.
« On ne me racontait pas des souvenirs reliés au hockey, mais des histoires personnelles. C’est ce qui m’a vraiment épaté, et ce n’est malheureusement qu’avec sa mort que je l’ai entièrement saisi. »
L’un des témoignages qui illustrent bien l’influence de Guy Lafleur à l’extérieur de la patinoire a été livré par un père de famille qui admirait le premier choix au total de 1971.
Martin explique que l’homme a été inspiré par la façon dont Lafleur a soutenu son plus jeune fils Mark, qui pendant 10 ans a souvent eu des démêlés avec la justice.
Faisant passer sa famille avant tout, Lafleur a toujours été aux côtés de son fils lors des procédures judiciaires, allant même jusqu’à contourner lui-même la loi pour l’aider.
Martin a prononcé une partie de l’oraison funèbre lors de la cérémonie célébrant la vie de son père. Il y a décrit brièvement, mais avec émotion et sincérité, l’impact qu’a eu Guy Lafleur sur le monde.
Ce discours éloquent était probablement un précurseur à celui que livrera Martin lorsqu’il acceptera au nom de son père l’Ordre du hockey au Canada ce mois-ci.
On soulignera sa contribution remarquable au hockey – et celle de deux autres personnalités honorées – lors du Gala et tournoi de golf de la Fondation Hockey Canada 2022 à Niagara Falls, en Ontario.
Bien qu’il s’agisse d’une reconnaissance posthume, Guy Lafleur a su qu’il allait recevoir cette prestigieuse distinction avant sa mort. Selon Martin, il en était très touché et honoré.
« Nous sommes très attachés à notre province et à notre pays, explique-t-il. C’est un immense honneur pour notre famille et nous sommes plus que reconnaissants de recevoir cet honneur en son nom. »
L’Ordre du hockey au Canada et les moments qui précéderont sa présentation officielle remueront bien des souvenirs chez la famille Lafleur, et surtout chez Martin.
Depuis sa jeune enfance – alors que les Canadiens ont remporté quatre coupes Stanley consécutives entre 1976 et 1979 – à la fin de la carrière de son père en 1991, il a passé beaucoup de temps dans les arénas, notamment au Forum de Montréal, au Madison Square Garden de New York et au Colisée de Québec, alors que Guy évoluait respectivement pour les Canadiens, les Rangers et les Nordiques.
Bien sûr, il regardait son père des gradins, mais il a souvent foulé les patinoires, côtoyant d’autres joueurs du Tricolore et leurs enfants et patinant avec eux avant ou après les entraînements. Il a également participé à des tournois de golf de l’équipe et a joué avec les Anciens Canadiens.
Ces interactions pendant son enfance compensaient un peu les absences de son père, le calendrier de la LNH faisant en sorte que les périodes à la maison des joueurs sont courtes pendant la saison.
« Pendant bien des années, je l’ai plus souvent vu à la télé qu’en personne, raconte Martin. Ce n’est qu’après sa carrière que j’ai vraiment pu passer du temps avec lui. J’ai eu de très bons moments pendant mon enfance, mais j’en ai eu encore plus quand il a accroché ses patins. C’était très important pour moi. »
Le hockey comptait beaucoup pour Guy Lafleur et sa famille, mais il n’était pas essentiel que les enfants suivent les traces de leur père. Évidemment, Martin a joué et joue toujours, mais il est plus passionné d’autres sports comme la planche à neige et le soccer.
« Les sports ont toujours fait partie intégrante de ma vie, mais le hockey n’en était qu’un parmi d’autres. Mon père ne nous a jamais mis de pression. Il voulait que nous nous amusions, peu importe ce que nous choisissions. »
Martin mentionne que son père était avare de conseils lorsqu’il jouait au hockey mineur et précise en rigolant qu’il était un entraîneur horrible.
Par contre, il soutient qu’il a beaucoup aimé jouer aux côtés de son père lors d’événements des Anciens Canadiens, même si celui-ci n’hésitait pas à souligner les erreurs de son fils.
Du moment où il a pris sa retraite jusqu’à son dernier souffle, Guy Lafleur était un homme occupé.
Martin et lui brassaient des affaires ensemble, ayant notamment été propriétaires de plusieurs restaurants. Au cours de la dernière décennie, Martin était en quelque sorte l’agent de son père, organisant ses déplacements et l’accompagnant à des événements comme des salons pour collectionneurs de cartes et de souvenirs.
« Nous étions très proches. Je suis extrêmement reconnaissant d’avoir pu passer tout ce temps de qualité avec lui. »
Guy Lafleur était aussi un grand patriote. Il était colonel honoraire de l’Aviation royale canadienne et a rendu visite plusieurs fois aux troupes en poste à l’étranger, par exemple au Koweït, en Afghanistan et en Ukraine. Il a également représenté son pays à la Coupe Canada, en 1976 et 1981, ainsi qu’au Championnat mondial 1981 de l’IIHF.
Parmi les autres distinctions et prix qui lui ont été conférés, soulignons le titre d’Officier de l’Ordre du Canada et celui de Chevalier de l’Ordre national du Québec.
« Ce fut un immense honneur pour lui de recevoir ces deux décorations, explique Martin. Il était Canadien français, mais il était vraiment fier d’être Canadien. »
Guy Lafleur laisse un héritage imposant, mais Martin tentera de se comporter adéquatement et de modeler son parcours sur celui de son père.
« Ses souliers sont impossibles à remplir, mais je ferai tout ce que je peux pour continuer d’honorer l’héritage de mon père à ma façon. C’est ainsi que nous avons été élevés. Encore aujourd’hui, nous devons tout aux admirateurs de mon père. Je continuerai de saluer sa mémoire avec plaisir. »
Profiter des occasions qui se présentent
Kim St-Pierre a déjà voulu abandonner le hockey, mais lorsqu’une porte s’est ouverte, la gardienne de but y est entrée et a poursuivi son chemin jusqu’au Temple de la renommée du hockey
Kim St-Pierre est assise sur son divan, à Châteauguay. Nous sommes en février 1998, au beau milieu de la nuit, et sa mère veut qu’elle regarde un match de hockey qui se déroule à l’autre bout du monde, à Nagano, au Japon. C’est l’équipe nationale du Canada qui affronte les États-Unis lors du tout premier match pour la médaille d’or olympique en hockey féminin.
« J’ignore pourquoi, raconte St-Pierre, mais j’ai eu une vision, un pressentiment qu’un jour – je ne savais pas comment, car c’était si loin de ma portée – je porterais ce chandail spécial. J’aurais vraiment aimé qu’elles raflent l’or, mais c’est à ce moment que j’ai exprimé à ma mère le souhait de représenter mon pays. »
Elle a finalement revêtu l’unifolié 83 fois entre 1998 et 2011, remportant trois médailles d’or olympiques ainsi que cinq médailles d’or et quatre d’argent au Championnat mondial féminin de l’IIHF. Elle a compilé une fiche de 64-10, une moyenne de buts alloués de 1,17, un pourcentage d’arrêts de 0,939 et 29 jeux blancs. Elle se classe au premier rang des gardiennes de but canadiennes pour le nombre de parties jouées, de victoires et de jeux blancs.
En 2021, elle est devenue la première gardienne de but – et la huitième femme – à être intronisée au Temple de la renommée du hockey.
La carrière historique de St-Pierre a commencé comme celle de tant de joueuses et de joueurs canadiens : en jouant dans la rue en été, sur la patinoire de la cour en hiver et en ayant des frères aînés qui lui demandent de garder les buts.
« Je suis tombée en amour avec le hockey. » Elle a demandé à ses parents de l’inscrire dans une ligue organisée. « Au début, ce n’était pas évident pour eux : le hockey féminin n’était pas un sport olympique, il n’y avait même pas d’Équipe Canada, bref, pas grand-chose pour inciter un parent à inscrire sa fille au hockey. Mais ils aimaient ma passion. »
Son père, André, a joué à un haut niveau, ayant même été repêché par les Rangers de New York. Sa connaissance du monde du hockey a rassuré tout le monde lorsque Kim est passée du patinage artistique au hockey.
Elle a d’abord joué en tant qu’avant. Mais un jour, son entraîneur est arrivé dans le vestiaire avec un équipement de gardienne de but. Attirée malgré elle par l’attirail brun et défraîchi, St-Pierre s’est vite proposée pour l’enfiler. Sa mère, Louise, pensait peut-être que sa fille avait perdu la raison ce jour-là, mais elle l’a quand même aidée à mettre l’équipement.
Une séance d’entraînement est devenue un match. Toutefois, ce match n’a pas été extraordinaire, et St-Pierre sait que ses parents auraient pu lui suggérer de redevenir une joueuse. « Mais ils ont vu à quel point j’étais déçue. Je crois que c’était une bonne leçon de vie de continuer et de travailler plus fort pour pouvoir remporter mon premier match en tant que cerbère. Nous n’avons jamais regardé derrière nous par la suite. Je leur suis reconnaissante de m’avoir aidée et guidée. Je suis devenue une gardienne de but. »
St-Pierre idolâtrait Patrick Roy et rêvait de jouer pour les Canadiens de Montréal. Elle pratiquait plusieurs sports – dont le tennis, le soccer et la balle rapide – et voulait participer aux Jeux olympiques dans n’importe quelle discipline sauf le hockey, car ce sport était le seul qui n’avait pas de volet féminin aux Jeux. Ces deux rêves l’ont poussée à jouer au hockey avec des garçons pendant toute son adolescence.
« J’étais avant tout passionnée par le hockey. Ça m’importait peu d’être la seule fille. Les gardiens de but sont particuliers, ils portent un équipement différent. Pour moi, c’était déjà un moyen de me démarquer. Je jouais parce que j’adorais ça, pas parce que je voulais être une pionnière. »
En 1998, les jours de St-Pierre dans le hockey organisé semblaient tirer à leur fin. Elle avait conclu sa carrière junior et n’avait jamais pu percer l’alignement d’Équipe Québec pour les championnats nationaux féminins. « J’étais prête à abandonner, car rien ne se dessinait devant moi. »
C’est alors que Dan Madden, le directeur général de l’équipe féminine des Martlets de l’Université McGill, lui a donné l’occasion de participer aux essais de l’institution montréalaise. Ayant maintes fois été retranchée d’Équipe Québec, St-Pierre n’était pas très chaude à l’idée de jouer au hockey féminin. Mais après avoir parlé à son père et rendu visite à l’équipe, elle était convaincue d’être à sa place. « Cette décision a changé ma vie. J’ai pu jouer au hockey, et la même année, j’ai reçu une invitation pour participer aux essais d’Équipe Canada. Mais surtout, c’est là que j’ai rencontré mon mari [ Lenny Jo Goudreau], avec qui j’ai eu deux garçons [Liam et Ayden]. Aller à McGill m’a ouvert beaucoup de portes. »
St-Pierre a joué cinq saisons pour McGill. À sa dernière année, elle devenue la première femme à remporter un match de hockey universitaire masculin. À la fin de son parcours avec les Martlets, elle avait établi 60 records pour les gardiennes de but. En 103 matchs, elle a enregistré 27 blanchissages et une moyenne de buts alloués de 2,13. Elle a également remporté une médaille d’argent et deux de bronze au championnat national.
(Et elle s’est enfin taillé une place dans l’alignement d’Équipe Québec. Elle a gagné l’or au Championnat national féminin Esso en 1999 et en 2002, où elle a été nommée Joueuse par excellence, et l’argent en 2000 et 2001, où elle a été sacrée Meilleure gardienne de but.)
Danièle Sauvageau était l’une des entraîneuses qui devaient toujours dire à St-Pierre qu’elle n’était pas prête pour la formation provinciale. Elle était également l’entraîneuse de l’équipe nationale féminine du Canada qui se préparait pour les Jeux olympiques de 2002 et la femme qui a invité St-Pierre à son premier camp de l’équipe nationale en 1998. Elle avait vu la cerbère à l’œuvre à Châteauguay. « La plupart du temps qu’elle était devant le filet, elle jouait un rôle important », souligne Sauvageau. Or, pour une raison quelconque, elle n’était pas à la hauteur lors des camps. Mais clairement le potentiel était là. Elle avait seulement besoin de plus de temps pour se prouver, ce que lui offrait le camp national.
En préparation pour les Jeux olympiques d’hiver de 2002, Sauvageau voulait que ses jeunes gardiennes de but gagnent en expérience. C’est ainsi qu’en 2001, St-Pierre a obtenu son premier départ devant la cage du Canada au Championnat mondial féminin de l’IIHF.
« C’est là que ses qualités impondérables sont entrées en jeu, comme son calme et son sang-froid, indique Sauvageau. Parfois, derrière le banc, nous avions la certitude que nous venions d’accorder un but. Puis une mitaine surgissait de nulle part. Nous nous demandions comment elle avait pu arrêter ça! Elle voulait gagner à tout prix et arrêtait toutes les rondelles de toutes les manières possibles. Elle fut la meilleure gardienne et la meilleure joueuse de ce championnat mondial. » St-Pierre inspirait la confiance auprès de ses coéquipières. « Nous savions qu’elle allait tout faire pour stopper les tirs, et ça nous a donné l’élan dont nous avions besoin pour passer à travers ces tournois en 2001 et 2002. Tout ça a commencé avec cette grande victoire en avril 2001. »
C’est en 2002 que St-Pierre a réalisé son rêve de devenir une athlète olympique. On se rappelle que le Canada avait perdu ses huit matchs précédents contre les États-Unis. Lors du match pour la médaille d’or contre ses rivales de toujours, le Canada a ouvert la marque tôt, et St-Pierre a effectué deux gros arrêts en première période. Puis les Canadiennes ont écopé de huit punitions de suite.
« Quand tu joues en infériorité numérique pendant 26 minutes, mais que tu as Kim St-Pierre comme dernier rempart, tu vas t’en tirer, confie Sauvageau. Tu le sens, tu le sais. Même si nous avions perdu huit parties de suite, c’était notre match le plus important. Et nous pouvions compter sur notre joueuse la plus importante. Tout comme on construit une pyramide à partir de la base, on construit une équipe gagnante jusqu’à un match pour la médaille d’or à partir de la gardienne de but, et Kim a été aussi solide qu’en 2001. Tout le monde était calme sur le banc. »
Le Canada l’a emporté 3-2. St-Pierre a été nommée Meilleure gardienne de but et a fait partie de l’équipe des étoiles du tournoi. « Pendant les dix dernières secondes du match – qui ont duré deux minutes dans ma tête! – j’avais vraiment hâte que les filles viennent célébrer avec moi ce que nous venions d’accomplir ensemble », se rappelle St-Pierre.
Chaque année au sein d’Équipe Canada était différente, mais chacune a forgé chez la portière des souvenirs impérissables. L’accueil de vétéranes comme Cassie Campbell, Thérèse Brisson et Vicky Sunohara. Les trois cycles de centralisation, qui lui ont donné le sentiment d’être une joueuse de hockey professionnel. Disputer les Jeux olympiques à la maison, sous les encouragements de sa famille et de ses amis. En apprendre davantage sur elle-même même quand elle ne jouait pas, comme ce fut le cas lors du match pour la médaille d’or olympique en 2006. « L’attitude que j’ai adoptée alors que je n’étais pas la partante est l’une de mes plus grandes fiertés. »
Grâce à la conquête de la Coupe Clarkson avec les Stars de Montréal en 2009, St-Pierre a complété le tour du chapeau des championnats les plus prestigieux du hockey féminin. Elle a soulevé le trophée une deuxième fois en 2011, en plus d’avoir été nommée Gardienne de but de l’année à chacune de ses trois saisons dans la Ligue canadienne de hockey féminin.
Pourquoi était-elle une si bonne gardienne de but?
« D’abord, son calme, analyse Danièle Sauvageau. Ensuite, sa capacité à lire la situation, à l’analyser, puis à y réagir. » Selon l’entraîneuse, St-Pierre faisait peu de cas des systèmes. « Mais elle pouvait anticiper pratiquement tout ce qui allait se passer et faire le mouvement qui s’imposait. »
Depuis plusieurs années, St-Pierre travaille pour BOKS, un programme d’activité physique gratuit visant à faire bouger les enfants. Elle prévoit continuer à promouvoir le hockey féminin – en racontant son histoire dans l’espoir d’inspirer de jeunes filles –, mais aussi la participation à tous les sports.
L’Ordre du hockey au Canada célèbre les personnes ayant apporté une contribution extraordinaire au hockey. Pour Kim St-Pierre, il s’agit d’une nouvelle plateforme où elle peut encourager la prochaine génération et remercier celles et ceux qui ont rendu ce moment possible.
« Je veux profiter de cette occasion pour montrer que quand on croit en son rêve, on peut le réaliser. Je tiens à remercier tout le monde qui a contribué à mes réussites et m’a permis de représenter le Canada pendant toutes ces années. »
La vie de Lanny
La marque qu’a laissée la légende plus grande que nature qu’est Lanny McDonald sur le hockey canadien – comme joueur, dirigeant, ambassadeur et partisan – traverse les générations
Il y a une photo de Lanny McDonald, de 1989, qui illustre bien tous les sacrifices requis pour remporter une coupe Stanley.
On y voit Lanny, avec sa chevelure et sa moustache (accompagnée de sa barbe des séries) rousses, le front ruisselant de sueur. Il n’a pas encore enlevé le chandail rouge vif des Flames de Calgary qui arbore le « C » du capitaine, et il enlace le trophée. Son visage témoigne de l’euphorie d’atteindre le sommet du hockey professionnel après des années de travail acharné et de dévouement.
Chaque année durant les séries éliminatoires de la LNH, cette photo est l’une de celles qui sont montrées le plus souvent.
Plus de 30 ans après ce moment, McDonald habite toujours Calgary – qui n’est pas trop loin de Hanna, son village natal – et il y fait encore figure de légende, à tel point qu’il ne peut se promener sans que des partisans l’arrêtent pour lui parler (surtout) de 1989. Pour lui, ce souvenir est encore aujourd’hui empreint de magie.
« C’est incroyable, se réjouit-il. Ce fut un moment extraordinaire pour moi et pour tous mes coéquipiers. C’est remarquable que neuf des membres de cette équipe championne habitent toujours Calgary. Ça montre à quel point nous aimons cette ville et voulons toujours en faire partie. C’est super de pouvoir partager ça avec des gens qui en parlent à leurs enfants ou leurs petits-enfants. Je signe des autographes pour tellement de gamins qui n’ont aucune idée de qui je suis, mais leur père, leur mère ou leurs grands-parents leur disent que je suis une légende. »
Dans le monde du sport, le mot « légende » est un peu galvaudé, mais il s’applique certainement à McDonald. Après trois saisons dans la Western Central Hockey League (une prédécesseuse de la Ligue de hockey de l’Ouest) avec les Centennials de Calgary et les Tigers de Medicine Hat, il a marqué 500 buts et accumulé 1 006 points pendant une carrière professionnelle de 1 111 matchs qui l’a mené jusqu’au Temple de la renommée du hockey. Il a passé ses huit premières saisons dans l’uniforme des Maple Leafs de Toronto et des Rockies du Colorado, jusqu’à cette journée mémorable de novembre 1981, où il a été échangé aux Flames. Il y a passé le reste de sa carrière, qui s’est conclue par cette conquête de la coupe Stanley aux dépens des Canadiens de Montréal, il y a 33 ans.
McDonald ajoutera cette année une distinction de plus à son impressionnant palmarès de récompenses individuelles et d’équipe : lui, le regretté Guy Lafleur et la gardienne de but légendaire Kim St-Pierre seront les trois plus récentes personnalités honorées de l’Ordre du hockey au Canada, qui est décerné à celles et ceux qui ont contribué de manière exceptionnelle au hockey. McDonald, qui a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1992, au Temple de la renommée des sports de l’Alberta en 1993 et au Panthéon des sports canadiens en 2017, affirme que l’Ordre est un honneur tout aussi important.
« Jamais je n’aurais pu imaginer recevoir une telle reconnaissance. Lorsque Tom Renney [chef de la direction de Hockey Canada] m’a appelé, il siégeait au conseil d’administration du Temple de la renommée du hockey, alors je croyais que la conversation tournerait autour de ça. Puis il m’a annoncé la nouvelle. J’étais sans mots. C’était absolument incroyable! Tom et moi sommes amis depuis toujours; c’était donc vraiment chouette que ce soit lui qui m’en fasse l’annonce. »
McDonald a surtout marqué les esprits avec cette photo emblématique de 1989. Mais sa carrière internationale n’en est pas moins mémorable : il a porté l’unifolié lors de la Coupe Canada en 1976 et au Championnat mondial 1981 de l’IIHF, en plus d’avoir fait partie de l’équipe d’étoiles de la LNH qui a affronté l’Union soviétique en 1979 lors de la Coupe Défi.
La formation de la Coupe Canada 1976 est considérée comme plusieurs comme la meilleure de l’histoire du pays. McDonald était l’un des 18 futurs membres du Temple de la renommée dans l’équipe, qui comptait aussi dans ses rangs de grands noms comme Guy Lafleur, Bobby Orr, Phil Esposito, Marcel Dionne et Bobby Clarke. Ce groupe, formé de la crème de cette génération de hockeyeurs, a remporté la toute première Coupe Canada au terme d’une finale deux de trois contre la Tchécoslovaquie.
« C’était vraiment une équipe tout étoile, se rappelle McDonald. Il y avait des gars comme Lafleur, Esposito, Clarke et j’en passe. Il y avait quelque chose comme 18 membres du Temple de la renommée. Je me sentais comme un enfant dans un magasin de bonbons dans ce vestiaire, et je ne savais pas trop si j’avais le droit d’y être. »
Depuis sa retraite comme joueur, McDonald a poursuivi son implication dans le hockey international. Il a été directeur général d’Équipe Canada au Championnat mondial 2001 et 2002 de l’IIHF, puis directeur du personnel des joueurs de l’édition 2004, qui a remporté l’or.
Il remarque que beaucoup de jeunes Canadiens rêvent de remporter la coupe Stanley, mais que le hockey international est unique.
« Je crois que c’est parce que ça n’arrive pas chaque année. Bien sûr, il y a le championnat mondial, mais en tant que joueur, on n’y participe que rarement. Quand on a cette chance, on réalise que c’est une expérience des plus géniales. On ressent tellement de fierté à porter l’unifolié. J’ai eu un immense plaisir à faire partie d’Équipe Canada au fil des ans. »
McDonald est aujourd’hui président du Temple de la renommée du hockey, un emploi qu’il qualifie d’extraordinaire.
« Pour un gars comme moi, qui aime ce sport et son histoire, c’est un poste de rêve. »
De plus, il travaille fort pour contribuer à l’essor du hockey. En mai, il était en Finlande pour assister au Championnat mondial de l’IIHF. Le même mois, les partisans présents au Scotiabank Saddledome ont pu le voir sur l’écran géant, encourageant ses Flames adorés, lors du premier match de la Bataille de l’Alberta qui opposait Calgary aux Oilers d’Edmonton. Au début juin, il racontait des blagues et amusait la foule lors d’un événement caritatif au Tooth of Dog Pound Creek Golf Course.
McDonald se décrit lui-même comme un mordu de hockey. Il aime son histoire et son état actuel. Difficile de trouver meilleur ambassadeur pour le hockey – ou plus reconnaissable.
Il aime où se trouve le hockey actuellement, mais sait qu’il faut poursuivre le travail pour faire croître le sport et s’assurer que tous les enfants puissent jouer.
« Avec Hockey Canada et des entreprises comme la Banque Scotia, qui est un grand commanditaire du hockey partout au pays, nous essayons de faire en sorte que notre sport soit inclusif et ouvert à tous. C’est magique de voir des enfants qui, autrement, n’auraient pas l’occasion de soudainement tomber en amour avec ce sport que nous adorons depuis toujours. Nous devons continuer à travailler pour que le hockey soit accessible à tout le monde. »
Dévoilement des récipiendaires de l’Ordre du hockey au Canada pour 2022
Lafleur, McDonald et St-Pierre seront honorés lors du Gala et tournoi de golf de la Fondation Hockey Canada à Niagara Falls
NIAGARA FALLS, Ont. – Hockey Canada a annoncé que Guy Lafleur (Thurso, Qc), Lanny McDonald (Hanna, Alb.) et Kim St-Pierre (Châteauguay, Qc) ont été nommés à titre de personnalités honorées de l’Ordre du hockey au Canada pour 2022. Leur contribution remarquable au hockey sera soulignée lors du Gala et tournoi de golf de la Fondation Hockey Canada à Niagara Falls, en Ontario, qui aura lieu en juin.
L’Ordre du hockey au Canada est une initiative de Hockey Canada qui reconnaît des personnes pour leur contribution ou leur service exceptionnels à la croissance et au développement du hockey au Canada. Au total, 36 hommes et femmes ont été nommés à l’Ordre du hockey au Canada depuis 2012.
Guy Lafleur – Élu l’un des 100 meilleurs joueurs de la Ligue nationale de hockey (LNH), M. Lafleur a eu une carrière remarquable de 17 saisons avec les Canadiens de Montréal, les Rangers de New York et les Nordiques de Québec. Intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1988, M. Lafleur a été nommé à la première équipe des étoiles de la LNH à six reprises. Il est le meilleur pointeur de l’histoire des Canadiens de Montréal avec 1 276 points. Quintuple champion de la coupe Stanley, il a remporté trois fois le trophée Art-Ross et le trophée Lester-B.-Pearson, deux fois le trophée commémoratif Hart et une fois le trophée Conn-Smythe, en 1977. En plus de ses succès dans la LNH, M. Lafleur a inscrit 18 points (4 buts, 14 aides) en 21 matchs avec Équipe Canada, gagnant la Coupe Canada 1976. Il a été nommé Officier de l’Ordre du Canada en 1980, et son numéro 10 a été retiré par les Canadiens en 1985.
Lanny McDonald – Sélectionné quatre fois pour participer au Match des étoiles de la LNH, M. McDonald a mené les Flames de Calgary, à titre de cocapitaine, à la première coupe Stanley de l’histoire de la franchise, en 1989. Au cours d’une carrière de 16 ans dans la LNH avec les Flames, les Maple Leafs de Toronto et les Rockies du Colorado, il a gagné le trophée commémoratif Bill-Masterton et le trophée King-Clancy. Il a accumulé 1 006 points en 1 111 parties. Son numéro 9 a été retiré par les Flames en 1990. M. McDonald a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1992. Il a arboré l’uniforme du Canada à deux reprises, notamment à la Coupe Canada 1976, où il a obtenu une mention d’aide sur le but de Darryl Sittler en deuxième période de prolongation qui a permis à la troupe canadienne de remporter le championnat. M. McDonald a aussi représenté Équipe Canada à titre de directeur général et de directeur du personnel des joueurs, gagnant une médaille d’or en tant que directeur du personnel des joueurs au Championnat mondial 2004 de l’IIHF.
Kim St-Pierre – Intronisée au Temple de la renommée du hockey en 2021, Mme St-Pierre se trouve au premier rang parmi les gardiennes de but dans l’histoire de l’équipe nationale féminine pour les parties jouées (83), les victoires (64) et les jeux blancs (29). Elle a remporté trois médailles d’or olympiques, cinq médailles d’or du Championnat mondial féminin de l’IIHF et deux coupes Clarkson au cours de sa merveilleuse carrière. Aux Jeux olympiques d’hiver de 2002, elle a été nommée Meilleure gardienne de but. Mme St-Pierre a été nommée Gardienne de but de l’année de la LCHF et deux fois à la première équipe des étoiles de ce circuit. Elle a fréquenté l’Université McGill, où elle a été nommée à l’équipe des étoiles canadiennes à trois reprises et Athlète féminine de l’année du sport universitaire canadien. En 2003, elle est devenue la première femme à gagner un match de hockey masculin dans le réseau universitaire canadien.
« La nomination à l’Ordre du hockey au Canada est l’une des réalisations les plus prestigieuses de notre sport, et les trois personnalités honorées en 2022 méritent amplement cet honneur », a déclaré Tom Renney, chef de la direction de Hockey Canada. « Guy, Lanny et Kim ont apporté une contribution considérable à l’essor du hockey dans notre pays et à l’international, et nous sommes ravis de la célébration qui les attend à Niagara Falls en juin. »
« Au nom de Hockey Canada, de notre conseil d’administration et du comité de sélection de l’Ordre du hockey au Canada, j’aimerais féliciter Guy, Lanny et Kim pour cette réalisation exceptionnelle. »
Un comité de sélection de 12 membres – nommés par le comité de direction de l’Ordre du hockey au Canada établi par Hockey Canada – est chargé de soumettre des candidatures et de sélectionner, par un vote secret, les récipiendaires annuels de l’Ordre du hockey au Canada.
Pour voir la liste complète des 36 personnalités honorées de l’Ordre du hockey au Canada, rendez-vous au HockeyCanada.ca/ODHAC.
Le Gala et tournoi de golf 2022 de la Fondation Hockey Canada se tiendra à Niagara Falls
Les réalisations des personnalités honorées de 2022 seront soulignées au Gala et tournoi de golf annuel de la Fondation Hockey Canada, les 23 et 24 juin, à Niagara Falls.
Cet événement, qui devait avoir lieu à Niagara Falls en juin 2020, sera aussi l’occasion de célébrer les six personnalités honorées de l’Ordre du hockey au Canada en 2020 et 2021 : Ken Dryden, Bill Hay, Angela James, Sheldon Kennedy, Kevin Lowe et le Dr Charles Tator.
Le Gala et tournoi de golf de la Fondation Hockey Canada, qui verse 50 % de ses profits nets sous forme de legs à la communauté hôte et à la région avoisinante, a recueilli plus de 7,5 millions de dollars depuis 2009.
Pour de plus amples renseignements sur la Fondation Hockey Canada et l’Ordre du hockey au Canada, veuillez visiter le HockeyCanada.ca.
De précieux souvenirs
Meneur au caractère avenant, Kevin Lowe a occupé divers postes de direction à Hockey Canada, devenant un pilier de certains moments historiques du hockey canadien
La Série du siècle de 1972 a incontestablement marqué l’histoire. Pour Kevin Lowe, c’est un souvenir inoubliable.
Le pays entier retient son souffle lors du huitième et décisif match de cette série aux relents politiques opposant le Canada et l’Union soviétique. Ce matin-là, les écoles ne donnent pas cours et les commerces allument leurs télés : employés et clients pourront ainsi suivre le dernier duel pour la suprématie du hockey.
Le jeune Lowe, comme tous ses camarades de classe à Lachute, au Québec, et 15 millions de Canadiens, est rivé à l’écran tandis que Paul Henderson marque ce qui est probablement le but le plus célèbre de l’histoire du hockey, avec 34 secondes à faire.
« J’avais 13 ans », se rappelle Lowe. « J’étais au secondaire, et les cours étaient suspendus. On a sorti la télévision, et toute l’école a regardé le match. »
Depuis, il a cherché à créer d’autres moments à la Paul Henderson. Il a été servi au-delà de ses espérances : non seulement a-t-il participé à plusieurs moments mémorables pour lui, mais il a aussi contribué à en orchestrer d’autres pour beaucoup de Canadiens.
« Le dénouement de cette série était digne d’un conte de fées. Cette victoire du Canada et la fierté que je partageais avec tout le pays ont semé quelque chose en moi. »
Cinquante ans plus tard, le but d’Henderson occupe encore une place de choix dans l’histoire du hockey canadien, en plus d’avoir grandement inspiré Lowe à poursuivre une carrière qui lui ouvrirait les portes du Temple de la renommée du hockey. Reconnu comme l’un des meilleurs défenseurs défensifs de la LNH, il a remporté six Coupes Stanley et un trophée King-Clancy, en plus d’avoir marqué 431 points en 1254 matchs (répartis sur 19 saisons) avec les Oilers d’Edmonton et les Rangers de New York.
Un an après l’intronisation de Kevin Lowe au Temple en 2020 en tant que joueur, on saluera ses réalisations exceptionnelles sur la scène internationale en tant que dirigeant en lui décernant l’Ordre du hockey au Canada, aux côtés de Bill Hay et Angela James.
« Ce fut un honneur de travailler au sein de Hockey Canada », souligne-t-il. « En repensant au temps que j’y ai passé et aux expériences que j’y ai vécues, je ressens une immense fierté. »
« Je savais que j’étais pressenti pour être élu au Temple de la renommée du hockey depuis un certain temps. Ça a pris deux décennies, mais ça m’a tout de même moins surpris que mon admission à l’Ordre du hockey au Canada. »
« Jamais je n’aurais imaginé recevoir une telle distinction. »
Lowe a enregistré un but et cinq passes en seize matchs internationaux; il a raflé le bronze au Championnat mondial 1982 de l’IIHF et remporté la Coupe Canada en 1984, ajoutant ainsi à son riche palmarès dans la LNH.
Une fois l’heure de la retraite sonnée, il aurait pu se lancer dans une carrière médiatique, mais il a plutôt opté pour un retour à Edmonton, cette fois au deuxième étage, suivant les conseils de son ancien directeur général chez les Oilers, Glen Sather.
« Après environ dix ans de carrière, je savais que je voulais demeurer dans le giron du hockey, soit directement, dans un rôle de gestion, ou indirectement, dans les médias, explique l’ancien numéro 4. Cette dernière option m’attirait : j’avais déjà rédigé un article pour le Edmonton Sun et animé des chroniques sportives à la radio au milieu des années 80. Mais je préférais rester les deux pieds dans le hockey.
« Glen a toujours eu une vision globale des choses, mais nous n’avons discuté de mon après-carrière qu’à la toute fin. Il m’a convaincu de revenir à Edmonton avec un contrat d’un an à titre de joueur puis de deux ans comme entraîneur – un tel contrat serait impensable aujourd’hui. C’est ce qui a lancé la deuxième étape de ma carrière. »
Lowe est devenu entraîneur adjoint des Oilers en 1998-1999, puis entraîneur-chef la saison suivante. En 2000, il a été embauché à titre de directeur général et de vice-président directeur des activités hockey.
Chaque fois, Lowe a décidé de suivre le chemin qui s’étendait devant lui, où qu’il mène.
« Je n’ai jamais aspiré à être directeur général », confie-t-il. « Je voulais rester dans le monde du hockey, voir jusqu’où mes capacités et mes performances me mèneraient. Ce sont les autres qui m’ont invité à aller plus loin. »
La plus importante de ces invitations, celle de se joindre à la direction d’Équipe Canada pour les Jeux olympiques d’hiver de 2002, a été lancée par un ancien coéquipier de renom.
« Lorsque nous avons nommé Wayne [Gretzky] directeur administratif, il a tout de suite voulu Kevin à ses côtés : il adorait son leadership et selon lui, ils avaient la même mentalité », raconte Bob Nicholson, actuellement chef de la direction et vice-président des Oilers et président de Hockey Canada de 1998 à 2014. « Ce choix coulait de source : ces deux-là avaient soulevé plusieurs Coupes Stanley ensemble, ils avaient appris à gagner ensemble. C’était un élément important pour moi. »
D’être tenu en si haute estime par ses pairs en raison de son amabilité et de ses qualités de meneur a suscité de fortes émotions chez Lowe. « Ça m’est allé droit au cœur, car mon nom n’avait pas circulé et je n’avais pas parlé à Wayne depuis bien longtemps », se souvient-il. « J’ai accepté sa proposition sans hésiter. »
« Plus j’y pensais, plus j’étais touché par le fait qu’il me respectait au point de m’offrir un poste. »
À Salt Lake City, le Canada a mis fin à une disette de 50 ans sans médaille d’or olympique. Lowe avait réussi à offrir aux Canadiens une victoire digne de la Série du siècle, qui serait gravée à jamais dans leur mémoire.
« Je n’oublierai jamais les partisans canadiens chantant l’hymne national avec quelques minutes à faire au match. »
« Puis, il y a eu d’autres histoires, comme celle du vol Edmonton-Mexico qui avait été retardé, car l’équipage et les passagers voulaient regarder le match pour la médaille d’or. »
Salt Lake City n’était que le début pour l’ancien capitaine des Oilers : deux ans plus tard, il a remporté la Coupe du monde de hockey à titre de directeur administratif adjoint. En 2006, il a participé à sa deuxième expérience olympique avec Équipe Canada.
Il a également été choisi par Steve Yzerman pour faire partie de la direction d’Équipe Canada à l’occasion des Jeux olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver, pour aider le pays à remporter l’or à la maison.
« Yzerman voulait travailler avec un membre de l’équipe championne de 2002, et il a choisi Kevin », explique Nicholson. « Ça en dit long sur le respect que lui vouent de grands joueurs et leaders comme Wayne et Steve. »
« Il est le premier dirigeant de la LNH à avoir participé à trois conquêtes olympiques. C’est tout un exploit. »
Fort de sa riche expérience en tant que joueur et du flair qui a fait de lui un dirigeant respecté à Hockey Canada, Kevin Lowe a pris à bras le corps les défis qui lui ont été présentés. Il mérite pleinement sa place parmi les grands qui ont reçu l’Ordre du hockey au Canada.
« Il y a trop de gens à remercier. C’est l’un des luxes que confère ce type de poste : on apprend à connaître d’autres têtes pensantes du hockey et on se rend compte qu’on a tous le même but, soit gagner des matchs pour le Canada. »
« Quand on travaille si étroitement avec des gens, on tisse des liens indéfectibles. »
Changer la donne
Véritable puissance du hockey, Angela James est un modèle pour les joueuses et tient aujourd’hui à ce que ses successeures profitent des occasions qui s’offrent à elles grâce au sport
Angela James est considérée comme la première grande vedette du hockey féminin.
Membre de l’équipe nationale féminine du Canada de 1990 à 1999, elle a récolté 54 points en 50 matchs sur la scène internationale et quatre médailles d’or au Championnat mondial féminin de l’IIHF, en plus d’avoir été nommée deux fois à l’équipe des étoiles des médias. Au tournoi de 1990, elle a marqué 11 buts en 5 matchs, un record qui tient encore à ce jour.
Elle a participé à 12 éditions du Championnat national féminin Esso avec Équipe Ontario et a remporté 12 médailles, dont 6 d’or. Meilleure pointeuse de la Central Ontario Women’s Hockey League (COWHL) pendant huit saisons, inscrivant 241 points en 117 matchs, elle a été nommée joueuse par excellence lors de six de ces saisons. (La COWHL est devenue la National Women’s Hockey League, précurseure de la Ligue canadienne de hockey féminin, dont le trophée remis à la meilleure pointeuse s’appelait l’Angela James Bowl.)
À chacune de ses trois années au Collège Seneca, elle a remporté le championnat des compteuses et le titre de joueuse par excellence. À sa dernière saison, elle a marqué 50 buts en 14 matchs… en tant que défenseure.
Elle a été l’une des premières femmes à être intronisées au Temple de la renommée de l’IIHF, en 2008, et la première Canadienne à être admise au Temple de la renommée du hockey, en 2010.
James a commencé à jouer au hockey pour s’occuper.
« J’ai grandi dans un logement provincial où il n’y avait pas grand-chose à faire », explique-t-elle. « J’aimais beaucoup passer du temps avec mes amis. On jouait surtout au hockey : d’abord dans la rue, puis sur une patinoire extérieure. » C’est là qu’elle passait ses temps libres en hiver. Lorsqu’elle se retrouvait seule sur la glace, elle en profitait pour développer ses habiletés. Elle jouait partout où elle pouvait.
Un voisin a fini par suggérer à la mère de James de l’inscrire dans une ligue de hockey pour qu’elle puisse exploiter son grand talent.
« Jusqu’alors, ma mère me voyait partir, puis revenir à 22 h. Elle savait que je jouais au hockey, mais sans plus. Le hockey occupait une grosse partie de ma vie. C’était toute ma vie, en fait. »
À neuf ans, James a joué sa première saison dans une ligue de garçons et a remporté le championnat des compteurs. L’année suivante, les filles ne pouvaient plus jouer avec les garçons.
Partout où elle est passée, elle s’est nettement démarquée.
« Tout le monde voulait Angela dans son équipe », raconte Fran Rider, présidente et chef de la direction de l’Association de hockey féminin de l’Ontario (OWHA) et récipiendaire de l’Ordre du hockey au Canada en 2017. « C’était une joueuse extraordinaire, respectée par ses coéquipières comme par ses adversaires. Toutes admiraient sa puissance et ses aptitudes, tout simplement incroyables. »
« Elle était la définition même d’une joueuse complète : elle pouvait jouer comme défenseure ou attaquante, et a même déjà gardé les buts le temps d’un match… signant évidemment un blanchissage. Grâce à son talent hors du commun, elle a donné beaucoup de crédibilité au hockey féminin. »
Le sport a grandement gagné en popularité en 1990 avec la tenue du premier championnat mondial sanctionné. James ne voulait que jouer, mais en tant que tête d’affiche du hockey féminin, elle était sous le feu des projecteurs.
« Le regard des médias était rivé sur elle », se rappelle Rider. « Ils voulaient voir la “Gretzky du hockey féminin” à l’œuvre : ils ont été servis. Elle les a éblouis de son talent et a prouvé que le hockey féminin ne souffrait d’aucune comparaison. »
Il ne manquait pas de bonnes joueuses, mais selon Rider, « Angela était tout simplement à un niveau supérieur. »
« C’est beaucoup grâce à elle si le hockey féminin a été admis aux Jeux olympiques. C’était bien sûr un travail collectif, mais ce qui a fait pencher la balance, c’est la qualité des joueuses. Angela a mené la charge lors de ce tournoi de 1990. »
James n’arrive pas à cerner le fait marquant de sa carrière; ce qui compte, pour elle, c’est l’ensemble des expériences que lui a procurées le hockey : elle a pu voyager dans plusieurs pays, faire de nouvelles connaissances et apprendre de divers entraîneurs. Elle se délectait des rivalités et de la compétition. Et bien sûr, elle adorait gagner toutes ces médailles d’or. Mais les trophées ne sont pas ce qui lui tient le plus à cœur.
« Ma plus grande fierté est d’avoir côtoyé ces filles qui ont tant fait avancer le sport, et d’avoir apporté ma propre contribution, si petite soit-elle. »
C’était important de faire rayonner le hockey féminin.
« En 1990, nos chandails étaient fluorescents, presque roses. Notre uniforme aurait bien pu avoir un motif à pois; tout ce qu’on voulait, c’était jouer. Nous étions conscientes que nous allions servir de modèles pour les jeunes joueuses. Je crois que c’est ce qui est arrivé. »
On qualifie souvent Angela James de pionnière ou de précurseure. Elle accepte ces compliments, mais estime ne pas être seule à les mériter.
« J’associe toujours ces mots à la vieillesse. Mais si on veut les utiliser, ça me va. J’imagine que c’est ce que nous étions. J’ai grandi en voyant beaucoup de filles jouer au hockey. Les femmes pratiquent ce sport depuis longtemps, mais elles n’avaient pas la visibilité qu’ont les joueuses aujourd’hui. Espérons qu’elles en auront encore plus dans le futur. Je suis très heureuse d’avoir contribué un tant soit peu à cet essor. »
Après sa carrière, James a continué de s’impliquer dans son sport. En 2005, elle a remporté le Prix de la percée du hockey féminin de Hockey Canada, qui récompense une personne ayant grandement contribué à la promotion ou au développement du hockey féminin au Canada.
Elle a été arbitre et entraîneuse, en plus d’avoir dirigé des programmes de développement. Lors d’un tournoi des maîtres de l’OWHA, toutes les équipes étaient censées avoir une ancienne joueuse de la ligue dans leur formation. Et quand certaines de ces joueuses ont dû se désister, James a pris leur place, jouant au sein de plusieurs équipes. « Angela riait, mais elle était vraiment prête à tout », souligne Rider. « Elle savait combien c’était important pour ces femmes d’avoir la chance de jouer avec elle. »
« Je suis entraîneuse dans une ligue maison, dans une ligue représentative, bref, partout où on a besoin de moi », commente-t-elle. « J’aime m’impliquer au hockey, peu importe le niveau. Pas besoin de jouer pro pour être amoureuse de ce magnifique sport. Si vous pouvez partager vos connaissances, vous en retirerez beaucoup, quelle que soit votre expérience. »
James a siégé pendant deux ans au comité consultatif sur le hockey féminin de la LNH et de l’AJLNH, qui vise à faire croître le hockey féminin en Amérique du Nord. Elle travaille actuellement avec l’Alliance pour la diversité dans le hockey, apportant une perspective féminine à cette organisation, qui veut notamment appuyer des programmes de développement pour les jeunes hockeyeurs des communautés de PANDC. Elle participe également à la Carnegie Initiative, un nouvel organisme qui créera des ressources éducatives et des programmes dont pourront profiter les PANDC.
« Encore aujourd’hui, Angela est une source d’inspiration », soutient Rider. « Elle mérite pleinement l’Ordre du hockey au Canada. Je suis ravie qu’on reconnaisse l’athlète et la personne. »
L’Ordre du hockey au Canada célèbre les personnes ayant apporté une contribution extraordinaire au hockey.
« Je trouve ça un peu irréel d’être honorée pour avoir pratiqué un sport que j’adore », confie James. « C’est un très bel hommage au hockey féminin, à ma carrière que j’aime tant et à mes réalisations. Je suis honorée d’être membre de l’Ordre du hockey au Canada. »
Un grand homme
Du hockey universitaire à l’industrie pétrolière et gazière en passant par la LNH et le Temple de la renommée du hockey, personne n’a suivi un parcours sur et hors glace comme Bill Hay
De toutes les habiletés démontrées par Bill Hay au fil de sa carrière au hockey, c’est sa vision sur la patinoire comme à l’extérieur de celle-ci qui l’a distingué de ses homologues.
Sa vision globale du hockey a continué de lui servir après un parcours remarquable dans la Ligue nationale de hockey (LNH), quand il a entrepris une carrière dans les sphères administratives du hockey amateur.
Son apport au hockey canadien est incommensurable, profond et perpétuel.
Peu de gens peuvent se targuer d’avoir une feuille de route aussi garnie : des expériences de joueur au hockey junior majeur, au hockey universitaire et dans la LNH ont précédé une variété de tâches dans des postes de direction qui ont contribué à l’amélioration de ce sport.
C’est grâce à son histoire unique et remarquable qu’il a eu l’honneur d’être nommé à l’Ordre du hockey au Canada en 2021, aux côtés d’Angela James et de Kevin Lowe.
« C’est un grand homme », lance l’ancien président de Hockey Canada, Murray Costello, qui a reçu ce même honneur en 2017. « À mon avis, l’Ordre a été conçu pour des gens comme Bill Hay. »
Né à Saskatoon, Hay a grandi à Regina. Il a passé sa vie à graviter dans le monde du hockey.
Au cours de sa carrière de joueur, il a notamment porté l’uniforme des Pats de Regina pendant deux saisons avant un séjour de trois ans dans la NCAA avec les Tigers du Collège du Colorado, où il a remporté un championnat national en 1957.
Son parcours vers les Tigers pour poursuivre ses études et sa carrière au hockey est fascinant. Il a fait de l’autostop de Regina à Colorado Springs et s’est présenté à l’équipe de hockey de l’établissement avec quelques vêtements, un peu d’argent et son équipement.
L’homme de 85 ans se remémore cette époque de sa vie, qui, selon ses dires, a été marquée par la jeunesse et l’imprévisible.
Cependant, ce moment lui a évidemment été salutaire. En plus d’avoir eu l’honneur d’être nommé à l’équipe des étoiles et à l’équipe des étoiles américaines lors de ses deux dernières saisons et d’avoir remporté un titre national, il a obtenu un diplôme en géologie et est retourné au Canada pour amorcer sa carrière professionnelle avec les Stampeders de Calgary dans la Ligue de hockey de l’Ouest – une ligue professionnelle senior – en 1958-1959.
À l’époque, ses droits dans la LNH étaient la propriété des Canadiens de Montréal, mais ils ont été vendus aux Blackhawks de Chicago pour la somme de 25 000 $. Hay a remporté le trophée commémoratif Calder remis à la Recrue de l’année en 1959-1960, à sa première de huit brillantes saisons dans la LNH.
À Chicago, il a gagné la coupe Stanley en 1960-1961. Il a formé un trio avec Murray Balfour et Bobby Hull et forgé des relations avec d’autres coéquipiers, dont Glenn Hall et Ab McDonald, ainsi qu’une amitié avec Gordie Howe.
Bien que la plupart des gens au Canada présumeraient que l’émotion de soulever la coupe Stanley soit le moment le plus mémorable d’une carrière au hockey, Hay n’est pas du même avis.
« Ces trophées sont superbes, mais le fait saillant de mon parcours au hockey a été de devenir le premier joueur diplômé de la NCAA à jouer dans la LNH », soutient Hay.
« En accomplissant ce fait d’armes, je pense que j’ai contribué à ce que les dépisteurs ajoutent cette ligue à leur liste de circuits à épier pour repérer des joueurs de talent. J’ai en quelque sorte créé un précédent, et d’autres ont suivi mes traces. »
Après avoir pris sa retraite en 1967, fort d’une récolte de 113 buts et 386 points en 506 matchs, Hay est retourné à Calgary et a entrepris une carrière dans l’industrie pétrolière et gazière, dirigeant des installations de forage pétrolier partout dans le monde pour la société Bow Valley Industries.
C’est là que son autre carrière au hockey, à titre d’administrateur, a pris son envol. Il n’était pas étranger au domaine, car son père Charles avait été le premier président de Hockey Canada en 1969. Il a aidé à négocier avec succès les arrangements nécessaires à la tenue de la Série du siècle de 1972, qui a opposé le Canada à l’Union soviétique.
Tandis qu’il travaillait pour Daryl « Doc » Seaman au sein de la société Bow Valley Industries, l’une des plus grandes compagnies de ce type au Canada à l’époque, Hay a aidé à organiser une réunion entre Seaman et le président de la LNH John Ziegler pour amorcer le processus de relocalisation des Flames d’Atlanta à Calgary.
Seaman, avec d’autres personnes comme Harley Hotchkiss, est devenu membre d’un groupe de propriétaires qui ont financé le déménagement de l’équipe en sol albertain en 1980. Plus tard, de 1991 à 1995, Hay a été le président et chef de la direction du club.
En 1980, il s’est aussi joint au comité de sélection du Temple de la renommée du hockey, dont il a fait partie jusqu’en 1997. Lui et son père ont été intronisés à ce précieux Temple, formant l’un des rares duos père-fils qui y ont été admis.
Au fil des ans, Hay a aussi contribué au volet administratif de ce sport à titre de président de Hockey Canada et de président du conseil d’administration du Temple de la renommée du hockey, participant aussi à plusieurs initiatives de philanthropie pour l’avancement du hockey au pays.
« En comparaison avec la plupart de gens à qui j’ai eu affaire au fil des ans, il a vraiment un désir d’améliorer le hockey canadien dans son ensemble pour les jeunes joueurs », raconte Costello.
« Il voulait trouver un moyen de faire progresser notre système de développement. Peu importe ce que Bill faisait, cet élément était toujours au sommet de ses priorités. »
Et bien que cette période de bénévolat ait pu paraître occupée et même surchargée, Hay affirme que tout ce temps a été plus gratifiant que laborieux pour lui, surtout avec le soutien qu’il a eu de sa femme Nancy, leurs trois enfants et leurs familles au fil des années.
« J’ai foncé et trouvé le temps pour tout ça », exprime-t-il. « J’ai appris beaucoup du hockey et des dirigeants de ce sport. L’une des belles choses du hockey, c’est à quel point il y a des personnes remarquables qui s’y impliquent. »
Au fil de ses accomplissements au hockey, il y a probablement un autre moment marquant de la carrière de Hay et de sa vaste liste de contributions.
Selon Costello, son influence et son implication dans la fusion de l’Association canadienne de hockey amateur et de Hockey Canada en 1998 ont joué un rôle monumental pour l’avancement du hockey. Elles ont contribué au développement du hockey partout au pays, de l’échelle locale jusqu’aux programmes de l’élite, comme le Programme d’excellence.
« La fusion n’aurait jamais été possible sans l’intervention de Bill Hay », explique Costello. « Il a été un chef de file exemplaire et une personne remarquable partout il a passé… et il a toujours voulu faire une différence dans le monde du hockey. »
Costello ajoute que les apports de Hay au hockey canadien pendant des décennies, au fil de ses deux carrières notoires au lien inhabituel, ont été extraordinaires et uniques.
« La plupart des gens qui contribuent à notre sport le font soit en prêchant par l’exemple au moyen de leur jeu, soit en revenant dans un rôle d’administrateur bénévole de premier plan. Bill y a contribué des deux façons. »
En se remémorant sa carrière, Hay raconte qu’il a « savouré chaque minute », et qu’il est honoré d’avoir fait une différence dans le développement du hockey partout au pays, surtout en ce qui a trait à la formation et au développement des jeunes enfants.
« Je suis vraiment touché », dit-il à propos de l’honneur d’être admis à l’Ordre. « Cet honneur est tout aussi gratifiant que n’importe quel autre honneur que j’ai reçu, parce qu’il témoigne de ce que j’ai accompli. »
À ce jour, Hay s’implique encore auprès de Hockey Canada. Il sert de mentor à plusieurs membres de la direction et il offre un appui de taille au programme de stages pour futurs chefs de file Bill Hay, une initiative qu’il a lancée il y a quelques années.
Soif d’idéal
Sheldon Kennedy est médaillé d’or du Mondial junior et champion de la Coupe Memorial, mais ce qu’il laissera derrière lui, c’est particulièrement toutes ses réalisations hors de la glace pour rendre le hockey plus accueillant
La contribution d’un hockeyeur se mesure souvent en buts, en mentions d’aide et en points, en trophées et en championnats.
Sheldon Kennedy fait certes bonne figure à ce chapitre. Il a remporté l’or au Mondial junior avec le Canada en 1988, a de nouveau participé au tournoi en 1989 et a été nommé à l’équipe des étoiles du tournoi lors de la Coupe Memorial en 1989, où il a aidé les Broncos de Swift Current à remporter le championnat national. Kennedy a aussi disputé plus de 300 matchs dans la Ligue nationale de hockey avec Detroit, Boston et Calgary.
Mais sa contribution rayonne bien au-delà de la patinoire.
On peut notamment la chiffrer avec des données sur le nombre de personnes qui ont suivi les formations en ligne Respect et sport et Respect au travail, soit 1,6 million. Ou sur le nombre d’organisations sportives au Canada qui ont choisi d’imposer la formation Respect à l’ensemble de leurs bénévoles, soit 70.
La contribution de Kennedy est peut-être le mieux décrite par Wayne McNeil, son ami de longue date et partenaire d’affaires.
« Je ne crois pas connaître une autre personne dans le monde du hockey qui a répondu à une situation déplorable par l’éducation, la sensibilisation et la responsabilisation quant à des questions difficiles, et de façon toujours très positive », commente McNeil. « Il a agi de façon tellement constructive. La colère n’a jamais été un moteur. Il a toujours cherché à améliorer les choses.
« C’est cool, car oui, il a joué dans la LNH, oui, il a gagné la Coupe Memorial, et oui, il a gagné la médaille d’or au Mondial junior, toutes ces grandes réalisations au hockey. Mais son apport à la culture du sport est phénoménal. »
Kennedy fait partie de la cuvée 2020 de l’Ordre du hockey au Canada, à qui on rendra hommage le 14 juin pendant le Gala virtuel de la Fondation Hockey Canada. Cet honneur est le plus récent de ses nombreuses remarquables réalisations : l’homme de 51 ans, qui est originaire d’Elkhorn, au Manitoba, a notamment été investi de l’Ordre du Canada et nommé à l’Alberta Order of Excellence.
Kennedy, en collaboration avec McNeil, a fondé le Respect Group en 2004, et depuis, les modules de formation en ligne de l’entreprise ont été suivis par des millions de Canadiens pour leur permettre de reconnaître et de prévenir la maltraitance, l’intimidation, la discrimination et le harcèlement dans les sports, à l’école et au travail.
« C’est un grand honneur, tant pour moi que pour la cause que je défends », déclare Kennedy. « Si je reviens sur mon histoire et mon implication pour cette cause à partir du moment où j’ai dévoilé ce qui m’était arrivé, en 1996, et tout le travail qui été accompli au cours des 23 dernières années… À une certaine époque, ni moi ni la cause que je soutiens n’étions placés pour recevoir un prix. Et personne n’aurait voulu me rendre hommage, vu mes problèmes passés. »
« Un prix comme celui-ci représente l’espoir; il donne de la force et l’espoir que, peu importe où vous en êtes dans la vie, vous pouvez toujours atteindre ces objectifs. C’est ce que ce prix signifie pour moi. C’est à la fois une reconnaissance personnelle et la reconnaissance de la cause que je défends, de ces enfants et de ces adultes qui ont été blessés lorsqu’ils étaient enfants. Il représente tout l’avancement qui a été réalisé quant à cette question. »
Il est parfois difficile de se rappeler à quoi ressemblait le monde il y a plus de 20 ans. Mais quand, en 1996, Kennedy a parlé des sévices sexuels infligés par Graham James, son entraîneur au hockey junior, il n’a pas été traité comme une victime. À l’époque, James était l’un des entraîneurs les plus connus du circuit junior, et on a reproché à Kennedy son parcours houleux dans la LNH. Ses problèmes de dépendance à l’alcool et à la drogue ont fait les manchettes, et les médias ont véhiculé l’image d’un hockeyeur troublé portant des accusations contre un entraîneur réputé et respecté.
« Quand j’ai dévoilé mon secret, il y a eu beaucoup de questions. On m’a questionné sur mes révélations, on m’a questionné sur ce qui s’était réellement produit, et tout ça. Graham projetait l’image d’un grand homme, alors que moi, j’étais ce fauteur de troubles. J’ai dû me battre pour prouver que ce n’était pas qui j’étais et que ce qui se passait dans ma vie ne me définissait pas. »
Kennedy a beaucoup appris pendant ce temps, notamment quelque chose qui l’a surpris : son histoire, bien que sombre, tragique et difficile à raconter, n’avait rien d’unique. Il a reçu des milliers de lettres de victimes d’agression de partout au pays et de l’étranger. C’est à ce moment qu’il a transformé sa tragédie en une occasion de braquer les projecteurs sur la question et de sensibiliser la population.
En 1998, Kennedy a entrepris la traversée du Canada en patin à roues alignées et a amassé 1,2 million de dollars pour soutenir les victimes d’agression sexuelle. Quelques années plus tard, McNeil et lui ont eu l’idée d’un module de formation en ligne pour permettre aux personnes engagées dans le sport de reconnaître les signes de maltraitance, de comprendre leur rôle et leurs moyens d’action, de même que pour établir un langage commun sur la question. À ce moment-là, toute formation sur l’intimidation et la maltraitance se donnait en personne, dans une salle de classe.
Les modules du Respect Group se sont bonifiés et ont évolué au fil du temps, et de nos jours, il serait difficile de trouver quelqu’un qui œuvre auprès des jeunes dans les sports ou en enseignement sans avoir suivi la formation.
« Ces 23 dernières années, un changement s’est opéré, et il y a eu beaucoup de sensibilisation et d’enseignement. Notre attention est entièrement tournée vers ces 98 % de gens bien, au hockey et dans toute la société, pour les sensibiliser dans les communautés à ce qu’ils peuvent faire mieux, affirme Kennedy. « Ce que nous savions, et ce que j’ai appris en traversant le pays en patins à roues alignées, c’est que les gens ne savaient pas quoi faire. Dans toutes les histoires que j’ai entendues, il y avait des témoins. La question était de savoir comment créer un sentiment de confiance avec ces témoins pour poser des questions et se confier. C’était notre meilleure arme. »
Le travail est loin d’être achevé, et, en fait, il ne le sera jamais. Kennedy fait le parallèle avec une équipe de hockey qui développe son jeu en avantage numérique. Si l’unité affectée à l’avantage numérique atteint un pourcentage d’efficacité de 27 %, elle ne s’arrêtera pas là, même si elle est la meilleure de la ligue. Elle visera les 30 %, et au-delà.
Et donc Kennedy, McNeil et leur équipe ne s’arrêtent pas. Il y aura toujours des difficultés à surmonter et des gens à aider.
Quand Kennedy revient sur la façon dont il a pu consacrer sa vie à aider tant d’autres personnes, il explique que le travail a véritablement commencé quand il a pris conscience de l’importance de penser d’abord à sa santé.
« Si je n’avais pas fait de ma personne et de mon propre bien-être une priorité absolue, ces autres aspects de ma vie seraient bien différents. J’ai été en mesure de bâtir une vie saine, c’est-à-dire d’entretenir des relations saines avec ma partenaire, ma fille et mon fils, ainsi qu’avec mes collègues d’affaires. Ce n’est pas quelque chose que j’ai fait d’emblée. Au départ, je racontais mon histoire et militais pour que les choses changent. Parallèlement, je ne travaillais pas sur moi-même. On oublie parfois à quel point ce travail est difficile, on oublie l’importance de prendre soin de soi-même. Meilleure est ma santé, mieux je me porte pour être présent pour les autres, pour aider et me donner à fond. »
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Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
(647) 251-9738
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