Ann-Sophie Bettez a attendu longtemps avant de jouer à nouveau pour Équipe
Canada.
Neuf ans, un mois et trois jours, exactement.
La dernière fois que Bettez a endossé le chandail orné de la feuille
d’érable, c’était lors du match pour la médaille d’or de la Coupe MLP 2010,
le 9 janvier 2010. Elle était alors membre de l’équipe nationale féminine
des moins de 22 ans du Canada.
Et maintenant, elle est de retour. Cette semaine, Bettez fait ses débuts
tant attendus avec l’équipe nationale féminine du Canada en tant que recrue
de 31 ans à la Série de la rivalité contre les États-Unis.
Après avoir été laissée de côté pendant plusieurs années, avait-elle
abandonné son rêve de jouer à nouveau pour Équipe Canada?
« C’était fini en quelque sorte », affirme Bettez. « C’était quelque chose
que j’avais mis de côté, et je jouais au hockey parce que j’aime vraiment
le sport. Je ne m’entraînais plus pour faire partie d’Équipe Canada. Je
jouais pour être la meilleure possible et aider mon équipe à gagner. »
Bettez ne pouvait se concentrer sur ce qu’elle ne pouvait contrôler. Mais
elle pouvait contrôler ce qu’elle faisait sur la glace, et là, elle a tout
simplement dominé.
Elle a remporté trois championnats du SIC (ainsi qu’une médaille d’argent
et de bronze) avec l’équipe de l’Université McGill. Elle a terminé sa
carrière universitaire en remportant le trophée Broderick remis à la
Joueuse de l’année du SIC, et le prix BLG en tant qu’Athlète féminine de
l’année du SIC.
Les Stars de Montréal (maintenant Les Canadiennes) l’ont repêchée en 2012.
Après avoir été la meilleure buteuse de la ligue – et deuxième pointeuse –
elle a été nommée Recrue de l’année de la LCHF en 2013. À sa deuxième
saison, elle a remporté l’Angela-James Bowl en tant que meilleure pointeuse
de la ligue et elle a été nommée Joueuse par excellence de la LCHF. Depuis
qu’elle joue dans la ligue, elle a toujours été parmi les cinq premières
pointeuses, accumulant une moyenne d’un point et demi par match. À l’aube
de la Série de la rivalité, elle est au deuxième rang des pointeuses de la
LCHF avec 44 points en 24 matchs.
Alors, pourquoi est-ce le bon moment pour ramener Bettez dans le giron de
l’équipe nationale?
« C’est le début d’une nouvelle période quadriennale (olympique), et elle a
fait ses preuves dans la LCHF au cours des dernières années par son jeu
constant », déclare Gina Kingsbury, directrice des équipes nationales
féminines de Hockey Canada. « L’an dernier, pendant que ses coéquipières
étaient aux Olympiques, elle a prouvé l’importance qu’elle revêt pour son
équipe, offensivement, défensivement, à tous les égards. »
En octobre, Kingsbury et l’entraîneur-chef, Perry Pearn, ont communiqué
avec Bettez pour lui dire qu’ils la surveillaient. Bien qu’elle n’ait pas
changé sa façon de faire sur la glace – « Ils m’ont approchée parce que je
faisais quelque chose de bien et je voulais continuer de faire ce que je
faisais » –, elle était soudainement beaucoup plus occupée à l’extérieur de
la patinoire.
Elle s’est jointe aux joueuses de l’équipe nationale basées à Montréal lors
des séances de développement des habiletés. Elle a augmenté le nombre de
ses séances d’entraînement hors glace d’une à trois par semaine. Ses
priorités ont changé.
Bettez est planificatrice financière. Puisqu’elle rencontre des clients
selon leur horaire, elle doit travailler le soir ce qui entre parfois en
conflit avec ses séances d’entraînement avec Les Canadiennes. L’an dernier,
elle s’est jointe à un cabinet d’associés où l’appui des adjoints libère
Bettez pour qu’elle se concentre sur sa clientèle – et maintenant, sur son
horaire d’entraînement plus chargé.
Bettez semblait être sur une trajectoire type après la Coupe MLP 2010. Elle
a reçu une invitation au camp de sélection en vue du Championnat mondial
féminin 2011 de l’IIHF l’année suivante. Lorsqu’elle a cessé de recevoir
des invitations, elle s’est concentrée sur sa carrière. Maintenant, huit
ans plus tard, elle a les assises requises pour partir en quête d’un rêve
qui semblait s’être envolé.
« Cela me donne confiance, car je sais que lorsque je prendrai ma retraite,
j’aurai un emploi », dit-elle. « Je suis heureuse d’avoir pu tisser les
liens que j’ai au travail. Je peux maintenant concentrer tous mes efforts
sur l’entraînement pour m’assurer d’être au sommet de ma forme de sorte que
si ça fonctionne, j’aurai fait tout en mon pouvoir pour être à mon
meilleur. Et si ça ne fonctionne pas, au moins, j’aurai saisi une superbe
occasion pendant ma carrière. »
Bettez est la deuxième plus âgée de la formation canadienne pour la série
et la plus âgée des patineuses (la gardienne de but Shannon Szabados a 14
mois de plus qu’elle). Elle est aussi une de trois joueuses qui en sont à
leur début avec l’équipe nationale féminine.
« Je me sens un peu comme une recrue, mais dans ma tête, je ne veux pas
ressentir cela. J’ai hâte de faire partie de ce groupe de l’élite du hockey
féminin », dit Bettez avant d’éclater de rire. « J’espère qu’elles ne me
demanderont pas de remplir toutes les bouteilles d’eau.
« Blague à part, même si je suis l’une des plus vieilles et une recrue,
j’espère pouvoir apporter de l’expérience, un certain calme et un élan
maîtrisé. »
« Comme nous lui avons mentionné, nous ne nous attendons pas à ce qu’elle
arrive et qu’elle domine comme elle le fait dans la LCHF », dit Kingsbury.
« Nous voulons qu’elle se mouille et qu’elle apporte ce qu’elle apporte
normalement. »
Bettez ne ressent aucune pression supplémentaire pour prouver quoi que ce
soit. « À ce point-ci, j’ai tout à gagner. Ce qui m’a amenée ici, c’est ce
que je faisais », dit-elle. « Jouer au hockey me rend heureuse. Faire
partie de ce groupe de l’élite et jouer au hockey au plus haut niveau est
une occasion incroyable, et je veux simplement avoir du plaisir et tout
donner sur la glace. »
Cela signifie ne pas regarder au-delà de ces trois matchs. Ce que l’avenir
lui réserve est hors de son contrôle.
« Je n’ai aucune attente », dit Bettez. « Simplement, donner le meilleur de
moi-même, et s’ils veulent de moi pour la suite des choses, je serai prête.
»