C'est un dilemme auquel des familles de hockey du Canada font face chaque
saison et pour la plupart, ce n'est pas une décision facile.
Est-ce qu'un jeune joueur demeure à la maison et retourne dans une
situation familière auprès de son association de hockey mineur, de ses
entraîneurs et de ses coéquipiers, ou part-il vers des pâturages plus verts
dans l'espoir d'attirer l'attention de la part des dépisteurs et
d'améliorer ses habiletés?
Pour Dylan Cozens et sa famille, la décision n'a pas été difficile à
prendre.
Même si la majorité des parents à qui Michael Cozens et Susan Bogle ont
parlé sont restés de glace en les entendant parler du fait d'envoyer leur
enfant de 14 ans dans une ville méconnue, Michael et Susan n'ont pas eu la
même réaction.
« Nous savions que Dylan voulait partir », lance Michael, juge d'une cour
territoriale. « Comment aurions-nous pu le retenir? »
Malgré qu'il s'agissait d'une décision difficile remplie d'incertitudes, il
était clair pour eux que leur fils avait une énergie et un désir de
s'améliorer en tant que joueur de hockey. Avec le manque de compétition à
Whitehorse, Yukon, et l'éventuel repêchage bantam de la WHL, il savait
qu'il n'y arriverait pas à la maison.
« Quand tu arrives à un certain niveau, tu dois jouer contre une équipe
d'hommes, alors c'est pas mal différent », explique Cozens à propos du
hockey mineur dans le nord. « Je voulais me faire voir par des dépisteurs
et je savais que j'améliorerais mes habiletés au hockey en quittant la
maison. J'ai senti que je devais le faire. »
Avec le soutien de sa famille, Cozens s'est rendu au sud à Tsawwassen,
C.-B., à la Delta Hockey Academy, un membre de la Canadian Sport School
Hockey League.
Tandis que la plupart des préoccupations de Dylan tournaient autour du
hockey – ses habiletés seraient-elles similaires à celles de ses
coéquipiers et des joueurs de la ligue – les préoccupations de sa mère
étaient pas mal plus vastes. Serait-il à sa place à l'école? Serait-il le
même en revenant à la maison? Devait-elle envoyer son fils vivre avec une
famille étrangère pour ainsi manquer une partie de son adolescence.
Pour Susan, cependant, la possible récompense de voir Dylan s'attacher à sa
passion valait bien le risque. « On ne s'est jamais posé de questions de ce
qui pourrait arriver », dit-elle. « Nous voulions juste l'essayer. »
Cozens était constamment à sa place sur la glace, terminant deuxième
meilleur pointeur de son équipe avec 31 points en 25 matchs et aidant Delta
à atteindre les demi-finales des séries éliminatoires de la catégorie
bantam « Prep ». Il a été sélectionné 19e au total du repêchage
bantam 2016 de la WHL pour les Hurricanes de Lethbridge, le plus haut rang
à vie pour un joueur du Yukon.
La saison dernière, il a joué pour la Yale Hockey Academy à Abbotsford,
C.-B., et il a encore fait mieux, étant le meilleur pointeur de Yale et le
comeneur de la division midget « Prep » avec 57 points en 30 parties.
Aujourd'hui, il se retrouve au camp national de développement des moins de
17 ans avec cinq de ses coéquipiers de Yale, démontrant ses habiletés avec
110 des meilleurs joueurs du pays nés en 2001.
Il n'aurait probablement pas reçu cette invitation s'il avait décidé de
poursuivre sa carrière au hockey à Whitehorse.
Il n'y a pas de doute que Cozens a pris la meilleure décision pour lui et
son avenir et il est espéré qu'il sera une sorte de pionnier du hockey du
nord – un joueur de haut niveau qui travaille fort, suit ses rêves et prend
des risques. La seule différence, c'est que peut-être un jour les joueurs
de là-bas n'auront plus besoin de voyager pour arriver à leurs fins.
Des étapes sont franchies à Whitehorse; les Rivermen du Yukon commenceront
à jouer cet automne en tant qu'équipe bantam tier 1 au sein du programme de
zone de Hockey C.-B., réunissant des joueurs du Yukon, des Territoires du
Nord-Ouest, de l'Alaska et du nord de la Colombie-Britannique pour
affronter des adversaires de l'élite.
C'est seulement une équipe, mais c'est un pas dans la bonne direction pour
garder des joueurs comme Cozens à la maison pour se développer.
Mais il y a encore des décisions difficiles à prendre. Malgré les risques,
les peurs et l'incertitude dans une telle transition, il y aura toujours
des joueurs qui, s'ils veulent se mettre au défi et vivre différentes
expériences, devront partir pour y arriver.
Quel est le conseil de Cozens pour ces joueurs? « Si vous travaillez fort
et que vous y allez, vous pourrez y arriver. »