Le hockey a fourni à Harrison Browne l’occasion de se sentir totalement à
l’aise et une voix pour parler fièrement de son parcours.
Maintenant qu’il est à la retraite, son message et son leadership sont
probablement plus importants et mieux accueillis que lorsqu’il jouait.
« Je ne serais pas où je suis aujourd’hui sans le hockey », affirme Browne,
double champion de la Coupe Isobel avec les Beauts de Buffalo de la Premier
Hockey Federation (PHF). « Je ne serais pas qui je suis et n’aurais pas la
plateforme que j’ai sans le hockey.
«
C’est le premier endroit où je me suis senti assez à l’aise pour être
moi-même et où j’ai pu tisser des liens avec des personnes avec qui je me
sentais soutenu et à qui je savais que je pouvais révéler mon identité sans
craindre d’être jugé. »
En tant que personne transgenre et ancien athlète, Browne est reconnaissant
d’avoir une tribune à partir de laquelle il peut parler des enjeux de la
communauté LGBTQ+ et de son acceptation, et sensibiliser la population à
cet égard.
Aujourd’hui, cette tribune s’étend au-delà du hockey, jusque dans la
société en général.
« Je n’avais pas prévu être un militant, explique-t-il. Mais lorsque j’ai
constaté l’impact de la visibilité trans et LGBTQ+, j’ai senti que j’avais
le devoir de m’exprimer et d’être visible afin d’aider celles et ceux qui
ne peuvent l’être.
«
Je suis très protecteur de ma communauté, alors oui, maintenant, je me
considère comme un militant. »
Le Mois de la fierté, fêté en juin au Canada et dans de nombreux autres
pays du monde, est une occasion de célébrer et de soutenir les personnes
LGBTQ+ au moyen de parades, de danses, de festivals et d’autres événements.
Pour Harrison Browne, le Mois de la fierté, c’est tout ça et bien plus.
« Il s’agit de souligner tout le chemin parcouru tout en reconnaissant
qu’il y a encore beaucoup de pain sur la planche, précise le résident de
Toronto. C’est un excellent rappel de la force et de la solidarité de cette
communauté, ainsi qu’une bonne façon de célébrer qui nous sommes en tant
que personnes. »
Browne, qui a grandi à Oakville, en Ontario, a commencé à jouer au hockey à
neuf ans, « un âge avancé », selon ses dires.
Âge avancé ou non, c’était le début d’une solide carrière qui a duré 16
ans, au cours de laquelle Browne a porté les couleurs d’Équipe Canada au
Championnat mondial féminin des M18 2011 de l’IIHF et joué au hockey
universitaire pendant quatre saisons aux États-Unis, les trois dernières à
l’Université du Maine, après avoir accepté une bourse d’études.
Il a ensuite fait le saut chez les
professionnels, passant trois saisons dans la PHF (alors nommée la National
Women’s Hockey League) : deux avec Buffalo et la dernière, en 2018, avec
les Metropolitan Riveters.
Il fut le premier athlète ouvertement transgenre à participer à un sport
d’équipe au niveau professionnel.
Browne, âgé de 29 ans, se consacre aujourd’hui à ses carrières de
conférencier et de comédien, qui sont toutes deux des plateformes pour la
visibilité trans et LBGTQ+ et la défense des droits de ces communautés.
« J’ai eu beaucoup de chance. Même après ma retraite sportive, je suis
encore une voix qu’on écoute dans la communauté du hockey. J’ai intégré
cela à ma carrière de comédien. Je peux faire côtoyer ces deux mondes et je
sais que ma voix porte. J’en suis très fier et ce n’est pas quelque chose
que je prends à la légère. »
Browne a notamment pris part à des matchs de hockey et à des événements
mettant en vedette des célébrités, donné des conférences, participé à des
publicités de la Banque Scotia et joué dans un épisode de Y, Le dernier homme, une série télévisée adaptée de la bande
dessinée du même nom.
Browne avoue que sa nouvelle carrière et son horaire ne lui permettent plus
tant de jouer au hockey récréatif, ce qu’il déplore.
Mais le hockey occupera toujours une grande place dans son cœur pour ce
qu’il lui a donné avant, mais surtout après la révélation de son
identité de genre en 2016.
Il affirme que ses coéquipières ainsi que la PHF et ses partisans lui ont
offert un immense soutien lors de sa transition sociale, qui s’est avérée
un moment charnière dans l’inclusion des personnes LBGTQ+ dans le sport.
« Toutes ces personnes m’ont permis d’accepter qui je suis. Quand j’ai fait
mon dévoilement au monde du hockey, je crois que ma visibilité a aidé
beaucoup de gens, et la communauté du hockey m’a aidé en retour. »
Browne croit que le hockey féminin, par son rôle crucial dans l’inclusion,
l’acceptation, la visibilité et l’égalité des personnes LGBTQ+, a été un
phare pour les autres sports.
« Les autres sports et la société en général devraient suivre l’exemple du
hockey féminin pour ce qui est de l’inclusion de la communauté LGBTQ+ et de
la célébration de la différence. Dans ce sport, tout le monde fait partie
de la même équipe. »
En ce mois de célébrations, Browne s’inquiète toutefois des obstacles qui
nuisent à l’avancée des droits de la communauté LGBTQ+.
L’influence récente de lois et de projets de loi « non inclusifs » un peu
partout en Amérique du Nord est une grande source de préoccupation.
À certains endroits, ces lois visent à restreindre l’accès au sport pour
les jeunes personnes LBGTQ+. Pour Browne, c’est un recul pour la société.
« J’ai constaté beaucoup de progrès au cours des cinq dernières années,
mais c’est malheureux que ce soit accompagné d’une certaine opposition.
«
Nous devons encore lutter pour faire notre place, mais je vois beaucoup
d’espoir. »