La vie de Matteo Pellizzari a beaucoup changé en sept mois.
En avril, le jeune Vancouvérois de 15 ans participait les mercredis et
samedis aux séances de jeu dirigé de l’équipe de parahockey provinciale de
Hockey C.-B. Aujourd’hui, il s’entraîne quotidiennement et sillonne le
pays, passant d’un camp d’entraînement à l’autre en vue de sa première
expérience internationale : la Coupe de parahockey à Bridgewater, en
Nouvelle-Écosse. Il sera le benjamin de l’équipe nationale de parahockey du Canada.
« Ce n’est pas de tout repos, mais j’aime ça! », se réjouit-il.
Pellizzari est atteint d’hémimélie fibulaire bilatérale, une malformation
congénitale rare caractérisée par l’absence de fibulas. Il a été amputé
sous les genoux à l’âge d’un an.
« Je suis amputé depuis aussi loin que je me rappelle. Je ne peux pas
imaginer ma vie autrement. »
Cet état lui a toutefois ouvert des portes : on a pu le voir dans une
publicité, dans des dépliants et sur les chars allégoriques du Programme
pour enfants amputés (LES VAINQUEURS) des Amputés de guerre. D’ailleurs, il
est maintenant bénévole pour ce programme qui lui a tant donné.
« Les Amputés de guerre ont changé ma vie. J’ai pu faire tant de choses
grâce à eux. Ils paient pour mes prothèses récréatives, et ils ont même
payé pour ma première luge de parahockey, qui avait été faite sur mesure. »
Grâce au programme LES VAINQUEURS, Pellizzari a pu découvrir plusieurs
sports. Il flirte avec le volleyball, la course, la natation et le golf,
mais son véritable amour, c’est le parahockey, sport qu’il a découvert à
l’âge de quatre ans.
« Je me rappelle ma première fois, se remémore-t-il. J’avais l’impression
d’aller à toute vitesse, j’adorais ça! Ça a été le coup de foudre. »
À ses débuts, tandis qu’il apprenait les bases du parahockey avec d’autres
enfants de son âge, il est vite devenu apparent qu’il était très doué. Il a
commencé à jouer avec des équipes d’adultes dès l’âge de 9 ans.
« Je jouais avec des hommes de 30 ans, des colosses de l’équipe
provinciale. J’étais sidéré. J’adorais ça, même si j’étais de loin le pire
joueur sur la glace. »
Il avait donc tout le loisir de se fixer de nouveaux objectifs, ce qui l’a
amené à se dépasser et à exceller. Son talent l’a mis sur le radar des
membres de l’équipe nationale de parahockey du Canada. En 2021, à la
Cruisers Cup, il a fait la rencontre du vétéran défenseur Adam Dixon.
« Matteo connaissait Greg Westlake, l’ancien capitaine et un de mes amis
proches, relate Dixon. Greg m’a dit que je devais parler à ce jeune, qu’il
était très sympathique. Ça prend beaucoup de motivation pour se rendre en
avion de la Colombie-Britannique à Mississauga pour un tournoi d’une fin de
semaine! »
En avril, Pellizzari a été invité à son premier camp de développement de la
prochaine génération à Montréal, où Dixon était l’un des mentors.
« C’est là que j’ai vraiment pu le côtoyer. C’est plus qu’un double amputé
: c’est un excellent joueur. Il a tout un instinct. C’est déjà le meilleur
jeune de la province. »
« Dès mon arrivée au camp de la prochaine génération, j’ai compris qu’il y
avait beaucoup de possibilités pour moi dans ce sport, indique Pellizzari.
C’était génial. Quelle chance qu’Hockey Canada organise ces événements! »

Adam Dixon et Matteo Pellizzari
Dixon a rapidement remarqué la soif d’apprendre de Pellizzari, qui n’hésite
pas à poser des questions pour bien absorber chaque conseil. L’expérience
lui a aussi rappelé sa propre introduction au sein de l’équipe nationale de
parahockey du Canada, à l’âge de 17 ans.
« Les gars que je voyais à la télé – les Brad Bowden, Billy Bridges et Greg
Westlake –, soudainement, ce n’était plus juste mes idoles, c’était mes
coéquipiers! Ça m’a vraiment fait du bien de me souvenir de ça. »
« Matteo utilisait les bâtons que Greg Westlake lui avait donnés. Il
n’avait pas changé le ruban que Greg avait posé, il n’osait pas. J’ai coupé
le ruban et j’ai dit à Matteo que j’allais lui montrer comment le mettre
lui-même. Ça a fait remonter plein de souvenirs de ma jeunesse, quand
j’étais juste un amateur du sport. Je me reconnais beaucoup en lui. »
S’étant démarqué du lot au camp de la prochaine génération, Pellizzari a
été invité au camp de sélection de l’équipe nationale de parahockey du
Canada en septembre.
« Avant les essais, son père m’a contacté sur Facebook et m’a demandé de
l’appeler, raconte Dixon. Il voulait juste que je garde un œil sur son
fils. Il s’en faisait pour rien : Matteo est parfaitement autonome.
« Il est tellement mature. Il est ouvert à tout. Il n’a pas encore joué au
plus haut niveau de compétition. Tout ce qu’on lui montre, c’est nouveau,
mais il apprend très vite. Il comprend ce qu’on lui dit, puis le met en
pratique. C’est vraiment impressionnant. »
Pellizzari est ressorti du camp de sélection en tant que membre de l’équipe
nationale. Il en était complètement abasourdi.
« Je trouvais déjà ça génial qu’on me prenne en considération,
explique-t-il. J’étais super content de jouer avec les meilleurs du pays,
puis soudainement, j’apprends que je fais l’équipe. Je n’en revenais pas. »
En tant que bébé de l’équipe canadienne, Pellizzari se sent bien accueilli
et conseillé par tous ses coéquipiers vétérans. Il entretient toutefois un
lien particulièrement étroit avec Dixon. Ce dernier le considère d’ailleurs
comme l’un de ses meilleurs amis au sein de l’équipe.
« Adam Dixon est mon mentor depuis le camp de la prochaine génération. Il
m’a énormément aidé à me faire une place dans l’équipe. Je pense que
côtoyer ces vétérans, ça me donne un aperçu de ce que l’avenir me réserve.
»
Comment est-ce qu’on se sent quand on fait partie de l’équipe nationale de
parahockey du Canada tandis qu’on est encore au secondaire? Pellizzari dit
qu’il est encore sous le choc, et qu’il prend ça un jour à la fois. Il
s’est entendu avec son école pour faire ses entraînements plutôt que de
suivre un cours d’éducation physique.
Mais comme Dixon l’a remarqué, le jeune attaquant n’a pas peur de
travailler, et il saura étudier tout en s’entraînant.
« Nous partagions une chambre au dernier camp d’entraînement. Il passait
son temps à faire ses devoirs. Il est tellement assidu! Moi, à ma première
année, je trimballais tous mes livres d’école dans mon sac à dos quand je
voyageais… mais ils restaient dans mon sac à dos! »
La Coupe de parahockey 2022 sera le premier tournoi international de
Pellizzari. Heureusement, il aura une bonne claque pour le soutenir : sa
famille traversera le pays pour se rendre à Bridgewater pour voir ses
débuts avec la feuille d’érable.
« Sans ma famille et mes amis, je ne serais pas ici aujourd’hui. Ils ont
fait toute la différence. Ils m’ont permis d’avancer et m’ont toujours
encouragé. »
Pellizzari espère que cette expérience avec Équipe Canada l’aidera à donner
plus de visibilité au parahockey au Canada et particulièrement en
Colombie-Britannique. C’est un nouveau visage au sein de l’équipe
nationale, certes, mais il compte en profiter pour s’améliorer et soutenir
ses coéquipiers au cours des quatre prochaines années.
« C’est un moment charnière. On a tellement de jeunes joueurs, on se
prépare pour les prochains Jeux paralympiques. On commence par les bases,
et je suis vraiment content d’être de cette aventure. »