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Dans mes propres mots : Meghan Hunter
Meghan Hunter
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27 mars 2021

« Est-ce que je peux jouer au hockey, moi aussi? »

À l’époque, j’ignorais que cette question anodine s’avérerait déterminante quant à mon parcours dans la vie!

Nous allions au magasin récupérer le nouvel équipement de mon petit frère de cinq ans, pour qu’il puisse entamer son parcours au hockey. Tout bonnement, cette question est sortie de ma bouche. Je pense que j’ai pris mes parents par surprise, mais ils ont vite compris que je n’étais pas friande de patinage artistique ni de danse à claquettes.

C’est grâce à la réaction de mes parents que je suis là où je suis aujourd’hui. C’était en 1989, et leur fille rousse de huit ans, sportive et passionnée de plein air, venait de leur demander de faire un sport qu’aucune autre fille qu’ils connaissaient ne pratiquait. Sans même hésiter, ils ont dit oui.

Le fait qu’ils aient compris mon intérêt malgré mon si jeune âge m’a préparée à faire tomber les obstacles.

Ils ne m’ont jamais imposé de limites ni traitée différemment des garçons. Mes professeurs et mes entraîneurs non plus. À neuf ans, je devais, dans le cadre d’un travail scolaire, illustrer trois objectifs que je voulais atteindre. Ma réponse? Je voulais décrocher une bourse d’études pour jouer au hockey universitaire aux États-Unis, porter les couleurs d’Équipe Canada aux Jeux olympiques et jouer dans la Ligue nationale de hockey. Bien que ces objectifs puissent avoir semblé irréalisables, personne n’a jamais tenté de me dissuader de les atteindre. J’ai appris dès mon plus jeune âge que le travail acharné était la première chose dont j’avais besoin pour être une bonne élève et une bonne athlète, et pour réaliser mes rêves.

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J’ai grandi sur une ferme à proximité d’une petite communauté ontarienne de 800 personnes du nom d’Oil Springs. J’ai eu la chance de vivre au sein d’une grande famille avec des grands-parents, des oncles, des tantes et des cousins toujours présents. J’ai appris la valeur du travail acharné en regardant mon père, mon grand-père et mes oncles exploiter les fermes familiales. On attendait de moi que j’aide à arracher les mauvaises herbes, à ramasser les roches et, tâche la plus ardue d’entre toutes, à faire les foins par des chaleurs écrasantes.

Mes parents occupaient tous deux un emploi à temps plein en plus de leur travail à la ferme, mais ils trouvaient quand même le moyen de voyager partout dans le monde avec mon frère, ma sœur et moi. Ils s’attendaient à ce que nous fassions de notre mieux à l’école et dans nos travaux scolaires, peu importe les autres activités auxquelles nous participions.

Le fait d’avoir trois oncles qui ont joué dans la LNH et un père qui a ouvert la voie à la famille en atteignant le niveau junior majeur a été une source d’inspiration pour moi. J’ai appris très jeune à quel point il fallait travailler d’arrache-pied pour jouer au hockey à un niveau élevé. Mon père nous a initiés à l’importance de nous entraîner à l’extérieur de la patinoire et de lancer des rondelles tous les jours dans le garage, au grand déplaisir de ma mère! Une fois plus grands et plus forts, nous lancions la rondelle si fort que nous avons fait craquer le plâtre de la paroi extérieure du garage.

Je savais à quel point tout le monde travaillait dur à la ferme, mais en vieillissant, j’ai aussi appris à quel point il fallait s’entraîner sans relâche dans le gymnase pour jouer à un niveau élevé. J’ai eu la chance d’avoir un frère et des cousins qui avaient à peu près le même âge que moi, et nous avons joué au hockey ensemble pendant des heures dans l’entrée familiale. Comme nous formions une famille de hockey, il y avait de la pression pour exceller et atteindre tout notre potentiel. Chaque réunion de famille ou conversation au souper tournait autour du hockey, et nous voulions connaître du succès et rendre tout le monde fier.

En tant que fille, je ressentais une pression supplémentaire pour m’améliorer continuellement, et je me suis entraînée deux fois plus fort afin de pouvoir suivre les garçons. C’est moi qui me suis mis cette pression, mais nous avons des histoires amusantes (enfin, elles sont amusantes aujourd’hui) à propos de certains des tests d’entraînement qu’on nous a fait passer pour veiller à ce que nous donnions le meilleur de nous-mêmes. Par exemple, la fois où mon frère, mes cousins et moi devions courir deux milles en moins de 12 minutes. Environ 25 membres de notre famille étaient là pour nous regarder courir. Cela semble tellement ridicule aujourd’hui, mais à l’époque, nous étions tous si nerveux à l’idée de ne pas réussir!

Comme je jouais avec les garçons, je devais souvent me changer dans les salles de bain, les salles de premiers soins, les douches ou les halls des arénas, mais je n’en faisais pas de cas. J’étais simplement contente d’avoir la chance de pratiquer le sport que j’aimais. Quand j’ai commencé le hockey mineur à Petrolia, il n’y avait que trois filles dans toute l’association. J’étais plus grande que les garçons au niveau novice et j’ai percé la formation de l’équipe de compétition à ma deuxième année. Pour la plupart, mes coéquipiers, entraîneurs et adversaires étaient merveilleux, mais il arrivait à l’occasion qu’une personne s’offusque de la présence d’une fille au sein de l’équipe. Cela a simplement nourri ma volonté de prouver que j’avais ma place et a créé ce désir de travailler plus fort que tout le monde afin que personne ne remette en question mon talent ou mon droit d’être là.

J’ai joué à Petrolia avec les garçons jusqu’à l’âge de 14 ans. C’est à ce moment que nous avons pensé qu’il serait préférable que je joue davantage avec les filles pour profiter d’une plus grande visibilité auprès de potentiels recruteurs universitaires. Cette saison-là, j’ai joué pour mon équipe de compétition masculine locale de Petrolia et pour une équipe féminine de Sarnia, le Starfire, et les deux équipes exigeaient une pleine participation aux matchs et aux entraînements. Mes pauvres parents m’ont promenée partout dans la région et ont aussi trouvé le moyen de conduire mon frère à ses matchs au hockey AAA et ma sœur aînée à ses activités. Je salue leur dévouement!

L’année suivante, j’ai participé au camp de mon équipe bantam AAA locale et je semblais en voie de mériter un poste quand nous avons pris la décision difficile de passer complètement au hockey féminin. C’était incroyablement déchirant. Bien que je n’aie jamais senti que les garçons me traitaient différemment, je me suis sentie à ma place quand j’ai fait le changement. Un sentiment d’appartenance. Je pouvais m’asseoir dans le même vestiaire et me changer avec mes coéquipières. Cependant, malgré cette camaraderie, j’ai aussi ressenti une immense pression pour être la meilleure. Mais cela m’a bien servie. Visant à obtenir une bourse d’études, j’avais décidé que rien ne m’arrêtait. Je me suis entraînée plus fort que jamais et j’ai profité de toutes les occasions possibles de développer mes habiletés au hockey.

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J’ai obtenu beaucoup de visibilité lors de ma participation aux Jeux d’hiver du Canada de 1999 à Corner Brook, à Terre-Neuve, et peu de temps après, je me suis engagée à fréquenter l’Université du Wisconsin. Le processus de sélection de mon université a été stressant. Le hockey universitaire prenait son envol, et de nombreuses universités s’intéressaient à moi, ce qui a compliqué ma décision. Fille timide issue de la campagne, j’ai quitté ma petite communauté pour visiter cinq universités différentes dans des villes très différentes, ce qui m’a fait découvrir un monde de possibilités infinies et de nouvelles expériences. Après de nombreuses discussions, beaucoup de recherche et une longue réflexion, j’ai décidé que le Wisconsin était l’endroit pour moi : je voulais être une Badger.

Mon arrivée à Madison en tant que recrue, à huit heures de chez moi, était intimidante, et j’ai presque immédiatement été confrontée à un premier obstacle : l’entraîneuse qui m’avait recrutée quittait le programme pour diriger l’équipe nationale féminine des États-Unis. Elle était l’une des principales raisons pour laquelle j’avais accepté la bourse qu’on m’avait offerte. Je suis parvenue à gérer mes émotions et je suis rapidement tombée en amour avec Madison (malgré un mal du pays extrême). J’ai connu une première saison formidable, étant nommée recrue de l’année de la WCHA et méritant une place parmi les 10 finalistes au prix Patty-Kazmaier, décerné à la meilleure joueuse du circuit de hockey féminin universitaire.

Je récoltais enfin les fruits de tout mon travail acharné et j’ai attiré l’attention des dépisteurs de Hockey Canada. J’ai été invitée à participer aux essais de l’équipe féminine des moins de 22 ans du Canada à l’automne 2021 et je me suis taillé une place dans la formation. Mes rêves devenaient réalité! J’ai été de nouveau choisie au sein de l’équipe des moins de 22 ans l’année suivante et, même si j’ai eu quelques ennuis en raison de blessures au cours de ma troisième année à l’Université du Wisconsin, j’ai conservé ma place au sein du programme de Hockey Canada. C’était difficile d’être une étudiante de premier plan et de faire partie de deux programmes de sport d’élite tout en m’ennuyant de la maison. Mes parents se sont déplacés à plusieurs reprises pour me voir jouer avec Wisconsin et Équipe Canada.

Pendant mon séjour à l’Université du Wisconsin, je songeais continuellement à la prochaine étape. Allais-je retourner au Canada et jouer dans la ligue féminine, vivant d’un chèque de paie à l’autre dans l’espoir de faire partie de l’équipe nationale féminine du Canada? Qu’allais-je devenir si j’arrêtais de jouer au hockey? Par inadvertance, j’avais lié mon identité à ma carrière de hockeyeuse. Le fait qu’il n’y avait pas de ligue professionnelle dans laquelle jouer et gagner assez d’argent pour subvenir à mes besoins me tracassait énormément. En même temps, je me demandais vers quelle carrière je voulais me diriger. Rien n’était clair dans ma tête, et je me sentais confuse et anxieuse. Quand j’ai terminé mes quatre années de hockey dans la NCAA, j’ai décidé de passer une autre année à Madison en tant qu’entraîneuse adjointe étudiante, le temps de terminer mes études. Je patinais encore sur le campus et je faisais toujours partie du programme de Hockey Canada en tant que joueuse.

Après avoir obtenu mon diplôme, je me suis butée au même questionnement. Cela a donné lieu à l’une des décisions les plus difficiles de ma vie. Allais-je continuer de poursuivre mon rêve de jouer pour Équipe Canada, retourner à Toronto pour peut-être devenir un espoir de l’équipe nationale, sans emploi ni revenu? Ou couperais-je plutôt mes liens avec Hockey Canada en faveur d’un emploi qui me permettrait de subvenir à mes besoins? J’ai fini par accepter un poste d’entraîneuse adjointe à l’Université de Niagara. Après un an à Niagara, j’ai abouti à l’Université du Maine. J’adorais être entraîneuse. J’étais contente d’avoir un revenu et de travailler dans un domaine qui me passionnait, mais une partie de moi souhaitait continuer à jouer.

Après une saison à l’Université du Maine, j’ai plié bagage à nouveau. Le programme avait décidé d’embaucher un deuxième entraîneur adjoint, ce qui avait une incidence sur mon salaire, et mon père était malade. Je voulais être plus proche de lui et de ma famille. Le temps était venu de rentrer à la maison.

J’ai accepté l’un des premiers emplois que j’ai trouvés en ligne, qui consistait à vendre des logiciels et des photocopieurs à London. Même si je détenais mon diplôme en commerce, tout était totalement nouveau pour moi. Je n’avais aucune expérience dans la vente. Grâce à mon éthique de travail et à ma débrouillardise, je suis devenue, je ne sais trop de quelle façon, la représentante commerciale la plus productive au premier trimestre! C’est l’une des réalisations dont je suis la plus fière. J’étais débutante et je n’avais pratiquement aucune idée de ce que je faisais, mais j’ai réussi à connaître passablement de succès.

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Mes oncles Dale et Mark, qui sont propriétaires et gestionnaires des Knights de London dans la Ligue de hockey de l’Ontario (OHL), savaient que je n’aimais pas vraiment cet emploi. Ils avaient une ouverture pour un poste de directeur des ventes de groupe et m’ont demandé si j’aimerais revenir dans le domaine du hockey. Ô que oui! Même si je n’aimais pas la vente, je pouvais certainement parler de quelque chose qui me passionnait au plus haut point.

J’ai adoré mon passage chez les Knights. J’ai pu vivre tant d’expériences différentes, telles que lancer leurs comptes de réseaux sociaux, participer aux stratégies marketing, mettre en place les activités des jours de match, m’occuper d’une équipe de stagiaires et socialiser avec des commanditaires et des leaders dans le domaine des ventes de groupe. J’ai vraiment touché à tout. J’ai beaucoup appris en travaillant dans ce petit bureau et en participant quotidiennement aux discussions sur le hockey. Cela m’a rappelé mon enfance, et j’ai adoré.

Après un moment, j’ai eu besoin de passer à la prochaine étape. J’étais déterminée à continuer de gravir les échelons, comme quand je jouais. Après les Jeux olympiques de 2010, il y a eu un certain nombre de postes à pourvoir à Hockey Canada. J’étais tellement excitée d’obtenir une entrevue. Il s’agissait de Hockey Canada, la plus grande organisation de sport amateur au monde, et une organisation dont je voulais faire partie depuis que j’étais petite. Après un processus de recrutement très stressant, j’ai été embauchée comme responsable des activités hockey et des équipes nationales. J’ai mis tous mes biens dans mon Ford Escape et j’ai fait le trajet de 30 heures vers ma nouvelle aventure. Comme j’étais très attachée à ma famille, déménager si loin était un peu déroutant. Je ne savais pas comment j’allais y arriver, mais je me suis imprégnée de mon milieu et je me suis mise au travail.

À Hockey Canada, j’ai eu l’occasion de côtoyer certains des plus grands connaisseurs de hockey. J’étais principalement responsable de la gestion des programmes de l’équipe nationale féminine, ce qui signifiait coordonner la logistique des événements et des camps, par exemple les déplacements des joueuses et du personnel, les horaires, les heures de glace, les autobus, les repas, les budgets, etc. Je travaillais avec les entraîneurs pour coordonner chaque détail d’un camp, d’un événement ou d’un championnat donné et pour réitérer les normes d’excellence de Hockey Canada. Mon travail consistait à fournir toutes les ressources et tout le matériel à notre disposition pour aider l’équipe à atteindre son objectif ultime, la conquête de la médaille d’or. L’aspect le plus merveilleux était sans contredit de rencontrer et de travailler avec tant de personnes extraordinaires et de faire partie de tant d’équipes phénoménales. Les journées de travail étaient sans fin, mais nous trouvions toujours le moyen de nous amuser et de rire.

J’ai aussi eu la chance de collaborer avec beaucoup de femmes inspirantes et influentes qui occupaient des rôles traditionnellement masculins. J’ai travaillé avec l’une des plus grandes d’entre elles, Mel Davidson. Elle a été une pionnière qui a ouvert les portes aux femmes dans le domaine de l’entraînement et dans la lutte pour l’égalité au hockey féminin et dans le sport. J’ai acquis un bagage incroyable de connaissances en la côtoyant.

Le fait saillant de mon passage à Hockey Canada est survenu en 2014, quand j’ai travaillé avec l’équipe olympique féminine du Canada à Sotchi. Je pourrais écrire un livre sur mes expériences vécues cette saison-là, comme le fait de voyager seule en Russie dans le cadre de la planification ou encore d’être présente aux Jeux.

On m’a chargée de la création, de la planification et de la gestion du programme des amis et de la famille pour les Jeux olympiques, ce qui comprenait l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action en cas d’urgence à grande échelle ainsi que la gestion d’événements, de la billetterie et des vêtements. La tension était à son comble pendant tout notre séjour là-bas. Je dois avouer que je n’aurais jamais pensé, au cours de ma vie, devoir garder avec moi un téléphone satellite en cas d’attaque terroriste d’envergure.

L’expérience dans son ensemble a justifié pleinement la sueur et les larmes versées. J’ai adoré mon interaction avec les familles et j’ai vraiment ressenti leur excitation et leur joie. Battre les États-Unis en prolongation dans un match épique pour la médaille d’or était un grand rêve devenu réalité. J’étais tellement fière de l’équipe et de notre pays, et j’avais l’impression de vivre l’expérience olympique dont je rêvais depuis longtemps. Je n’ai peut-être pas joué aux Jeux olympiques, mais j’y ai participé à titre de membre du personnel. J’ai appris une leçon très précieuse : les objectifs peuvent se transformer et se concrétiser d’une manière différente de celle que vous aviez imaginée au départ, mais ce n’est pas grave! La satisfaction reste tout aussi grande.

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Des vacances en famille après les Jeux ont changé ma vie. En juin 2014, j’ai rencontré ma future épouse, Jill, à Nashville. Elle vivait à Chicago, était citoyenne américaine et avait une brillante carrière. J’avais lutté pendant des années avec mon orientation sexuelle. J’ai toujours eu peur que les gens me regardent différemment, ne m’acceptent pas ou même aient une attitude discriminatoire à mon endroit. Mais quand j’ai rencontré Jill, tout cela n’avait plus d’importance. J’ai décidé que je voulais être heureuse et de laisser mes insécurités derrière. La chimie entre nous fut instantanée, et nous étions déterminées à être ensemble. Les relations à distance sont toujours difficiles, mais cela a fonctionné. Nous avons surmonté tous les obstacles et nous nous sommes fiancées rapidement. Puis sont venues les questions suivantes… à quoi notre vie allait-elle ressembler et où allions-nous vivre? Nous avons décidé que je devais déménager aux États-Unis. Je ne voulais vraiment pas quitter l’emploi de mes rêves, mais c’était la meilleure option pour nous en tant que partenaires.

Quand nous avons commencé à élaborer notre plan pour que je déménage à Chicago, j’ai postulé pour des emplois et fait du réseautage avec ma famille et mes amis. En fin de compte, je dois beaucoup à Kevin Dineen. Kevin était l’entraîneur-chef d’Équipe Canada aux Jeux olympiques de 2014 et avait accepté un poste d’entraîneur adjoint avec les Blackhawks de Chicago après les Jeux. J’ai communiqué avec lui pour voir s’il y avait des postes disponibles. Trois semaines plus tard, Kevin m’a contactée pour me faire part d’un poste qui, selon lui, était parfait pour moi. Je suis tombée à la renverse. Je ne pouvais pas croire à quel point j’avais de la chance (et à quel point le réseautage est efficace). Kevin m’a mise en contact avec les bonnes personnes et, une semaine plus tard, j’ai obtenu une entrevue avec Stan Bowman, directeur général des Blackhawks, et Al MacIsaac, premier vice-président des activités hockey.

Dire que j’étais nerveuse est un euphémisme. Non seulement je rencontrais deux dirigeants de premier plan dans le monde du hockey pour un poste au sein de l’une des six équipes originales de la LNH, mais c’était peut-être ma chance de travailler dans cette ligue. Mon rêve d’enfance de jouer dans la LNH était révolu depuis longtemps, mais y travailler était un beau prix de consolation! J’ai réussi à garder mon sang-froid pendant la journée d’entrevues, et j’ai décroché le poste d’adjointe administrative de Stan. C’est avec des sentiments mitigés que j’ai laissé derrière moi un boulot formidable ainsi que de merveilleux collègues de travail et amis à Calgary. J’ai emballé tout ce que je possédais (toujours dans mon fidèle Ford Escape) et j’ai conduit pendant 25 heures jusqu’à Chicago pour un nouveau départ avec ma fiancée!

J’ai commencé avec les Blackhawks en juin 2016, en retroussant de nouveau mes manches, déterminée à prouver que je pouvais apporter une précieuse contribution à la haute direction. J’ai aimé chaque jour, apprenant à connaître le personnel et absorbant autant de connaissances que possible. Je n’avais jamais eu un emploi normal, de neuf à cinq, alors j’étais prête à consacrer le temps et les heures nécessaires pour être la meilleure. Mes tâches consistaient à gérer le calendrier de Stan et la logistique au jour le jour, mais j’étais aussi impliquée dans les transactions de joueurs, les dossiers médicaux, les communications quotidiennes avec la LNH, l’immigration des joueurs ou du personnel, les activités quotidiennes de l’équipe (transferts d’équipement, vols des joueurs et des familles, hôtels, indemnités journalières, etc.), l’organisation du dépistage, les réunions concernant les activités hockey et le repêchage de la LNH, ainsi que la logistique des jours de match en ce qui a trait aux activités hockey – un peu de tout! Au fil du temps, on m’a donné plus de responsabilités. C’est fascinant de voir le fonctionnement d’une organisation à grande échelle de la LNH et la collaboration des différents services dans un but commun. J’ai eu le privilège d’assister et de contribuer à des réunions sur le développement des joueurs, le dépistage amateur et professionnel, les dates limites de transactions et les joueurs autonomes, et je prospère dans cet environnement où la pression est omniprésente. Plus je m’implique, plus je continue à apprendre.

Il y a environ deux ans, j’ai demandé à Stan si je pouvais assumer davantage de responsabilités et me diversifier afin de continuer à me perfectionner. Je n’étais pas certaine de ce que cela impliquerait, mais je voulais continuer à me développer et utiliser encore plus mes connaissances en hockey. Nous avons établi que la prochaine étape était naturellement le dépistage, compte tenu de mon expérience comme joueuse, de mes connaissances générales et de ma passion pour le hockey, sans parler des innombrables heures que j’avais passées à travailler avec les dépisteurs. Je fais généralement du dépistage dans la région de Chicago, dans la USHL et auprès des joueurs amateurs de la NCAA, mais je m’occupe parfois de l’OHL et d’autres ligues. La dernière année a été très spéciale en raison de la pandémie de COVID-19. Nous devons observer sur un petit écran les joueurs dont les ligues sont en mesure de jouer.

Toutes ces tâches requièrent un équilibre délicat, mais c’est un beau défi. Je suis reconnaissante envers les Blackhawks, qui croient en moi et m’offrent ces possibilités. Jill m’appuie de façon incroyable, me permettant de repousser mes limites et de poursuivre mes rêves. Nous nous encourageons toutes les deux à réussir dans nos carrières respectives.

Mon parcours dans la vie n’a pas été linéaire, mais j’ai gravi les échelons et mérité le respect de mes pairs et collègues dans une profession dominée par les hommes, peu importe mon sexe ou mon orientation sexuelle. Je crois que ma capacité d’adaptation et ma flexibilité, malgré des responsabilités et des priorités en constante évolution, m’ont bien servie. J’apprécie les possibilités qui m’ont été offertes, mais je me rends aussi compte que j’ai investi les efforts nécessaires pour les créer.

J’espère pouvoir continuer à générer des possibilités pour les femmes dans le monde du hockey et dans la société. En grandissant, je n’aurais jamais pu imaginer qu’il était possible d’obtenir les emplois que j’ai occupés. Je ne me suis jamais vue comme une pionnière ou un modèle, mais je suis très fière de donner de la visibilité aux femmes dans une organisation de la LNH.

Je suis ravie de continuer à repousser les limites dans ma carrière et de me frayer un chemin vers la Coupe Stanley. Comme je l’ai dit, les rêves et les objectifs changent. J’ai peut-être voulu jouer dans la LNH et gagner la Coupe Stanley, mais maintenant je veux la soulever à bout de bras en tant que membre du personnel des Blackhawks de Chicago avec ma femme, mes parents, mes frères et sœurs, ma nièce, mes neveux, ma famille et mes amis.