Des vacances en famille après les Jeux ont changé ma vie. En juin 2014, j’ai rencontré ma future épouse, Jill, à Nashville. Elle vivait à Chicago, était citoyenne américaine et avait une brillante carrière. J’avais lutté pendant des années avec mon orientation sexuelle. J’ai toujours eu peur que les gens me regardent différemment, ne m’acceptent pas ou même aient une attitude discriminatoire à mon endroit. Mais quand j’ai rencontré Jill, tout cela n’avait plus d’importance. J’ai décidé que je voulais être heureuse et de laisser mes insécurités derrière. La chimie entre nous fut instantanée, et nous étions déterminées à être ensemble. Les relations à distance sont toujours difficiles, mais cela a fonctionné. Nous avons surmonté tous les obstacles et nous nous sommes fiancées rapidement. Puis sont venues les questions suivantes… à quoi notre vie allait-elle ressembler et où allions-nous vivre? Nous avons décidé que je devais déménager aux États-Unis. Je ne voulais vraiment pas quitter l’emploi de mes rêves, mais c’était la meilleure option pour nous en tant que partenaires.
Quand nous avons commencé à élaborer notre plan pour que je déménage à Chicago, j’ai postulé pour des emplois et fait du réseautage avec ma famille et mes amis. En fin de compte, je dois beaucoup à Kevin Dineen. Kevin était l’entraîneur-chef d’Équipe Canada aux Jeux olympiques de 2014 et avait accepté un poste d’entraîneur adjoint avec les Blackhawks de Chicago après les Jeux. J’ai communiqué avec lui pour voir s’il y avait des postes disponibles. Trois semaines plus tard, Kevin m’a contactée pour me faire part d’un poste qui, selon lui, était parfait pour moi. Je suis tombée à la renverse. Je ne pouvais pas croire à quel point j’avais de la chance (et à quel point le réseautage est efficace). Kevin m’a mise en contact avec les bonnes personnes et, une semaine plus tard, j’ai obtenu une entrevue avec Stan Bowman, directeur général des Blackhawks, et Al MacIsaac, premier vice-président des activités hockey.
Dire que j’étais nerveuse est un euphémisme. Non seulement je rencontrais deux dirigeants de premier plan dans le monde du hockey pour un poste au sein de l’une des six équipes originales de la LNH, mais c’était peut-être ma chance de travailler dans cette ligue. Mon rêve d’enfance de jouer dans la LNH était révolu depuis longtemps, mais y travailler était un beau prix de consolation! J’ai réussi à garder mon sang-froid pendant la journée d’entrevues, et j’ai décroché le poste d’adjointe administrative de Stan. C’est avec des sentiments mitigés que j’ai laissé derrière moi un boulot formidable ainsi que de merveilleux collègues de travail et amis à Calgary. J’ai emballé tout ce que je possédais (toujours dans mon fidèle Ford Escape) et j’ai conduit pendant 25 heures jusqu’à Chicago pour un nouveau départ avec ma fiancée!
J’ai commencé avec les Blackhawks en juin 2016, en retroussant de nouveau mes manches, déterminée à prouver que je pouvais apporter une précieuse contribution à la haute direction. J’ai aimé chaque jour, apprenant à connaître le personnel et absorbant autant de connaissances que possible. Je n’avais jamais eu un emploi normal, de neuf à cinq, alors j’étais prête à consacrer le temps et les heures nécessaires pour être la meilleure. Mes tâches consistaient à gérer le calendrier de Stan et la logistique au jour le jour, mais j’étais aussi impliquée dans les transactions de joueurs, les dossiers médicaux, les communications quotidiennes avec la LNH, l’immigration des joueurs ou du personnel, les activités quotidiennes de l’équipe (transferts d’équipement, vols des joueurs et des familles, hôtels, indemnités journalières, etc.), l’organisation du dépistage, les réunions concernant les activités hockey et le repêchage de la LNH, ainsi que la logistique des jours de match en ce qui a trait aux activités hockey – un peu de tout! Au fil du temps, on m’a donné plus de responsabilités. C’est fascinant de voir le fonctionnement d’une organisation à grande échelle de la LNH et la collaboration des différents services dans un but commun. J’ai eu le privilège d’assister et de contribuer à des réunions sur le développement des joueurs, le dépistage amateur et professionnel, les dates limites de transactions et les joueurs autonomes, et je prospère dans cet environnement où la pression est omniprésente. Plus je m’implique, plus je continue à apprendre.
Il y a environ deux ans, j’ai demandé à Stan si je pouvais assumer davantage de responsabilités et me diversifier afin de continuer à me perfectionner. Je n’étais pas certaine de ce que cela impliquerait, mais je voulais continuer à me développer et utiliser encore plus mes connaissances en hockey. Nous avons établi que la prochaine étape était naturellement le dépistage, compte tenu de mon expérience comme joueuse, de mes connaissances générales et de ma passion pour le hockey, sans parler des innombrables heures que j’avais passées à travailler avec les dépisteurs. Je fais généralement du dépistage dans la région de Chicago, dans la USHL et auprès des joueurs amateurs de la NCAA, mais je m’occupe parfois de l’OHL et d’autres ligues. La dernière année a été très spéciale en raison de la pandémie de COVID-19. Nous devons observer sur un petit écran les joueurs dont les ligues sont en mesure de jouer.
Toutes ces tâches requièrent un équilibre délicat, mais c’est un beau défi. Je suis reconnaissante envers les Blackhawks, qui croient en moi et m’offrent ces possibilités. Jill m’appuie de façon incroyable, me permettant de repousser mes limites et de poursuivre mes rêves. Nous nous encourageons toutes les deux à réussir dans nos carrières respectives.
Mon parcours dans la vie n’a pas été linéaire, mais j’ai gravi les échelons et mérité le respect de mes pairs et collègues dans une profession dominée par les hommes, peu importe mon sexe ou mon orientation sexuelle. Je crois que ma capacité d’adaptation et ma flexibilité, malgré des responsabilités et des priorités en constante évolution, m’ont bien servie. J’apprécie les possibilités qui m’ont été offertes, mais je me rends aussi compte que j’ai investi les efforts nécessaires pour les créer.
J’espère pouvoir continuer à générer des possibilités pour les femmes dans le monde du hockey et dans la société. En grandissant, je n’aurais jamais pu imaginer qu’il était possible d’obtenir les emplois que j’ai occupés. Je ne me suis jamais vue comme une pionnière ou un modèle, mais je suis très fière de donner de la visibilité aux femmes dans une organisation de la LNH.
Je suis ravie de continuer à repousser les limites dans ma carrière et de me frayer un chemin vers la Coupe Stanley. Comme je l’ai dit, les rêves et les objectifs changent. J’ai peut-être voulu jouer dans la LNH et gagner la Coupe Stanley, mais maintenant je veux la soulever à bout de bras en tant que membre du personnel des Blackhawks de Chicago avec ma femme, mes parents, mes frères et sœurs, ma nièce, mes neveux, ma famille et mes amis.