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Dans mes propres mots : le cam Bob Auchterlonie
cam Bob Auchterlonie
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11 novembre 2020

J’ai trois amours dans la vie : ma famille, le hockey et les Forces armées canadiennes. Et les trois sont profondément liés.

Je suppose que je devrais commencer par me présenter. Je suis contre-amiral de la Marine royale canadienne et commandant des Forces maritimes du Pacifique (FMAR(P)), qui sont les forces navales de l’océan Pacifique au Canada. Je suis aussi le commandant de l’ensemble des Forces armées canadiennes (FAC) en Colombie-Britannique. En gros, je suis le plus haut gradé de la côte ouest.

J’ai aussi la chance d’être le président d’honneur du hockey au sein des FAC; cela signifie que je suis un défenseur et porte-parole du sport, ce qui est assez facile… après tout, on parle de hockey! Je travaille avec notre équipe de personnel militaire à Ottawa pour m’assurer que le financement est en place pour le programme de hockey et le maintien de nos championnats régionaux et nationaux, en plus de veiller au hockey sur les glaces des bases de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve-et-Labrador.

C’est une chose que j’aime faire, car le hockey occupe une place énorme dans ma vie depuis ma plus tendre enfance.

J’ai grandi à Cumberland, en Colombie-Britannique, dans la vallée de Comox sur l’île de Vancouver. J’habitais en face d’un terrain où on jouait au hockey (il ne faisait jamais vraiment assez froid pour avoir une patinoire extérieure) et j’y allais aussi souvent que possible. J’ai foulé la glace pour la première fois avec ma sœur, Susan, qui était patineuse artistique, à l’âge de quatre ou cinq ans. Donc, au moment où j’ai commencé le hockey organisé quelques années plus tard, c’était assez naturel pour moi – je patinais déjà bien et je pratiquais le sport en face de chez moi depuis longtemps.

J’ai eu beaucoup de chance. Nous habitions une ville relativement petite, mais je faisais partie d’un groupe de personnes du même âge et nous étions plutôt bons. Aucun de nous n’était exceptionnel, mais nous avions une équipe très talentueuse. Près de la moitié ont atteint les rangs juniors, collégiaux ou universitaires. Nous avons connu beaucoup de succès pendant six ou sept ans, remportant quelques titres provinciaux en cours de route.

En jouant avec les mêmes enfants année après année, ils sont devenus mes meilleurs amis. À la fin de mes études secondaires, j’avais joué au hockey avec le même groupe pendant près de 10 ans. C’est avec eux que je passais tout mon temps. J’étais sur la glace cinq, six jours par semaine pour jouer au hockey compétitif. Puisque nous connaissions du succès, nous avons eu la chance de jouer beaucoup.

Même aujourd’hui, plus de 30 ans après avoir joué au hockey mineur, mes meilleurs amis sont des gars de la vallée de Comox avec qui j’ai joué. Nous avons tous emprunté des chemins différents – je suis dans la Marine, nous avons un conseiller en investissement, le responsable de l’entretien d’une commission scolaire, un ingénieur en environnement – mais nous nous réunissons toujours. Nous avons 50 ans, mais il n’y a pas si longtemps, nous nous réunissions encore pour participer à des tournois. Le plaisir est encore là. Le lien est encore là.

Le hockey ne concerne pas uniquement le moment présent, ce que vous accomplissez aujourd’hui. Il représente des souvenirs et des amis que vous aurez toute votre vie, longtemps après la fin de votre carrière de hockeyeur.

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Vers la fin de mes études secondaires, je ne savais pas trop quoi faire par la suite, comme c’est le cas pour la plupart des jeunes. Ma sœur et mon entraîneur, qui était agent de la GRC, ont tous deux suggéré que je fréquente le collège militaire. Ma famille a un historique de personnes qui ont servi notre pays – pendant la Deuxième Guerre mondiale, tout comme la plupart des familles canadiennes – alors cela m’a semblé une bonne idée. De toute évidence, c’était bel et bien le cas. J’ai passé quatre ans au Collège militaire royal à Kingston, en Ontario, période au cours de laquelle j’ai joué pour l’équipe de hockey universitaire. Le hockey m’a permis de faire ce que j’aimais faire tout en affrontant les défis d’un milieu universitaire militaire, ce qui peut être assez exigeant. Ce sport m’a procuré un peu d’évasion, et c’était très amusant.

Après avoir obtenu mon diplôme, l’heure du service actif a sonné. Je pense que c’est un peu cliché, mais il y a un vieil adage qui dit « Rejoignez la Marine, parcourez le monde » (Join the Navy, see the world), et c’est exactement ce que j’ai fait. J’ai commencé comme officier de guerre navale. J’ai passé des années à apprendre le travail de marin, pour ensuite devenir capitaine de navire. J’ai passé la majeure partie de mon temps, les 20 premières années après l’obtention de mon diplôme, en mer. J’ai eu la chance de passer du temps dans le Pacifique, l’Atlantique – j’ai sillonné les sept mers.

Voyager autour du monde vous procure une très bonne perspective du Canada. Il est important de voir d’où vous venez sous un jour différent et de vraiment apprécier ce que nous avons en tant que Canadiens. Je pense que l’endroit d’où je viens, sur l’île de Vancouver, est l’un des plus beaux endroits de la planète. Plus d’une fois, j’ai repensé à ma jeunesse et je me suis dit : « Wow, j’ai eu de la chance quand j’étais jeune, j’ai pu jouer au hockey avec des enfants formidables dans un endroit formidable. »

J’ai pu maintenir mon lien avec le hockey tandis que je voyageais à travers le monde. Le hockey est l’une des choses que nous exportons dans les FAC. J’ai eu la chance de chausser mes patins à Dubaï et de jouer contre les célèbres Mighty Camels. J’ai joué à Hong Kong. Aujourd’hui, nos Forces déployées à l’étranger jouent vraiment partout, de la Lettonie à l’Ukraine en passant par le Moyen-Orient.

La camaraderie qui nous unit à nos coéquipiers au hockey est universelle. Peu importe où les gens sont envoyés en déploiement, ils éprouvent le même sentiment depuis qu’ils sont enfants en allant à la patinoire, en s’habillant, en parlant avec leurs coéquipiers et allant sur la glace pour s’amuser. Que ce soit à l’étranger ou à la maison, c’est le même sentiment. C’est un lien bien réel avec le Canada.

Le hockey fait partie intégrante du tissu des FAC. Chaque base a un aréna. Chaque base a une équipe masculine, une équipe féminine et une équipe d’anciens, un plus d’une ligue intramurale dynamique. Que vous soyez à Victoria, à Comox, à Edmonton, à Moose Jaw, à Winnipeg et partout en Ontario, au Québec et dans les Maritimes ­– sur chaque base, il y a des gens qui jouent au hockey. Tout revient au travail d’équipe. Les Forces armées canadiennes constituent ni plus ni moins une grande équipe – nous sommes 101 500, et nous travaillons tous au sein de la même équipe. Dans le domaine de la défense, nous sommes dans un environnement compétitif, et vous ne voulez pas freiner cet esprit de compétition. Le hockey aide de ce point de vue.

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Comme je l’ai dit au début, j’ai trois amours. J’ai discuté de ma carrière et de mon lien avec le hockey, alors je dois vous parler du lien avec ma famille.

Comme c’est le cas pour la plupart des épouses de militaires, ma femme Tammy n’a jamais reçu le mérite qui lui revenait. Nous avons déménagé plus d’une dizaine de fois, et j’ai littéralement passé des années à l’extérieur de la maison. Par un quelconque tour de force, elle a élevé nos deux garçons, les a accompagnés au hockey et dans toutes les autres activités alors que j’étais à l’extérieur, tout cela en maintenant un emploi à temps plein au cours des 30 dernières années.

Voici un exemple qui illustre le défi que représente le rôle d’épouse de militaire : j’étais en mer au Moyen-Orient à plus de 19 000 kilomètres de la maison quand mon fils aîné, Michael, est né. Cependant, j’étais à la maison pendant leur enfance et j’ai eu le privilège de pouvoir les soutenir au hockey. J’ai entraîné mes deux garçons de la division des M9 jusqu’à celle des M18. Michael a maintenant 23 ans; il fait son stage pour devenir un CPA. Fraser a 18 ans, presque 19, il vit à la maison, va à l’école et joue au hockey junior B dans la Ligue de hockey junior de l’île de Vancouver. Il s’amuse vraiment.

En vieillissant, j’ai réalisé l’influence que mes entraîneurs ont eue sur moi. J’avais une très bonne base en grandissant grâce à des entraîneurs qui m’ont vraiment inspiré, alors je voulais faire de même pour mes garçons et les enfants avec lesquels ils jouaient.

Et ils ont joué avec beaucoup d’enfants différents. En raison de mon travail, nous avons beaucoup déménagé. Peu importe où nous nous sommes retrouvés, le hockey a été un point de contact vraiment facile pour les enfants. Que nous vivions à Victoria, à Halifax, à Ottawa ou à l’extérieur du pays dans le Rhode Island, le hockey leur donnait un lien immédiat. Ils ont eu des connaissances, des amis, des coéquipiers dès que nous déménagions quelque part, car ils pouvaient s’identifier aux enfants avec lesquels ils jouaient au hockey. Quand vous déménagez souvent, c’est parfois difficile pour les enfants. Mais le fait de pouvoir se joindre à un groupe d’enfants avec lesquels ils vont être coéquipiers rend le tout beaucoup plus facile. Cela a bien fonctionné pour nous.

J’ai vraiment profité du meilleur des deux mondes – j’ai eu la chance de parcourir le monde et de servir mon pays pendant 20 ans, et au cours de la majeure partie des 15 dernières années, j’ai eu la chance d’être père et d’enseigner à mes fils les leçons que j’ai apprises dans la vie et grâce au hockey.

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Le hockey fait partie du tissu de notre nation. C’est la façon dont le sport prospère dans les petites villes, sur les patinoires extérieures et dans les vieux arénas communautaires qui fait de nous qui nous sommes. Je me souviens d’avoir assisté à un match éliminatoire de la Ligue junior de l’Ouest à l’iPlex de Swift Current, en Saskatchewan, en 2018, quand l’un des meilleurs amis de mon fils cadet a aidé les Broncos à remporter le championnat de la ligue. L’ambiance était incroyable. Être là, ressentir cette passion pour le sport… ça rend heureux d’être au Canada.

J’ai eu la chance de vivre partout, et j’adore me rendre à l’aréna et assister à un match de hockey mineur local ou de la ligue junior locale. C’est un lien réel avec notre pays et notre sport. C’est très stimulant. Et je pense que c’est ce qui nous unit vraiment en tant que Canadiens.

Ces joueurs n’atteindront peut-être pas la LNH, mais ils vont se concentrer sur le travail d’équipe, sur la socialisation avec leurs pairs, sur la forme physique – ils vont devenir de formidables citoyens. C’est le pouvoir de notre sport, et il en va de même pour nos Forces armées. Les deux ont joué un rôle de premier plan dans ma vie et celle de ma famille, et je ne sais pas où je serais sans l’un ou l’autre de ces univers.

Heureusement, je n’aurai jamais besoin de choisir.

 

À propos de l’auteur
Le cam Bob Auchterlonie est le commandant des Forces maritimes du Pacifique (FMAR(P)), basé à la BFC Esquimalt à Victoria, en Colombie-Britannique. Il est un membre actif de la Marine royale canadienne depuis 1991 et a passé deux décennies en mer sur des Navires canadiens de Sa Majesté dans les flottes du Pacifique et de l’Atlantique. Le cam Auchterlonie a aussi occupé plusieurs postes de direction, y compris à quatre reprises au Quartier général de la Défense nationale à Ottawa avant de prendre son poste actuel en juin 2018. Ancien capitaine de l’équipe de hockey universitaire du Collège militaire royal, il vit à Victoria avec sa femme, Tammy, avec qui il a élevé deux fils, Michael et Fraser.