Au cours de leur carrière, tous les athlètes doivent affronter des défis
qui mettent à l’épreuve leur résilience et forgent leur caractère.
Le cas de Jean-François Huneault ne fait pas exception à la règle.
Une fracture de la jambe subie à l’âge de huit ans allait avoir un impact
important sur le cours de sa vie.
« Je continuais à marcher sur ma jambe cassée, ce n’était pas vraiment
normal », raconte celui qui participe actuellement à la Coupe de parahockey
présentée en Nouvelle-Écosse. « Je n’avais pas de grosses douleurs,
contrairement à ce qu’on aurait pu s’attendre de quelqu’un qui se brise un
membre. On s’est rendus à l’hôpital et c’est là qu’on a commencé à faire
des tests puisqu’on ne trouvait pas ça normal de ne pas avoir de sensation
à mon âge. »
Peu après, les médecins lui ont diagnostiqué une neuropathie, un trouble
qui touche les nerfs qui transportent l’information entre le système
nerveux central et le reste du corps.
Malgré cette nouvelle choc, le jeune garçon qu’il était à l’époque n’avait
pas fait grand cas de la situation.
« À l’âge que j’avais, je n’avais pas pleinement pris conscience de ça »,
admet le gardien de but maintenant âgé de 28 ans. « Je ne faisais pas
attention à moi, je me disais que j’étais normal, comme les autres, donc je
continuais à faire des choses déconseillées. Je continuais à marcher sur
mon pied cassé, qui s’est mis à enfler et à se déformer. »
Dans les années qui ont suivi, le jeune a continué de jouer au hockey même
si de nouvelles fractures sont survenues en cours de route. À 15 ans,
l’enflure dans son pied était toutefois devenue trop importante, si bien
qu’il n’était plus en mesure de chausser son patin.
C’est ainsi que Huneault a délaissé le sport qu’il aimait tant.
Puis, à l’âge de 20 ans, il est tombé sur une vidéo d’Antoine Lehoux, un
joueur de parahockey qui a notamment représenté le Canada aux plus récents
Jeux paralympiques. Inutile de dire qu’il s’est empressé de tenter sa
chance avec une luge sur la glace.
« Lorsque j’ai essayé ça pour la première fois, ça m’a redonné la piqûre du
hockey, explique Huneault. Avant cela, je ne rentrais plus dans les arénas,
car ça faisait trop mal de ne pas pouvoir jouer. Aussitôt que je suis
embarqué sur la glace, j’ai retrouvé la passion et j’ai relancé de gros
projets de vie.
« Dès ma première fois, j’y suis allé vraiment intensément et le plus fort
possible, poursuit-il. J’ai même vomi en sortant de la patinoire, ce qui
montre à quel point ç’a été exigeant. L’esprit compétitif demeure le même
et les stratégies sont similaires au hockey. »
Dès sa première année en parahockey, Huneault s’est joint à l’équipe du
Québec avant de participer à des camps de développement de l’équipe
canadienne.
Le gardien faisait écarquiller bien des yeux, ce qui lui a permis d’être
invité aux camps de sélection lors des dernières années.
Malheureusement, chaque présence aux camps se terminait en déception : la
COVID-19, une convalescence due à une amputation et une fracture de
l’épaule ont mis fin à ses espoirs à plus d’une reprise.
Son quatrième camp de sélection a été le bon. Huneault a été choisi pour
représenter son pays et partager le filet avec le vétéran Dominic Larocque.
« La relation est super bonne », confie le joueur natif de Saint-Eustache
au sujet de Larocque. « Ce qui est plaisant, c’est qu’il m’aide toujours à
devenir meilleur. C’est important d’apprendre des autres : leur routine, la
manière dont ils jouent, etc. Il va bientôt arrêter le parahockey, donc il
essaie de me redonner la balle en me donnant des conseils. »
Plus tôt cet automne, Huneault a pu enfiler pour la toute première fois le
chandail du Canada sur la scène internationale, à la Coupe internationale
de parahockey.
« C’était un sentiment incroyable », reconnaît celui qui a signé deux
victoires en quatre rencontres lors de la compétition. « C’était une fierté
de porter le chandail du Canada. Même plus jeune, j’ai toujours espéré
représenter le Canada, mais que ce soit au hockey ou au parahockey, je
n’aurais jamais pensé y arriver. »
Au-delà de la Coupe de parahockey, le but ultime de Jean-François Huneault
sera de faire partie de l’équipe canadienne qui se rendra aux prochains
Jeux paralympiques en 2026.
Entre les différentes compétitions internationales qui se tiendront d’ici
là, il entend continuer d’aller à la rencontre des jeunes dans les écoles
du Québec afin de leur faire découvrir son sport.
« Au moins 75 % des élèves en sont à leur premier contact avec le
parahockey, voient pour la première fois quelqu’un jouer au hockey sur une
luge, analyse-t-il. Ce n’est pas un sport commun. Les sports adaptés, ce
n’est pas tout le monde qui sait c’est quoi. Les jeunes sont souvent
impressionnés par les joueurs et la force, le talent et le mental qu’ils
ont. »
La mission que s’est lancée le gardien consiste à montrer aux jeunes que
tout est possible et qu’il ne faut jamais abandonner dans la vie.
« Peu importe ce qu’il t’arrive, il va toujours y avoir un sport ou une
activité qui te permettra d’avoir du plaisir et de te changer les idées,
conclut Huneault. Il faut essayer de promouvoir le sport du mieux possible,
car dans mon cas, ç’a changé ma vie. J’essaie de faire comprendre au monde
que le parahockey n’est pas seulement un sport pour handicapés. C’est un
sport comme les autres. »