Une occasion de représenter les siens
Grâce au Programme d’apprentis entraîneurs autochtones, Creighton Sanipass a la chance d’être entraîneur aux Jeux du Canada 2023 et de servir de modèle pour les jeunes athlètes autochtones
Lorsqu’il jouait au hockey, Creighton Sanipass remarquait souvent qu’il y avait un manque de représentation autochtone dans ce sport. En tant qu’entraîneur, il souhaite remédier à la situation.
Grâce au Programme d’apprentis entraîneurs autochtones, Sanipass fait partie du personnel d’entraîneurs du Nouveau-Brunswick pour les Jeux d’hiver du Canada 2023.
Il souhaite devenir un modèle pour les jeunes athlètes autochtones qui ont aussi été touchés par la sous-représentation.
« Je veux montrer aux athlètes autochtones qu’il existe des occasions de s’impliquer et d’aider la prochaine génération d’athlètes à obtenir les chances qu’ils méritent, explique Sanipass. Je suis fier d’être Micmac. Notre culture a des liens avec le hockey et ce n’est pas un hasard si les joueurs autochtones se sentent si à l’aise sur la glace – c’est dans notre ADN. »
Sanipass a appris à patiner alors qu’il avait deux ans et a commencé à jouer au hockey mineur à l’âge de quatre ans. Son père, Everett, a joué 164 matchs dans la LNH, échelonnés sur une carrière professionnelle de six saisons, et a représenté le Canada au Championnat mondial junior 1987 de l’IIHF. Le hockey a donc toujours fait partie de la vie de Sanipass. L’avant de 6 pi 2 po a évolué avec les Valley Wildcats et les Aces du comté de St. Stephen dans la Ligue de hockey des Maritimes (MHL), ainsi qu’avec les Tri-County River Cats dans la Ligue de hockey junior du Nouveau-Brunswick, où il a conclu sa dernière saison avec 21 points en 21 matchs.
Aujourd’hui, en tant qu’entraîneur, il apprend une autre facette du sport; il est honoré de participer au programme et souhaite que d’autres fassent de même.
« J’espère que davantage d’entraîneurs autochtones s’impliqueront et deviendront des meneurs que les joueurs autochtones voudront suivre et imiter. »
En plus de son rôle auprès de l’équipe M16 du Nouveau-Brunswick, Sanipass a également fait partie du personnel d’entraîneurs d’Équipe Atlantique au Championnat national autochtone de hockey, qui s’est tenu en Nouvelle-Écosse en mai.
À l’extérieur de la patinoire, il étudie en criminologie à l’université et travaille pour Aboriginal Sport and Recreation New Brunswick.
« J’ai toujours voulu d’un travail grâce auquel je pourrais offrir aux jeunes Autochtones des occasions que ma génération n’avait pas. Quand je vois s’épanouir la jeunesse autochtone, je me dis que ça en vaut la peine. »
Il s’agira de la première présence de Sanipass aux Jeux du Canada et il a hâte de vivre l’expérience de l’événement et d’être mentoré par des entraîneurs plus chevronnés.
Le Programme d’apprentis entraîneurs autochtones permet aux provinces et territoires d’envoyer deux entraîneurs aux Jeux pour y développer leurs compétences. Il a notamment comme objectif d’augmenter le nombre d’entraîneurs au sein des communautés autochtones et d’offrir aux entraîneurs des occasions de perfectionnement professionnel et d’apprentissage afin de les préparer à entraîner des athlètes de haut niveau.
Sanipass absorbera toutes les connaissances qu’il peut dans son parcours vers les Jeux du Canada, qui se tiendront du 18 février au 5 mars à l’Île-du-Prince-Édouard, et continuera de le faire par la suite. Il attribue au sport l’acquisition de compétences de vie inestimables et espère pouvoir transmettre cette sagesse aux futurs joueurs.
« Je veux être un exemple, prendre tout ce que j’ai appris dans le cadre de mes expériences et le redonner à la prochaine génération. Les athlètes de la relève méritent d’avoir des occasions que ma génération n’avait pas. Nous pouvons être la raison pour laquelle ils peuvent réaliser leur plein potentiel. »
L’importance d’une couleur
L’initiative Orange Jersey Project mise sur le pouvoir du sport pour sensibiliser les jeunes à l’histoire des pensionnats et renforcer la voie vers la vérité et la réconciliation
Le Canada souligne aujourd’hui pour la deuxième fois la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation en l’honneur des enfants, des survivantes et survivants, des familles et des communautés entières touchés d’une manière ou d’une autre par les pensionnats, mais la journée revêt une importance pour les peuples autochtones depuis longtemps déjà.
Depuis 2013, le 30 septembre marque la Journée du chandail orange, une initiative de Phyllis Webstad, elle-même survivante des pensionnats. C’est elle qui, lors de sa première journée au pensionnat St. Joseph’s Mission à l’automne 1973, portait un chandail orange, lequel lui avait été retiré par les membres du personnel.
« La couleur orange m’a toujours rappelé une époque où… mes sentiments ne comptaient pas, où personne ne se souciait de moi et durant laquelle j’ai eu l’impression de valoir moins que rien », souligne madame Webstad sur le site OrangeShirtDay.org. « Nous étions des enfants en pleurs, laissés à nous-mêmes. »
Madame Webstad a mis sur pied l’organisme Orange Shirt Society afin de raconter son histoire, dans l’espoir que d’autres puissent en bénéficier et comprendre, et que d’autres survivantes et survivants se sentent enfin à l’aise de parler de leur propre expérience.
L’an dernier, l’organisation s’est tournée vers le milieu sportif en créant l’Orange Jersey Project. Le fils de madame Webstad, Jeremy Boston, a assumé le rôle de gestionnaire de projet dans le cadre de l’initiative. D’après ce que l’on peut lire sur le site, cette initiative est née d’une idée bien simple – « Et si l’on pouvait se servir du pouvoir qu’a le sport pour mieux sensibiliser les jeunes athlètes d’aujourd’hui à l’histoire des pensionnats autochtones et pour renforcer la voie vers la vérité et la réconciliation avec les peuples autochtones? »
C’est dans cet esprit de sensibilisation que l’on a inclus sur chaque chandail un code QR menant vers une plateforme en ligne, laquelle fera découvrir aux jeunes l’histoire du système des pensionnats, l’objectif étant de favoriser l’apprentissage, la mobilisation, le partage et la tenue de nouvelles activités.
L’initiative a commencé par des chandails de hockey durant la saison 2021-2022, dont plus de 20 000 ont été remis au cours des deux dernières saisons à des équipes aux quatre coins du pays.
La saison dernière, l’Orange Jersey Project s’est associé avec la Ligue de hockey de l’Ouest (WHL), chacune des équipes du circuit arborant au début du mois d’octobre 2022 un logo sous le thème de la vérité et de la réconciliation. Onze équipes ont emboîté le pas en portant des chandails orange de série limitée durant les échauffements précédant leurs matchs en février 2023, qu’elles ont ensuite mis aux enchères.
Au terme de la campagne, une somme de 22 500 $ a été remise à l’Orange Shirt Project et servira à fournir à d’autres équipes du hockey mineur leurs propres chandails orange.
À l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, HockeyCanada.ca s’est entretenue avec M. Boston au sujet de l’Orange Shirt Project, de la cause à laquelle s’est dévouée sa mère avec tant d’ardeur et qu’il défend à son tour aujourd’hui, et de ce que réserve l’avenir.
D’où est venue l’idée de l’initiative Orange Jersey Project?
On doit l’Orange Jersey Project à Tyler Fuller, un membre de la Première Nation de Kawacatoose en Saskatchewan, qui a joué au hockey chez les professionnels dans la Central Hockey League (CHL) et la Ligue internationale de hockey (IHL). L’idée lui est venue pendant qu’il écoutait les nouvelles avec son épouse Amanda, au moment où ils ont appris que les restes de 215 enfants – des élèves de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops à Tk’emlúps te Secwépemcont – avaient été retrouvés enterrés.
Tyler et Amanda ont eu l’idée de dessiner un chandail de hockey qui permettrait d’éclairer les gens au sujet des survivantes et survivants ainsi que des autres victimes des pensionnats. Tyler a donc communiqué avec le chef Willie Sellars de la Première Nation de Williams Lake pour lui demander conseil. Ce dernier l’a aiguillé vers Phyllis Webstad, fondatrice de l’organisme Orange Shirt Society, qui a aidé Tyler à mettre son idée à exécution en le mettant en contact avec la direction.
Pourquoi était-il important que l’Orange Shirt Society s’implique dans le milieu sportif?
Le hockey et le sport en général offrent une excellente occasion pour que tous - Autochtones et non‑Autochtones - se rassemblent et découvrent la véritable histoire du Canada. L’Orange Shirt Society s’est donné comme mission de favoriser les gestes concrets en faveur de la vérité et de la réconciliation, et est certainement en mesure de conscientiser les athlètes quant à l’histoire des pensionnats autochtones au Canada. L’organisme s’efforce de sensibiliser la population aux répercussions qu’ont eues ces établissements sur de multiples générations, de même qu’au mouvement Chaque enfant compte.
Pourquoi cette initiative est-elle importante pour votre famille et pour la communauté autochtone?
Dans ma famille, quatre générations ont fréquenté les pensionnats. Mon arrière-grand-mère Lena Jack, ma grand-mère Rose Wilson et ma mère Phyllis Webstad y ont toutes été. Pour ma part, j’ai fréquenté le dernier pensionnat opérationnel en 1996. Cette initiative est importante dans notre parcours de guérison, et nous aidera à repartir sur de nouvelles bases, dans un pays que nous pourrons tous et toutes aimer. Elle nous aidera à abaisser les barrières entre les Autochtones et le reste la population, à nous unir et à poursuivre nos efforts collectifs de sensibilisation et d’apprentissage, toujours dans le souci de la vérité et de la réconciliation.
Comment les équipes intéressées peuvent-elles obtenir leurs chandails orange?
À compter d’aujourd’hui, il suffit de se rendre au OrangeJerseyProject.ca (site en anglais seulement) pour s’inscrire et demander des chandails d’entraînement ainsi que notre programme éducatif. Le tout est offert gratuitement, jusqu’à épuisement des stocks.
Une fois que les équipes ont reçu leurs chandails, nous les encourageons à choisir plusieurs pratiques tout au long de la saison où elles les porteront et passeront quelques minutes à reconnaître les terres visées par un traité sur lesquelles elles jouent, de même que les peuples autochtones qui y vivent. Nous invitons également les équipes à tenir des activités de promotion de l’esprit de corps à l’extérieur de la patinoire en suivant ensemble le programme éducatif.
Le hockey d’abord… Quels autres sports suivront?
Pour l’heure, nous nous concentrons sur le hockey, mais avons l’intention de nous tourner vers d’autres sports en 2024.
Laisser une impression durable dans le Nord
Grâce à son amour pour sa famille, au hockey, à son héritage métis et à sa volonté d’améliorer le sort des jeunes autochtones, Tommy Williams a eu un impact positif aux Territoires du Nord-Ouest
Tommy Williams était un homme du peuple aux Territoires du Nord-Ouest. Non seulement dans ses nombreux rôles au fil de sa longue carrière dans la fonction publique, mais également à l’aréna.
« Il était un homme sensationnel… tellement passionné de hockey, il y mettait tout son cœur », confie Pamela Williams, épouse de Tommy pendant 32 ans. Il se souciait tellement des gens, il voulait transmettre aux jeunes l’amour et la joie qu’il éprouvait pour ce sport. »
Williams a rendu l’âme en août dernier à la suite d’une bataille contre le cancer. Il avait 60 ans. Il a laissé un legs durable dans la communauté par son amour pour sa famille, le hockey, son héritage métis et ses efforts à améliorer les conditions des jeunes du Nord.
Il a gardé les buts pendant 48 ans, jouant jusqu’à ce qu’il ne soit physiquement plus capable de le faire, malgré le remplacement d’un genou et d’une hanche.
Sa fille, Aurora, se souvient qu’il s’est toujours impliqué dans le hockey.
« Il m’a dirigée quand j’étais jeune, il était toujours un favori des joueuses, dit-elle. Il était jovial et se faisait des amis partout dans l’aréna. Tout le monde le respectait et il ne laissait personne indifférent. »
Sa passion pour le hockey était bien évidente pour sa famille, y compris Pamela. Être à l’aréna, ça rendait Tommy heureux, peu importe s’il jouait, dirigeait une équipe ou regardait une partie.
« Il voulait devenir un joueur de hockey professionnel, et il passait tout son temps libre à l’aréna, lance Pamela. Il jouait dans des ligues de hockey récréatif et des ligues de vétérans, et il allait voir jouer ses enfants et ses petits-enfants à la maison et dans différentes villes lors de tournois. »
Tommy a joué à divers niveaux; il a même atteint la Ligue de hockey de l’Ouest (WHL) avec les Tigers de Medicine Hat à titre de gardien de but substitut à l’ancien de la LNH, Kelly Hrudey. Il a profité de son passage dans la WHL, mais il a toujours senti le besoin de revenir dans le Nord et de voir comment il pouvait participer à l’essor du hockey et au soutien des peuples autochtones dans sa communauté.
« Il a été un modèle tellement important pour les jeunes autochtones, fait remarquer Aurora. Il était fier de qui il était, il pouvait comprendre ce que les jeunes de la région pouvaient vivre. Les enfants qu’il a dirigés au fil des ans parlent encore de l’impact qu’il a eu sur eux. »
James a naturellement suivi les traces de son père, éprouvant un amour pour le hockey dès son jeune âge. Son père a été son entraîneur et il lui a appris beaucoup à propos de ce sport, sur la glace comme ailleurs. Au fil de sa carrière de joueur, il a tiré profit des leçons apprises.
James a quitté le nid familial à l’âge de 14 ans pour jouer au hockey junior A à Summerside, à l’Île-du-Prince-Édouard, au sein des Western Capitals de la Ligue de hockey des Maritimes. Il a joué quelques années au hockey universitaire avant de retourner à la maison pour de bon. Il a tout de même continué de jouer dans les mêmes ligues récréatives où son père avait joué.
« Il a toujours voulu ce qu’il y avait de mieux pour moi et ma sœur, commente James. Quand je suis parti et que je m’ennuyais de la maison, il m’a poussé pour que je sois à mon sommet et il a cru en moi. Maintenant que je suis de retour à Inuvik et que je joue ici, les gens des ligues me parlent de lui et me disent ce qu’il signifie pour la communauté du hockey. »
Comme son père l’avait fait en 2007, James a eu l’occasion de diriger Équipe T.N.-O. aux Jeux d’hiver du Canada en 2023.
Tommy tissait facilement des liens avec les gens, particulièrement grâce à notre sport national. Une année, quand personne ne s’est manifesté pour prendre les rênes de l’équipe des M18, Tommy a accepté de le faire.
« C’est l’une de mes histoires préférées à propos de mon père, confirme James. Il faisait ce que personne d’autre ne voulait faire, et ces jeunes qu’il a dirigés sont devenus des meneurs dans leurs communautés. Il était fier de ses racines autochtones et il voulait générer des occasions pour les gens du Nord. »
Quand Tommy est décédé, ces joueurs ont confié à la famille Williams à quel point il avait contribué à leur développement sur la glace et dans la vie en général.
L’impact de Tommy sur sa communauté est vaste. En plus d’avoir été le président et chef de la direction de la Northwest Territories Housing Corporation, il a également ouvert un magasin d’équipements de sport à Inuvik afin qu’un plus grand nombre de jeunes autochtones puissent jouer au hockey. Il n’a jamais cru au fait que l’argent devait être un obstacle à la pratique du hockey pour les familles. Il a donc créé un fonds pour aider les jeunes à payer les frais liés à la pratique du hockey.
« Il voulait juste que les jeunes du Nord aient la même chance que ceux ailleurs au Canada, raconte James. Il était une personne au service du public, et il comprenait bien ce rôle, mais il a aussi compris le besoin de contribuer à la société au moyen du sport. »
Avant le décès de Tommy, la communauté lui a rendu hommage pour ses contributions au hockey en retirant son chandail des Mad Trappers à l’aréna olympique Ed-Jeske. Ce moment a eu une grande signification pour la famille Williams.
« Il était tellement honoré de ce geste et ça l’a rendu émotif, se souvient Aurora. Ça me touche encore quand je vois son chandail à l’aréna. Nous sommes tous et toutes fiers de cet honneur. »
Le hockey va toujours faire partie de leurs vies; James, Aurora et son mari Bryon jouent dans des ligues récréatives à Inuvik, et quatre enfants d’Aurora pratiquent ce sport. Sachant à quel point Tommy aimait le hockey, ils veulent poursuivre son héritage pour leurs enfants, mais aussi pour les jeunes de leurs communautés.
« Il était un homme merveilleux qui a partagé sa passion du hockey avec tout le monde, explique Pamela. Il est parti trop tôt, mais il a vécu une belle vie. »
L’art autochtone qui met en valeur l’unité
Le prix de Joueur du match au Championnat mondial de parahockey sur glace 2023 de la WPIH est une œuvre de série limitée conçue par des artistes autochtones locaux
L’unité est à l’avant-plan au Championnat mondial de parahockey sur glace 2023 de la WPIH grâce à une collaboration entre deux artistes autochtones locaux.
Brandy Jones est une artiste inuite qui a grandi en Colombie-Britannique et déménagé à Regina quand elle avait 12 ans. Ses œuvres symbolisent l’unité entre tous les peuples autochtones au moyen d’un amalgame de techniques propres à l’art de ces derniers. Rodger W. Ross est de descendance métisse et crie de la Première Nation George Gordon en Saskatchewan. Artiste multidisciplinaire depuis plus de quatre décennies, il a produit des documentaires qui lui ont valu des prix sur la scène internationale.
Apprenez-en plus sur les œuvres qui sont mises en valeur sur le prix de Joueur du match au tournoi. Les réponses aux questions ont été légèrement modifiées pour condenser la lecture et en faciliter la compréhension.
Hockey Canada (HC) : Commentest née cette collaboration au Championnat mondial de parahockey sur glace 2023 de la WPIH?
Rodger Ross (RR) : J’avais déjà travaillé avec les Warriors de Moose Jaw, d’abord pour une présentation sur ma culture, puis à la conception d’un chandail orange pour l’équipe. Quand l’occasion s’est présentée pour le Championnat mondial de parahockey sur glace, une dame avec qui j’avais déjà collaboré a donné mon nom. […] Voyant à quel point les formes artistiques de Brandy fonctionnaient à merveille pour ce prix, ça me semblait une collaboration parfaite. Donc, lorsqu’on m’a demandé qui je recommanderais, c’est le premier nom que j’ai suggéré.
Brandy Jones (BJ) : Roger m’a toujours beaucoup appuyée dans mon travail. Il ne se contente pas de me donner des conseils. Quand nous collaborons pour des œuvres, il remarque des détails à mesure que je progresse dans mes créations. Il a un très bon œil. Par exemple, le casque de hockey de notre œuvre était d’abord lié à une plume qui se trouve juste derrière. Il m’a dit : « Tu devrais tracer une ligne blanche pour faire une séparation. » C’est quelque chose que je n’avais pas vu. Je ne veux jamais dire non à Rodger parce qu’il obtient toujours les mandats les plus amusants… je suis toujours bien ravie de l’aider.
HC : Quelle est l’inspiration derrière la conception des œuvres pour le prix de Joueur du match?
RR : Quand on nous a approchés, je voulais en savoir plus sur le parahockey car je n’avais pas vu beaucoup de matchs. J’en ai regardé quelques-uns, et je suis tellement impressionné par ce sport, étant moi-même un ancien joueur de hockey. Pour moi, les mouvements, la puissance et l’énergie constante des joueurs de parahockey devaient être à l’avant-plan dans notre création. […] Je voulais d’abord qu’un joueur soit bien mis en évidence au centre, et aussi qu’on sente le mouvement, car la forme artistique de Brandy l’illustre tellement bien. Ensuite, je me suis dit que la meilleure façon d’inclure les pays participants au tournoi était au moyen de leurs drapeaux. […] On a les drapeaux métis, de la Saskatchewan, du traité n o 4 et évidemment celui du Canada, qui est représenté dans le logo. À mes yeux, les drapeaux sont les éléments naturels de l’œuvre.
BJ : Je trouve le résultat parfait. Pour moi, c’est une représentation fidèle du Canada.
HC : Brandy, vous avez également créé une autre œuvre pour des parties prenantes de l’événement. Qu’est-ce qui vous a inspirée pour celle-ci?
BJ : C’est un Oiseau-Tonnerre. Parfois, c’est difficile pour les gens de bien comprendre ce type de création. Certaines personnes le voient immédiatement, et d’autres se demandent c’est quoi. Nous en avons parlé Rodger et moi. Nous avons examiné les quatre directions et ce que chacune d’entre elles représentait. J’ai vraiment tenté de représenter chaque animal, mais c’était difficile. J’ai donc préféré me concentrer sur celui qui était le plus évocateur des quatre. J’ai aussi ajouté un ours. Mais, pour une raison quelconque, c’est l’Oiseau-Tonnerre qui est vraiment ressorti du lot, car il y a des éléments qui font penser au tonnerre. C’est aussi simple que ça. C’est l’animal qui selon moi était le plus suggestif et qui se démarquait le plus pour représenter ce que nous voulions montrer.
HC : C’est la première fois que le Championnat mondial de parahockey sur glace est tenu au Canada. Quel est votre sentiment quand vous pensez à votre contribution au legs de l’événement?
BJ : C’est tellement difficile de répondre à la question parce que mon sentiment est si fort. Je ne peux le décrire autrement; c’est beau de pouvoir représenter mon pays et aussi la province dans laquelle je vis. C’était assurément un travail fait par amour, et je ne pourrais être plus contente.
RR : Pour moi, c’est une question de relations avec les autres. Pour des raisons d’inclusion des Autochtones, c’est toujours un immense honneur pour moi d’accepter une invitation qui me permet de faire entendre nos voix et qui aide nos peuples à être représentés. Mais je vois aussi cela comme une obligation de réconciliation. […] Ça me rend vraiment fier de m’impliquer dans le cadre d’un événement international et d’en faire partie. Pour Brandy et moi, le fait d’être invités à remettre ce prix pour le match entre les États-Unis et le Canada devant la planète entière, ça envoie en message fort. Nous ne sommes jamais partis, et nous ne partirons jamais. Nos cultures sont belles. Il est temps que nos voix soient entendues.
Trouver de nouvelles façons de gagner
Prête pour la prochaine étape de son cheminement au hockey, Keyanna Lea saisit l’occasion d’être derrière le banc et de servir de modèle pour les jeunes joueurs autochtones
Dernièrement, Keyanna Lea accumule les victoires, tant sur la glace que derrière le banc.
En avril dernier, la joueuse de 21 ans de la Première Nation de Berens River a remporté le championnat de la Ligue de hockey féminin junior du Manitoba (MWJHL) avec le Prairie Blaze et a été nommée Joueuse par excellence des séries après avoir obtenu 13 points (7 buts et 6 mentions d’aide) en 8 matchs.
Un mois plus tard, elle était entraîneuse adjointe pour Équipe Manitoba, qui a remporté la médaille d’or à l’édition 2022 du Championnat national autochtone de hockey (NAHC), disputé à Membertou, en Nouvelle-Écosse. C’était sa première expérience derrière le banc de l’équipe provinciale après avoir conquis l’or en tant que joueuse en 2017 et 2018.
« J’avais une perspective tout autre, affirme Lea. C’était surréel de revivre cette expérience. La dernière fois que j’ai participé (en 2018), c’était comme joueuse et nous avions gagné l’or. Ce fut une transition difficile : c’était stressant, et je ressentais la même chose que les filles, mais en tant qu’entraîneuse, on ne veut pas trop laisser paraître ses émotions. Être derrière le banc, c’est une véritable leçon d’humilité. C’était surtout difficile lors du match pour la médaille d’or, car je voulais vraiment contribuer sur la glace, mais les filles m’ont facilité le travail en exécutant ce que leur demandait le personnel d’entraîneurs. »
Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’aventure de Lea au hockey a été fascinante.
Après avoir joué pour l’équipe préparatoire de Balmoral Hall lors de leur onzième année, en 2016-2017, Keyanna et sa sœur jumelle, Keyara, ont été approchées pour se joindre aux Shamrocks de Boston, dans la Ligue de hockey féminin junior (JWHL), celle où évolue Balmoral Hall. Keyanna a connu une bonne saison 2017-2018 pour Boston, marquant 11 buts et 4 mentions d’aide en 22 matchs.
Après avoir obtenu leur diplôme d’études secondaires en 2018-2019, les sœurs ont failli s’engager à jouer pour l’Université du Manitoba, mais ont plutôt opté pour un retour à la JHWL, cette fois sous les couleurs du New England Hockey Club.
La saison suivante, elles sont revenues à Winnipeg, où Keyanna a accepté un emploi comme travailleuse de soutien à Shawenim Abinoojii, un organisme à but non lucratif de Riverton, au Manitoba, qui œuvre auprès d’enfants et de familles des Premières Nations.
Lea prévoit jouer une année de plus avec le Blaze, mais elle sait que ses jours de joueuse de l’élite sont comptés – d’où la transition vers l’entraînement.
« Après mon expérience derrière le banc au NAHC, j’ai réalisé que j’y avais ma place. J’adorerais pouvoir poursuivre mon parcours d’entraîneuse, affirme-t-elle. Mon emploi me donne la flexibilité pour le faire. »
Lea donne tout le mérite à Dale Bear, l’entraîneur-chef au Blaze et pilote de longue date d’Équipe Manitoba au NAHC. Celui-ci l’a non seulement encouragée à devenir entraîneuse, mais il a aussi eu une incidence énorme sur sa carrière de hockeyeuse, sur la glace et ailleurs.
Comme Lea avait déjà aidé Bear lors des essais pour Équipe Manitoba en tant qu’instructrice sur glace et entraîneuse de banc, elle n’a pas hésité longtemps avant d’accepter son offre d’être son entraîneuse adjointe.
« Depuis pratiquement le jour 1, j’ai admiré Dale, car il me permettait d’être la joueuse que je voulais être. Il m’écoutait et me faisait des critiques constructives. Il me donnait des commentaires dont j’avais besoin, tant comme joueuse que comme personne. Je me suis toujours sentie près de lui, et il a toujours été là pour moi. C’est dur pour moi de le voir simplement comme un entraîneur, car il a tant fait pour moi, dans le hockey et dans ma vie personnelle. Grâce à lui, j’ai atteint mon plein potentiel. »
Bear a toujours vu que Lea avait des qualités de meneuse; c’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il l’a incitée à passer derrière le banc cette saison.
« Keyanna me disait toujours qu’elle voulait donner en retour. Je lui ai donc parlé de l’entraînement, et elle a sauté sur l’occasion. Quand elle joue, elle démontre un grand leadership, le type de leadership que nous recherchons chez les entraîneurs de notre programme. Elle est très concentrée, mais surtout, elle a un grand cœur et sait exactement ce qui se passe dans la tête des jeunes joueuses. Pour les filles et moi, c’est un énorme avantage de l’avoir derrière le banc. »
Lea a déjà sa certification Entraîneur 1 du Programme national de certification des entraîneurs et prévoit obtenir sa certification Entraîneur 2 la saison prochaine. Récemment, on lui a offert d’entraîner une équipe de M9 à Riverton l’an prochain.
« J’adorerais retourner à la maison et offrir à ces enfants une expérience similaire à celle que j’ai eue, confie-t-elle. Le hockey m’a amenée un peu partout, alors j’irai partout où ma carrière d’entraîneuse me mène – dans la région d’Interlake, ailleurs au Manitoba, peu importe. »
C’est peut-être cliché de dire que Lea a bouclé la boucle quant au hockey, mais c’est la vérité. Elle se prépare maintenant au prochain chapitre de sa carrière au hockey et veut redonner à sa communauté.
« Keyanna est très fière de ses origines autochtones, travaille fort et a une excellente attitude, résume Bear. Ce sont ces qualités que nous voulons inculquer chez nos jeunes athlètes autochtones. La plupart du temps, les joueurs autochtones se sentent écartés ou sont intimidés à l’idée de participer à des essais et à des camps. Mais s’il y a davantage d’entraîneurs autochtones, ces jeunes seront plus nombreux à faire partie d’équipes et de ligues qui manquent de diversité. »
Les Fighting Walleye célèbrent la culture autochtone
Les Fighting Walleye de Kam River ont tenu leur première Soirée de la vague orange pour célébrer la culture autochtone et amasser de l’argent afin de créer des bourses d’études postsecondaires
Pour Trenton Morriseau, des matchs comme ceux de la Soirée de la vague orange (Orange Wave Night) sont spéciaux, mais il est bien conscient qu’en matière de relations avec les Autochtones au Canada, la guérison et la croissance nécessiteront un processus.
Le 12 mars, l’équipe de Morriseau, les Fighting Walleye de Kam River de la Ligue internationale de hockey junior du Supérieur (SIJHL), a tenu la première Soirée de la vague orange à l’aréna Norwest d’Oliver Paipoonge, en Ontario, afin de célébrer la culture et les traditions autochtones.
Les membres des Fighting Walleye ont porté des chandails orange spécialement créés pour l’événement et commandités par Jason Thompson et son entreprise, Warrior Supplies and Engineering. La couleur orange est devenue un symbole du mouvement autochtone. Selon l’équipe, l’événement vise à célébrer la diversité, à promouvoir la sensibilisation culturelle et à appuyer la communauté autochtone par le sport.
Les chandails portés lors du match ont été mis aux enchères et les sommes récoltées – plus de 10 000 $ – serviront à créer des bourses d’études postsecondaires pour des joueurs autochtones.
Morriseau, qui est né et a grandi dans la Première Nation de Fort William, affirme que le travail ardu de tous les membres de l’organisation des Walleye et des commanditaires ayant permis la tenue de cet événement sera fort profitable.
« C’est vraiment important de célébrer notre culture avec les résidents d’Oliver Paipoonge, explique le jeune homme de 19 ans. C’est un pas dans la bonne direction pour la guérison des peuples autochtones et la réconciliation avec ceux-ci. »
Morriseau en est à sa deuxième année avec le Walleye, qui a commencé ses activités en 2020, mais il s’agit de sa première saison complète avec le club, puisqu’une bonne partie de la campagne 2020-2021 a été annulée en raison de la pandémie de COVID-19.
L’ancien du programme AAA des Kings de Thunder Bay a terminé la saison 2021-2022 au neuvième rang des pointeurs de la SIJHL avec une récolte de 21 buts et 29 mentions d’aide.
Il avoue qu’il mentirait s’il affirmait qu’il n’avait jamais été confronté à des préjugés au cours de son parcours de hockeyeur.
« Toutes les personnes autochtones subissent une forme de racisme à un moment ou à un autre, souligne l’avant de 5 pi 10 po. C’est notre travail d’essayer d’éduquer les gens et de rétablir les faits. Ce n’est pas de leur faute : ce sont de bonnes personnes, mais ils ne font que répéter ce que leurs parents disent à la maison. C’est donc à nous de les sensibiliser. Il faut garder cela à l’esprit. »
La cérémonie d’ouverture de la Soirée de la vague orange mettait en vedette un groupe de percussionnistes autochtones accompagnés de Ron Kanutski, l’équipe Little NHL de la Première Nation de Fort William et des dignitaires de la communauté.
Ces dignitaires étaient Aaron Kakapetum (gestionnaire principal des comptes commerciaux des services bancaires aux Autochtones, RBC); Trevor Iserhoff (directeur de l’inclusion et de la diversité, SIJHL); Colin Campbell (copropriétaire, Fighting Walleye de Kam River); Jason Thompson (propriétaire et fondateur, Warrior Supplies and Engineering); le chef Peter Collins (Première nation de Fort William); le grand chef Derek Fox (Nation Nishnawbe-Aski); et Beatrice Hynnes (chanteuse de l’hymne ojibwé).
Les Fighting Walleye ont couronné la soirée en revenant de l’arrière pour vaincre les Ice Dogs de Dryden 3-2, grâce à un but de Morriseau avec seulement 3 min 45 s à faire.
Motivée à faire la différence
Fière Autochtone, Victoria Bach s’est approprié ses racines et redonne au suivant, tout en gardant le cap sur une possible participation aux Jeux olympiques
Victoria Bach n’a pas beaucoup de temps libre ces jours-ci.
En plus de ses activités au sein de la Professional Women’s Hockey Players’ Association (PWHPA), Bach fait une maîtrise professionnelle en enseignement à l’Université Queen’s et, surtout, elle se prépare en vue de la quête d’une médaille d’or au Championnat mondial féminin 2021 de l’IIHF et d’une place au sein de la formation qui participera aux Jeux olympiques d'hiver de 2022.
Qui a dit que la vie était ennuyante pendant une pandémie mondiale?
Et pourtant, au cours des derniers mois, un autre projet a été au centre de la vie de Bach – collaborer avec des communautés autochtones de l’ensemble du pays.
Fière membre de la Première Nation des Mohawks de la baie de Quinte, près de Belleville, en Ontario, l’athlète de 24 ans est animée par la mémoire de sa regrettée grand-mère dans sa quête de redonner au suivant.
Happy National Indigenous Peoples Day! Especially to this strong woman. Miss you everyday Grandma. I am proud to be indigenous! 🤍 pic.twitter.com/urbadYopVI
— Victoria Bach (@veebach21) June 21, 2020
( Bonne Journée nationale des peuples autochtones! Surtout à cette femme exceptionnelle. Tu me manques chaque jour grand-maman. Je suis fière d’être une Autochtone! )
« Ma grand-mère, Shirley a grandi à Tyendinaga », confie Bach. « Elle a toujours été un modèle important pour moi. J’ai écouté ses histoires et découvert ce qu’elle a accompli au cours de sa vie. Elle est une inspiration. »
Dans le but d’atteindre un plus grand public, Bach a interpellé l’organisation ProPacts, un groupe comprenant le membre du Temple de la renommée Brian Trottier, la double médaillée d’or olympique Shannon Szabados, et bien d’autres, qui travaille avec des athlètes pour créer des événements interactifs et stimulants.
« J’ai fait quelques présentations sur les aptitudes de vie », lance-t-elle. « J’ai aussi fait des démonstrations d’entraînement. L’initiative rassemble des modèles et sert en quelque sorte de programme de mentorat. »
C’est du donnant-donnant. Autant les gens de l’autre côté de l’écran tirent profit de la présence de Bach, autant cette dernière profite de leur participation qui l’aide à consolider sa compréhension de la culture autochtone au fil des conversations.
Bach n’a pas grandi dans une réserve, et ainsi, c’est à travers les histoires de sa grand-mère et de son grand-père qu’elle s’est approprié ses racines mohawks et qu’elle pave la voie de sa propre famille.
« Je n’ai pas eu la chance de goûter à cette culture », souligne-t-elle, notant au passage qu’elle suit des cours portant sur la culture autochtone à l’Université Queen’s. « C’est important d’apprendre l’histoire, les difficultés et les différentes langues de mon peuple et tout ce qui a trait au fait d’être d’origine autochtone. »
Si tout se déroule comme prévu, elle pourra profiter d’une plateforme d’envergure pour raconter son histoire au cours des huit prochains mois.
Bach est l’une des 28 joueuses qui ont été sélectionnées pour faire partie de la centralisation avec l’équipe nationale féminine du Canada en prévision des Jeux olympiques d’hiver de 2022. De ce groupe, 25 seront choisies pour représenter le Canada au Mondial féminin à Calgary, qui se mettra en branle le 20 août.
Elle a vécu ce parcours en montagnes russes qui a caractérisé l’organisation du Mondial féminin au cours des 16 derniers mois – le Mondial féminin 2020 a été annulé dès les premiers jours de la pandémie, puis, en avril, la province de la Nouvelle-Écosse a décidé de ne pas donner le feu vert pour la présentation du tournoi en 2021, à seulement deux semaines des premières parties. Cependant, il semble que tout soit en place pour la tenue de l’événement dans la ville du Stampede.
« Nous avons tellement hâte d’aller à Calgary, de jouer des matchs et de partir à la conquête du titre de ce championnat mondial », confie l’ancienne porte-couleurs de l’Université de Boston. « Depuis un an et demi, on attend pour avoir la chance de participer à cet événement. Finalement, ça s’en vient. »
Bach a été remarquable avec l’équipe nationale féminine de développement du Canada, obtenant 33 points en 35 parties de 2015 à 2018, avant de faire ses débuts avec l’équipe nationale féminine à la Coupe des 4 nations 2018.
Avec la formation senior, elle a touché la cible quatre fois en 15 rencontres, inscrivant notamment ce but mémorable face aux États-Unis lors de la Série de la rivalité en février 2020, juste avant que la COVID-19 ne mette la vie sur pause partout dans le monde.
🚨 @katbt617 knocks, lets @veebach21 do the honours of opening the door. VICTORIA WINS IT IN VICTORIA❗️#RivalrySeriespic.twitter.com/UpUiMg0kar
— Team Canada Women (@HC_Women) February 4, 2020
( Blayre Turnbull cogne à la porte et laisse l’honneur de l’ouvrir à Victoria Bach. VICTORIA DONNE LA VICTOIRE AU CANADA À VICTORIA! )
Le prochain Mondial féminin ne représente que la première étape. Dès la remise des médailles d’or en Alberta, l’attention convergera immédiatement vers Beijing et l’aventure de six mois de la centralisation olympique.
« Nous sommes ici pour compétitionner en groupe et nous améliorer », lance Bach. « Après le Championnat mondial, un nouveau chapitre se mettra en branle. Nous nous poussons nous-mêmes et entre nous. Je suis vraiment ravie d’avoir la chance d’être en compétition au quotidien avec d’autres. Je pense que ce sera une superbe expérience. »
Avec autant de projets, on pourrait pardonner Bach de ne pas avoir un seul objectif en tête. Tout est une question de savoir qui elle est, d’où elle vient et ce qu’elle représente.
« J’espère être un modèle et une inspiration pour les jeunes filles et garçons autochtones. »
Un camp puissant pour un peuple puissant
Un camp de hockey créé par Wacey Rabbit et soutenu par l’Indigenous Sport Council of Alberta permet aux enfants autochtones de s’épanouir
Pour Wacey Rabbit, le hockey et la communauté ont toujours fait bon ménage. Il se souvient que se rendre à l’aréna pour une de ses séances d’entraînement nécessitait un effort de toute la famille.
« Ma mère ne savait pas comment m’enfiler mon équipement et j’avais un entraînement à 6 h, donc nous devions nous rendre chez mes grands-parents à 20 minutes de chez nous », dit Rabbit en riant. « J’étais assis à regarder mes dessins animés du samedi matin en mangeant mes céréales pendant que mes grands-parents montraient à ma mère comment me mettre mon équipement. »
Ces souvenirs remplis de temps avec la famille et les amis sont les bases sur lesquels repose l’amour de Rabbit pour ce sport. L’homme de 34 ans vient de terminer sa 15e saison au hockey professionnel. Depuis trois ans et demi, il porte l’uniforme des Icemen de Jacksonville dans l’ECHL. Cependant, ses expériences vécues au hockey n’ont pas toujours été positives. Rabbit se souvient de la première fois où il a été la cible de commentaires racistes et désobligeants à l’aréna, quand il avait 10 ans. Il participait à son premier tournoi important à l’extérieur de la Première Nation Kainai, dans le sud de l’Alberta.
« Je me rappelle d’en avoir parlé à mes parents et à mes grands-parents, et ma grand-mère m’avait dit : "Tu n’as pas à te sentir mal, c’est eux qui devraient se sentir mal de ce qu’ils ont dit. Sois fier de qui tu es et d’où tu viens." Cette pensée a toujours fait partie de moi après », raconte Rabbit.
« Je suis un homme très fier de mes origines autochtones. Je viens de la tribu des Blood, de la confédération des Pieds-Noirs. En reconnaissant ces aspects de ma vie, j’espère que les jeunes de la prochaine génération auront la fierté de réaliser leurs rêves, que ce soit sur une réserve ou ailleurs, à l’école et dans le sport, quelqu’il soit, et peu importe leur passion. Je veux qu’ils croient en eux et qu’ils foncent. »
Rabbit essaie d’épauler les jeunes autochtones dans la poursuite de certains leurs rêves. Pour ce faire, il a créé le camp de hockey WR20 Power Skill, et il fait des tournées en Alberta. (Il prévoit tenir ses camps dans les Premières Nations de l’ensemble du pays lorsque ce sera sécuritaire de le faire.)
« On essaie juste d’intégrer ce sport dans la vie des gens et de faire connaître les bienfaits du sport et d’une vie active », commente Rabbit. « Surtout avec la COVID-19, on peut remarquer à quel point cette pandémie a ébranlé certains jeunes… même si c’était une heure par jour, c’était important, pour leur santé mentale, qu’ils sautent sur la glace et s’amusent comme des enfants. »
Bien qu’il ait fallu changer certains emplacements et modifier des heures de glace afin de respecter les protocoles de la santé publique, Rabbit a réussi à organiser des camps dans les Premières Nations Kainai, Siksika et de Frog Lake. À chaque arrêt, il a recruté d’autres joueurs professionnels autochtones pour l’aider, notamment Devin Buffalo.
« Il suffit de l’observer travailler avec les enfants à Frog Lake pour remarquer que plusieurs entraîneurs n’ont pas ce lien avec les jeunes », témoigne Buffalo. « J’ai pu apprendre de lui, réaliser que pour les jeunes, le hockey est amusant et qu’il faut que ça le reste au lieu d’être trop sérieux, et que parfois, c’est correct de miser juste sur le plaisir et de garder les choses simples et plaisantes. »
Captain Indigenous from Frog Lake First Nation WR20 Power Skill Youth Hockey Camp. Day 2 let’s roll ! pic.twitter.com/AE23yROvNf
— Wacey Rabbit (@WaceyRabbit20) October 31, 2020
Ici Capitaine Autochtone en direct de la Première Nation de Frog Lake pour le camp de hockey WR20 Power Skill. Place au jour 2!
NDLR : Voici ce que dit Rabbit dans la vidéo : « Hé! C’est Capitaine Autochtone. Jour 2. Frog Lake. On y va! »
Quand il était jeune, Buffalo raconte qu’il savait que Rabbit avait eu une carrière junior marquée de succès dans la Ligue de hockey de l’Ouest (il a notamment gagné la coupe Memorial en 2007 avec les Giants de Vancouver) et qu’il avait ensuite joué au hockey professionnel, mais il ne le connaissait pas vraiment jusqu’à ce qu’ils évoluent dans l’ECHL. Les deux ont eu un parcours similaire. Buffalo explique que Rabbit est devenu un mentor naturel et qu’il l’a beaucoup appuyé au cours de son après-carrière de joueur, l’aidant à créer des camps axés sur le développement des gardiens de but autochtones.
« Maintenant, je donne au suivant en contribuant au développement de joueurs qui ne sont pas seulement de bons joueurs de hockey, mais aussi de bonnes personnes et de bons élèves en classe », commente Buffalo, qui a obtenu un diplôme en sciences politiques du Collège Dartmouth et joué pour l’équipe de hockey masculin de l’établissement.
En plus de tenir ses propres camps, Buffalo collabore avec l’Indigenous Sport Council of Alberta. Il raconte que c’était une excellente décision du comité de direction de nommer Rabbit ambassadeur du hockey pour le conseil.
« Il avait assurément toutes les caractéristiques recherchées pour devenir un ambassadeur, et considérant la façon qu’il interagit avec les enfants et le fait qu’ils ont tous de bons mots à dire sur lui, c’était donc une décision facile à prendre », affirme Buffalo.
« Le hockey est ma passion, mais mon peuple est ce qu’il y a de plus important pour moi, c’est ma famille », confie Rabbit. « J’espère que dans 10 ans, il y aura des centaines de jeunes dans la LNH et qu’on en verra un des Premières Nations porter le chandail des Maple Leafs et leur procurer finalement une coupe Stanley, et que ce jeune sera le capitaine qui hissera la bannière de championnat dans les airs; c’est ce que je souhaite pour la prochaine génération. »
Rabbit rit quand il parle à la blague de cette disette de 54 ans des Leafs, mais continue de garder le sourire en pensant aux possibilités pour son peuple.
« Pour notre prochaine génération, je veux m’assurer que les jeunes auront une transition plus facile vers le sport, parce qu’à la base, le sport, c’est la communauté. C’est une question de se rassembler, d’avoir du plaisir… C’est une question de former une communauté sportive. Je pense que c’est ce qui compte le plus.
« Tout le monde a une voix; tout le monde a le droit de jouer et de se sentir accepté. »
Plus de renseignements sur les camps de hockey pour les jeunes WR20 Power Skill se trouvent sur le compte Instagram de Wacey Rabbit (@wr20powerskills). Consultez aussi le site WaniskaMentality.com pour en apprendre plus sur les camps pour les gardiens de but de Devin Buffalo.
L’œil pour le talent
Trevor Iserhoff occupe un poste unique de dépisteur avec le Fighting Walleye de Kam River qui l’amène à épier les communautés des Premières Nations de l’ensemble du pays
Il y a quelques années, Kevin McCallum était sur la route dans le nord de l’Ontario pour un voyage de dépistage.
« J’étais à Cat Lake pour mon emploi à l’époque, et le gars qui me conduisait a pointé une maison et m’a dit : "Le jeune de 17 ans qui habite là est le meilleur patineur que j’ai vu de toute ma vie." », se rappelle McCallum. « Il n’y avait pas vraiment personne qui l’avait à l’œil. »
Aujourd’hui, McCallum est le directeur général du Fighting Walleye de Kam River dans la Ligue internationale de hockey junior du Supérieur (SIJHL), un circuit junior A avec des équipes en Ontario, au Minnesota et au Wisconsin.
Quand on lui demande s’il y a du talent au sein des communautés des Premières Nations partout en Ontario et même au Canada, il raconte toujours cette histoire. Il croit que plusieurs secteurs du pays n’ont jamais été épiés par les dépisteurs, et que des équipes ratent de belles occasions.
« J’ai vu une tonne d’excellents joueurs qui ne bénéficient pas du soutien de bons entraîneurs, mais qui ont ce talent en eux », confie McCallum. « Si nous pouvons les repérer vraiment plus tôt et les guider au fil du processus, j’espère que nous pourrons les mener à une place au sein du Fighting Walleye et même plus loin. »
Le Fighting Walleye entame sa deuxième campagne dans la SIJHL, bien que sa saison d’expansion n’ait duré que quatre matchs en raison de la pandémie de COVID-19.
Depuis que le club a fait son entrée dans le circuit, le repérage et le recrutement de talents issus des communautés des Premières Nations sont une priorité; cet aspect est tellement important que l’une des premières embauches de McCallum a été celle de Trevor Iserhoff, à titre de dépisteur des Premières Nations. Iserhoff, originaire de Moose Factory, en Ontario, a joué au hockey mineur dans le secteur de Thunder Bay. Il a aussi évolué dans les rangs juniors en Ontario, en Saskatchewan et au Manitoba, en plus d’avoir fait un séjour aux États-Unis.
Après sa carrière junior, il a joué au sein d’une équipe masculine senior, puis il a dirigé ses enfants au hockey. Aujourd’hui, dans son rôle, il a des contacts partout au pays et cherche à repérer des joueurs des Premières Nations qui ont ce qu’il faut pour jouer au hockey junior A.
« J’ai eu la chance d’évoluer avec plusieurs bons hockeyeurs et aujourd’hui, ils vivent un peu partout au Canada », commente Iserhoff. « Je peux les contacter et leur demander s’ils connaissent des gens qui ont le talent pour jouer au hockey junior. Dans les médias sociaux, il y a des personnes qui me font signe et me demandent : "Ce jeune est-il assez bon pour jouer?" Je passe beaucoup de temps à contacter des gens ou à recevoir des messages par l’intermédiaire des médias sociaux. J’ai des connaissances de la Nouvelle-Écosse jusqu’en Colombie-Britannique qui m’épaulent. Je ne suis pas seul dans cette aventure. J’ai beaucoup d’aide. »
Iserhoff est modeste. Le travail qu’il accomplit pour le Fighting Walleye est remarquable et impressionnant. Il a grandi dans une famille des Premières Nations, il a joué au hockey junior et il a de bonnes connaissances du hockey junior. Son bagage est un atout fantastique pour le club de Kam River.
Ce bagage est aussi utile quand Iserhoff visite la famille d’un jeune hockeyeur et qu’il leur parle des avantages de se joindre au Fighting Walleye.
« C’est vraiment important que les parents nous fassent confiance. Ils envoient leur fils vivre dans une autre ville et rencontrer de nouvelles personnes », fait remarquer Iserhoff. « Pour moi, parler aux parents pour essayer de leur vendre l’idée d’envoyer leur fils évoluer dans un circuit de hockey junior, c’est vraiment bénéfique. Le fait d’avoir ces contacts qui communiquent avec moi et qui m’appuient en disant aux parents que l’expérience sera enrichissante pour leur fils et qu’il a ce qu’il faut pour jouer au hockey junior, ça aide. »
« Quand tu viens d’une communauté de 500 à 1 000 habitants et que tu déménages dans une ville de plus de 110 000, comme Thunder Bay, c’est vraiment un choc culturel et un tout autre environnement. Ça prend du temps à s’y habituer, mais une fois que c’est fait, tu passes les plus beaux moments de ta vie à jouer au hockey junior. »
La formation du Fighting Walleye compte présentement 11 joueurs qui proviennent des Premières Nations. Le club organise un camp pour les espoirs à la fin août et attend des joueurs du nord de l’Ontario et même du Nunavut.
Iserhoff, qui anime le balado Rez Hockey, dans lequel il s’entretient avec des joueurs des Premières Nations et raconte leurs histoires, donne un exemple qu’il espère que plusieurs autres suivront, puisqu’il sait qu’il y a des joueurs habiles au sein de ces communautés.
« J’espère que ça deviendra une tendance, parce qu’il y a assez de joueurs talentueux au sein des Premières Nations pour aider bon nombre d’équipes juniors », dit-il. « Je suis honoré d’être le premier au Canada à occuper ce poste particulier spécial, mais j’ai pu profiter de l’aide de plusieurs mentors et de personnes qui m’ont inspiré au hockey. C’est à mon tour de transmettre ce que j’ai appris d’eux. »
Pour plus d'informations : |
Jeremy Knight
Responsable, communications organisationnelles
Hockey Canada
(647) 251-9738
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