garrett riley on ice injury
© Matthew Murnaghan/Hockey Canada Images

Le remarquable rétablissement de Riley

Quand l’athlète paralympique Garrett Riley s’est fracturé la jambe à la fin octobre, nombreux sont ceux qui pensaient que sa saison était terminée, mais il n’a pas abandonné

Lee Boyadjian
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10 mars 2022
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La collision semblait plutôt anodine. Cependant, pendant que les joueurs se dispersaient et que le jeu se poursuivait, Garrett Riley était toujours allongé sur le côté dans la zone neutre. Le thérapeute sportif Michael Lenart a sauté sur la glace et a rejoint Riley dès que le coup de sifflet s’est fait entendre. Il a immédiatement fait appel à une assistance médicale. En quelques secondes, le Dr Roy Diklich était aux côtés de Riley et demandait une ambulance.

La jambe droite de Riley – sa seule jambe – était gravement fracturée.

Riley est un habitué des hôpitaux. À 15 ans, il a reçu un diagnostic d’ostéosarcome et s’est fait remplacer le genou gauche par une prothèse articulaire pour essayer de sauver le reste de sa jambe. Sept ans plus tard, l’apparition d’une infection a causé un choc septique chez Riley. Alors âgé de 22 ans, il a dû subir une amputation au-dessus du genou. Depuis cette opération en 2017, il a composé avec des problèmes liés à son membre résiduel, notamment des douleurs extrêmes nécessitant quelques interventions chirurgicales supplémentaires.

Les choses ont tellement mal tourné que la jeune étoile montante du parahockey a dû abandonner temporairement son sport après la saison 2018-2019, un an seulement après le début de sa carrière au sein de l’équipe nationale. Le natif de Brantford, en Ontario, craignait que ce soit la fin de son aventure au hockey, et la douleur ne diminuait pas.

« J’ai subi trois interventions chirurgicales à mon membre résiduel au cours des deux dernières années et demie pour essayer de soulager la douleur que j’ai constamment, tous les jours, explique Riley. Malheureusement, aucune des interventions n’a vraiment fonctionné, ce fut donc un gros pas de recul dans ma carrière. »

En août 2021, Riley a subi une nouvelle résection de son membre résiduel quelques semaines seulement avant le camp de sélection de l’équipe nationale de parahockey du Canada. Il se sentait déjà comme un négligé après avoir été absent du programme pendant deux ans et, physiquement, il n’était pas au sommet de sa forme. L’entraîneur-chef Ken Babey ne l’a toutefois pas vu de cette façon. Il a vu un jeune joueur au talent brut revenir dans le giron. Babey était enthousiasmé par ce jeune espoir.

 

Nous espérions que Garrett se présenterait au camp de sélection prêt à jouer cette saison et il l’a fait, a déclaré Babey. Il a mérité une place dans l’équipe et commençait vraiment à s’imposer [au début de l’année]. »

 

Au terme du camp, Riley envisageait la saison d’un bon œil. Le premier obstacle sur la route vers les Jeux paralympiques d’hiver de 2022 avait été franchi, l’entraînement allait bon train, et le calendrier de la saison, qui comprenait notamment un voyage à St. Louis en début de saison pour une série de deux matchs contre les États-Unis, s’annonçait bien.

La semaine a bien commencé, mais était chargée. Avec deux entraînements par jour pour entamer la semaine, les journées à l’aréna étaient longues, et l’équipe passait beaucoup de temps ensemble. Tout le monde était aussi curieux à propos de l’aréna – les matchs allaient se dérouler à l’extérieur. Cependant, quand l’équipe est arrivée à St. Louis, les travaux pour la préparation de la glace n’avaient même pas encore commencé. Chaque jour, la troupe canadienne se présentait et s’enquérait des progrès.

Tout le monde a été surpris quand la glace était prête pour la première mise au jeu le 29 octobre, et l’excitation était palpable. Les partisans ont commencé à arriver, dont une famille de quatre personnes originaire du nord de la frontière, vêtue fièrement de rouge et de blanc. Riley était anxieux à l’idée de retourner sur la glace dans l’uniforme unifolié, mais la nervosité a disparu pendant la période d’échauffement.

Le Canada a pratiqué un style robuste dès la mise au jeu initiale, ce qui n’est pas une surprise étant donné qu’il s’agissait de la première rencontre entre ces deux rivaux depuis le match pour la médaille d’or du Championnat mondial de parahockey 2021 du CIP, alors que le premier prix avait échappé aux Canadiens. Riley n’était pas du nombre en 2021, mais toute l’équipe estimait qu’il était important de s’imposer tôt dans le match.

Riley en était seulement à sa deuxième présence en première période, son équipement était même encore sec. Il s’est avancé en zone neutre pendant que l’attaquant américain Brody Roybal se dirigeait vers une rondelle libre. Voyant qu’il n’aurait aucun moyen d’atteindre la rondelle avant l’Américain, Riley prévoyait mettre Roybal en échec. Le défenseur canadien Adam Dixon avait le même plan. Roybal a vu venir Dixon et a freiné à temps. Riley a frappé la bande de plein fouet et s’est arrêté net, juste au moment où la luge de Dixon l’a frappé. Personne ne sait comment la jambe de Riley est sortie de la sangle, mais elle a encaissé toute la force du coup; les deux os de son mollet ont été fracturés.

 

Je me souviens que j’avais les yeux fermés pendant qu’ils essayaient de me sortir de ma luge et de m’installer sur la civière, et quelqu’un m’a attrapé la main, se souvient Riley. C’était (le responsable de l’équipement) A.J. Murley, et je lui serai toujours reconnaissant pour ce moment-là. »

 

Diklich a accompagné Riley dans l’ambulance jusqu’à l’hôpital et a parlé à l’équipe de soins de St. Louis. Étant lui-même médecin urgentologue, Diklich a vu son lot de mauvaises fractures. Il était là quand ils ont essayé de retirer l’équipement de Riley, mais ils ont dû endormir l’attaquant pour le faire. Et une fois l’équipement retiré, la raison était évidente. Riley avait une fracture ouverte; le tibia avait traversé la peau. Une blessure difficile à gérer pour quiconque, encore plus pour quelqu’un qui n’a qu’une seule jambe.

À peine huit heures plus tard, Riley était opéré. Une tige fut installée pour soutenir son tibia, et il se sentait assez fort pour tenter de marcher le lendemain. Cela s’est avéré trop difficile, et les plans pour ramener Riley à la maison à bord d’un vol commercial ont été abandonnés. Le coordonnateur de l’équipe, Mitchell Furlotte, a attendu quelques jours avec Riley à St. Louis jusqu’à ce qu’un vol médical puisse être organisé.

Rentrer à la maison n’a pas été la partie la plus difficile de cette mésaventure. La blessure de Riley s’est produite à seulement 127 jours du début des Jeux de Beijing. Un rétablissement normal d’une fracture ouverte prend environ deux ou trois mois, mais c’est beaucoup de temps à l’écart pour un athlète de haut niveau qui s’entraîne six jours par semaine au gymnase ou sur la glace, surtout au cours d’une année paralympique. Riley a donc décidé sur le champ de ne pas rester aussi longtemps à l’écart et que sa blessure ne l’empêcherait pas de faire partie de l’équipe, pas après tout ce qu’il avait traversé au cours des deux dernières années.

« Ça m’a définitivement traversé l’esprit au début que ma saison était terminée, dit Riley. Mais ensuite, je me suis dit que j’en avais assez de traîner sans rien faire, donc si quelque chose tournait mal, ça tournait mal, mais à ce moment-là, j’avais juste besoin de me pousser et de reprendre l’action. »

Deux semaines après la collision, Riley était de retour au gymnase. Il faisait uniquement des entraînements des bras, mais il s’efforçait de ne rien perdre de tout ce qu’il avait gagné au cours de l’année. Il était en contact constant avec le personnel de soutien de l’équipe et a même travaillé avec des préparateurs physiques qu’il connaissait grâce à son expérience avec Équipe Ontario. Travailler seul dans le gymnase pendant plus d’un mois a été difficile pour Riley, mais il s’est concentré sur son objectif et a progressé un peu chaque jour.

Puis une infection est survenue.

Ce n’était rien d’alarmant au début, mais pour Riley, cela lui a rappelé des souvenirs de son cancer à l’adolescence et de l’infection qui lui a finalement coûté sa jambe gauche. Ce furent deux semaines tendues, tout le monde dans la vie de Riley retenant son souffle et attendant de voir s’il pouvait combattre l’infection. Soudainement, reprendre le hockey n’était plus la priorité. Sauver la seule jambe qui lui restait était tout ce qui comptait.

 

J’ai juste continué à faire des choses que je pouvais contrôler et que je pouvais faire pour m’aider à reprendre le dessus et à arriver au niveau où je devais être », dit Riley.

 

Il a rejoint l’équipe nationale à Calgary en décembre pour un camp d’entraînement (qui remplaçait la Coupe de parahockey Canadian Tire qui avait été annulée), bien qu’il n’avait toujours pas été autorisé à sauter sur la glace. Pendant les entraînements, le préparateur physique de l’équipe Bryan Yu apportait un appareil cardio au bord de la patinoire pour que Riley puisse voir ce qui se passait sur la patinoire. Pour la première fois en six semaines, il avait vraiment l’impression de faire partie de l’équipe.

Toutefois il y avait toujours la question de son retour sur la glace. Le médecin orthopédiste de l’Ontario a adopté une approche beaucoup plus conservatrice que Riley aurait souhaitée, mais compte tenu de l’étendue de la blessure et de l’infection, il n’y avait pas vraiment de choix. Même avec la protection de la luge, reprendre l’entraînement complet, surtout avec contact, avant que la blessure ne soit suffisamment guérie pourrait avoir des effets néfastes à long terme. De plus, Riley utilisait toujours sa jambe pour garder l’équilibre quand il patinait, ce qui, selon lui, causait encore de la douleur quand il a finalement reçu l’autorisation des médecins pour reprendre l’entraînement.

Deux mois jour pour jour après l’accident – le 29 décembre – Riley était de retour sur la glace. C’était lors d’un entraînement à Toronto avec trois autres membres de l’équipe basés en Ontario. Il a travaillé seul pendant un certain temps, se familiarisant avec sa luge et sa jambe, avant de participer à des exercices avec le reste des joueurs. C’était une belle journée et, au fur et à mesure que la nouvelle de son retour se répandait dans l’équipe, un regain d’énergie se faisait aussi sentir.

« Faire partie de son cheminement, de le voir simplement monter dans une luge, sans même vraiment penser que cela signifiait qu’il allait rejouer à un niveau compétitif ou être en mesure de faire partie de l’équipe fut vraiment spécial, explique Lenart. Mais la réalité est qu’il avait manqué une grande partie du temps d’entraînement et, à ce niveau, chaque période à l’écart est une période dont profitent vos coéquipiers et adversaires, mais pas vous. »

Allait-il avoir assez de temps?

Riley a rapidement réalisé la même chose; ces deux mois de récupération avaient nui à sa forme physique et à son rythme. S’il voulait avoir une chance de percer la formation de l’équipe paralympique, il aurait besoin de plus de temps de glace, d’un entraînement plus spécifique et de plus de travail avec les entraîneurs, mais les options étaient limitées chez lui en Ontario. Babey a suggéré à Riley de venir à Calgary au début de janvier pour travailler avec lui et les joueurs basés en Alberta, mais aussi pour avoir des séances ciblées avec Yu et le personnel de soutien.

C’était une grosse commande. L’équipe prévoyait déjà une centralisation d’un mois dans une bulle avant les Jeux paralympiques, et cela ajouterait trois semaines de plus loin de chez lui – plus de neuf semaines au total si Riley se taillait un poste au sein de la formation définitive. C’était l’objectif; au cours de la dernière année, Riley n’avait pensé à rien d’autre qu’à porter l’uniforme du Canada à Beijing. Trois semaines supplémentaires n’allaient pas le dissuader de tout essayer pour exceller quand les entraîneurs prendraient leurs décisions au début février pour parachever la formation.

Vingt joueurs avaient été sélectionnés au sein de l’équipe nationale de parahockey du Canada en septembre, mais seulement 17 allaient participer aux Jeux. Riley savait que ses chances étaient bonnes, mais il n’en était pas moins nerveux le jour où l’appel est finalement arrivé.

« Cet appel Zoom était vraiment émouvant, dit Babey. La façon dont il s’est battu pour revenir, je pense qu’il a gagné beaucoup de respect de la part de ses coéquipiers, et je sais qu’il a gagné celui du personnel d’entraîneurs et du personnel de soutien. »

À ce moment, Riley a été récompensé pour tout ce qu’il avait traversé dans sa vie. Le cancer, une amputation, des douleurs chroniques, chirurgie après chirurgie, une jambe fracturée; tout avait mené au point où il aurait une chance de réaliser un rêve d’enfance et de représenter son pays.

Garrett Riley était un athlète paralympique.

Photo Credit: Angela Burger/Paralympic.ca

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