On peut affirmer sans se tromper que la pomme n’est pas tombée loin de
l’arbre lorsqu’il est question de Thomas Chabot.
Le joueur originaire de Sainte-Marie, en Beauce, a grandi dans une maison
où les sports d’hiver faisaient partie intégrante du mode de vie familial.
« Mon père a joué au hockey toute sa vie tandis que ma mère faisait du
patinage artistique, raconte Chabot. En plus, mon frère, qui est quatre ans
plus vieux que moi, jouait au hockey aussi. Comme n’importe quel petit
frère, je voulais faire comme lui. C’est comme ça que j’ai commencé. »
C’est vers l’âge de quatre ans qu’il a enfilé pour la première fois des
patins. À ce moment-là, il ne se doutait sûrement pas que ce choix allait
avoir un impact direct sur sa future carrière.
« À côté de chez nous, on avait un rond de glace à l’extérieur, se souvient
le joueur de 25 ans. On n’avait qu’à marcher 15 secondes pour s’y rendre
quand on voulait. C’est là que mon amour pour le sport et pour le hockey a
commencé. »
Parmi ses plus beaux souvenirs reliés à sa jeunesse figurent ses deux
participations au Tournoi international de hockey pee-wee de Québec.
Il y a quelques jours à peine, Chabot et Mathew Barzal, qui participent en
ce moment au Championnat mondial de l’IIHF en Finlande, se remémoraient
encore des histoires, étant donné que les deux ont pris part à ce tournoi.
« Ce sont des souvenirs incroyables, confirme le capitaine de l’édition
actuelle d’Équipe Canada. Quand on était jeune, on allait voir les Remparts
puisqu’on habitait à Sainte-Marie. D’avoir la chance de patiner sur la même
glace qu’eux, c’était quelque chose de spécial. De jouer dans un gros aréna
avec plein de monde, c’était une belle expérience et ce sont de beaux
souvenirs dont on va toujours se rappeler. C’est probablement la plus belle
expérience qu’on puisse avoir à cet âge. »
Dès cette époque, les qualités de meneur semblaient bien présentes chez
Chabot. Il se préoccupait déjà du bien-être de ses coéquipiers et de son
équipe.
« J’ai déjà entendu dire que lorsqu’il était jeune, il embarquait sur la
patinoire lorsqu’un joueur se blessait pour aller voir s’il était correct
», raconte Paul Boutilier, qui a été un entraîneur adjoint de Chabot chez
les Sea Dogs de Saint John et les Senators de Belleville.
Le temps est ensuite venu pour lui de passer au niveau midget AAA (M18
AAA), où il a pu jouer pour les Commandeurs de Lévis. La ville se situant à
environ 20 minutes de Sainte-Marie, il pouvait compter sur ses parents pour
aller le voir jouer fréquemment.
C’est surtout lorsqu’il a été repêché par les Sea Dogs dans la LHJMQ que la
transition qui l’amenait à quitter pour de bon le nid familial s’est
vraiment fait sentir.
« Lévis m’avait préparé à quitter ma famille, mais je pense que Saint John
représentait l’étape suivante, réalise le choix de premier tour (18 e au total) en 2015 des Sénateurs d’Ottawa. À Sainte-Marie, il
n’y avait aucun anglophone. Je suis arrivé au Nouveau-Brunswick, au milieu
de nulle part, où tout le monde parlait anglais. C’était loin de la maison,
mais ma passion était de jouer au hockey et de faire ça pour toute ma
carrière. J’étais prêt à faire les sacrifices qui allaient venir en cours
de route pour me rendre là. »
C’est durant ces années qu’il a développé une belle complicité avec
Boutilier. L’ancien joueur de la LNH se rappelle à quel point Chabot a joué
un rôle déterminant auprès des autres joueurs.
« Il a été nommé le meilleur défenseur de la LHJMQ donc il était assurément
bon, mais il est l’un des rares joueurs étoiles qui était apprécié par tous
ses coéquipiers, même les joueurs de quatrième trio ou encore les sixième
et septième défenseurs, affirme celui qui a remporté la coupe Stanley avec
les Islanders de New York en 1983. Il a définitivement eu un effet positif
sur ses équipes. »
« C’est lorsque tu es à l’interne que tu réalises à quel point tous ses
coéquipiers sont heureux pour lui, poursuit Boutilier. À chaque niveau, sa
priorité a été d’aider ses compagnons pour que l’équipe s’améliore. C’est
ce que j’observais chez lui constamment. »
Cette appréciation qu’il avait pour ses coéquipiers s’est aussi fait sentir
lors de la fin de semaine de son repêchage par les Sénateurs en 2015, comme
en témoigne cette anecdote racontée par le vétéran entraîneur.
« Le lendemain de son repêchage, il est resté pour soutenir ses coéquipiers
qui n’avaient pas été choisis la veille, se souvient Boutilier. Il se
souciait autant d’eux que de lui-même. »
Le fait de jouer pour une formation gagnante n’a pas nui non plus à son
adaptation à son nouveau milieu. À sa dernière campagne avec les Sea Dogs,
il a remporté la coupe du Président, remise à l’équipe championne des
séries dans la LHJMQ, ce qui leur a permis de participer à la Coupe
Memorial.
Toutefois, rien de cela ne serait arrivé si Chabot était demeuré avec les
Sénateurs cette saison-là. Il applaudit d’ailleurs la décision que
l’organisation a prise à l’époque.
« Je pense que c’est la meilleure affaire qui me soit arrivée, confie le
défenseur étoile. Il y avait quand même eu des rumeurs que j’allais
peut-être jouer dans la LNH. Le fait qu’ils m’aient retourné et que j’aie
dominé au niveau junior et au Championnat mondial junior, ç’a été vraiment
bon en vue de l’année suivante quand j’ai fait le saut dans la LNH. J’étais
prêt et confiant en mes moyens au moment d’arriver dans cette ligue. »
De son côté, Boutilier abonde dans le même sens et note qu’il continue de
progresser même s’il vient de compléter sa quatrième saison complète dans
la LNH.
« Je trouve qu’il a pris beaucoup de maturité au cours des deux dernières
années en ce qui concerne son jeu d’ensemble, analyse celui qui est
maintenant devenu son entraîneur personnel. L’important après ça est de
parvenir à atteindre le niveau supérieur. Il est prêt à y arriver, ce n’est
qu’une question de constance dorénavant. C’est cette dernière marche à
franchir qui peut être la plus difficile. »
Au fil des années qui l’ont mené vers la LNH, Chabot avoue qu’il n’a jamais
eu de pression de la part de ses parents, et ce, même si son père et son
frère avaient aussi joué au hockey.
« J’entends beaucoup d’histoires de parents qui mettent beaucoup de
pression sur leur jeune, mais mes parents m’ont toujours soutenu même si
j’avais un mauvais match, peu importe la situation, explique-t-il. Ils
voulaient juste que j'aie du plaisir et que je continue de m’améliorer. Ç’a
été déterminant et même si c’est rendu mon travail aujourd’hui de jouer au
hockey, je réalise vraiment que ça reste un sport et qu’il faut s’amuser
quand tu viens à l’aréna chaque jour. C’est quelque chose qui m’a suivi
toute ma vie. »
Avoir du plaisir à l’aréna et bénéficier du soutien de ses proches tout en
ayant un impact positif sur le rendement de ses équipes. Voilà le secret
qui explique les succès de Thomas Chabot.