Sinan Ozgur a vécu quatre ans au Canada avant de retourner vers sa Turquie natale en 2004. Il a fondé une famille et est revenu dans l’ouest en 2010,
s’établissant à Burnaby, C.-B.
Selon son propre aveu, il aurait dû être au fait de la passion qu’éprouve son pays d’adoption pour le hockey. Mais durant la période qu’il a passée ici
seul, il n’a pas eu les moyens de vivre une expérience de première main au jeu qui est si naturel pour tant de Canadiens.
« C’est par le cinéma », dit-il en riant, qu’il a compris à quel point le Canada était passionné de son hockey.
Ozgur se retrouve maintenant trois fois par semaine dans un aréna grâce à son fils Kuzey. L’an dernier, Kuzey a fait ses premiers pas au hockey; après
s’être rendu compte du plaisir qu’il éprouvait, Ozgur l’a inscrit pour une deuxième saison.
« Je veux simplement l’adapter à la vie canadienne, souligne-t-il, car en Turquie on joue constamment au soccer, mais pas au hockey, donc je me suis dit,
“pourquoi pas? Il a sept ans, il peut jouer.” Je ne m’attends pas à ce qu’il joue comme un professionnel, mais au moins ce sera bien pour lui et ça fera
partie de sa feuille de route. Parfois, quand nous devons l’envoyer quelque part, il se plaint un peu, mais jamais quand il s’agit du hockey. »
L’Association de hockey mineur de Burnaby a reçu dix transferts internationaux l’an dernier, dont des joueurs originaires de pays où le hockey ne fait pas
partie des traditions, comme la Géorgie, l’Iran et la Chine. Cette année, elle s’affaire à des transferts de joueurs venant de la Corée et du Kazakhstan.
Lorsque sa famille a déménagé de la Chine à Burnaby en 2012, Xudong Mou a encouragé son fils Sirui, âgé de huit ans, à essayer autant de sports qu’il le
désirait avant d’arrêter son choix sur celui qu’il préférait. Sirui commence sa deuxième saison de hockey.
« Il avait déjà appris à patiner, mais il n’avait aucune expérience au hockey, précise Mou. Je me souviens encore de la première fois où il a joué. Il a à
peine touché à la rondelle durant le match, mais chaque fois qu’il y arrivait, je l’applaudissais. »
Ghodsiyeh Hosseindoosttaleshani souligne que sa famille ne connaissait rien du hockey lorsqu’elle est arrivée de l’Iran en 2012. L’intérêt qu’a démontré
son fils Seyedsadra pour ce sport a rapidement changé cette situation. « Nous connaissons maintenant les règles et regarder un match nous apporte un
maximum de plaisir. »
Ça en dit long, considérant la position à laquelle Sadra s’est attaché.
« Lorsqu’il a commencé à patiner, il a dû mettre beaucoup d’efforts et apprendre à maîtriser ses mouvements sur la glace, avoue-t-elle, mais il s’est
amélioré très rapidement. Lors de son premier match, il a joué comme gardien de but et il a bien fait ça. Son souhait est maintenant de devenir gardien de
but dans la LNH. »
Peu importe si c’est pour s’acclimater à la culture canadienne ou simplement pour suivre leurs amis qui traînent leurs enfants à l’aréna, c’est le sport en
soi qui les garde là.
« Il aime le hockey car il n’a pas à faire la même chose à répétition, rajoute Ozgur, c’est ce qui compte le plus chez lui. Il a déjà suivi des leçons de
patinage et s’en est lassé ». Un garçon de cet âge aime simplement être actif avec ses amis et si une course vers la rondelle se transforme par
inadvertance en un jeu d’autos tamponneuses humaines, bien, ça ne fait que rajouter au plaisir.
« Le hockey est un sport rapide, précise Mou, et je crois que Sirui aime la sensation de la poursuite de la rondelle à haute vitesse. J’aime bien la
concentration dont Sirui est capable de démontrer sur la patinoire et le sourire qui lui fend le visage. »
Autant la patinoire s’est avérée le terrain de jeu parfait des enfants, autant elle a aussi procuré à leurs parents une communauté. Hosseindoosttaleshani a
appris des autres parents ce que c’est que d’être parent d’un hockeyeur, ainsi que les règles du jeu.
Mou n’a pas fait exception à cette aide. Lorsque Sirui a commencé à jouer, il traversait la ligne bleue avant d’avoir droit. « Un des parents lui alors
dessiné la surface de jeu sur son iPad et lui a patiemment expliqué la règle du hors-jeu, se souvient Mou, et ça nous a incités à aller voir sur YouTube
pour apprendre nous-mêmes toutes les règles du hockey. »
Lors des matchs, Mou et son épouse s’installent avec les autres parents pour acclamer les enfants. « Mon anglais parlé n’est pas très bon, mais je passe
surtout mon temps à écouter les autres et à me pratiquer », admet-il.
Des rassemblements hors glace, comme une sortie aux quilles, permettent aux Ozgur de passer plus de temps avec leurs nouveaux amis et leur fournissent
aussi d’autres sujets de conversation lorsque tout le monde se retrouve à l’aréna le vendredi. Les parents se regroupent dans les gradins, selon Ozgur,
mais le groupe se rassemble souvent dans un coin un peu plus chaud avant la fin de la séance d’entraînement ou du match.
« Presque personne ne reste autour de la patinoire glaciale; nous nous retrouvons tous dans un endroit fermé d’où nous pouvons voir les jeunes. C’est mon
groupe d’amis. »
Ozgur, Mou et Hosseindoosttaleshani sont ravis que leurs fils aient découvert un nouveau sport à pratiquer, non seulement pour l’aide que ça leur a
procurée pour s’intégrer dans une nouvelle culture et l’exutoire d’activités que ça a entraînés, mais aussi pour les bénéfices intangibles que ça leur a
apportés.
« Je suppose que Kuzey y apprend la véritable vie, lance Ozgur; il socialise aussi avec les enfants – et c’est ce qui compte le plus pour nous. »
« D’avoir inscrit Sirui au hockey a été l’une des meilleures décisions que nous avons prises, admet Mou, le hockey a amélioré son travail d’équipe, son
esprit et son agilité et nous sommes toujours ravis de le voir disputer ses matchs maintenant. »