Il faut peut-être un village pour élever un enfant, mais il faut une équipe
entière pour épauler un étudiant universitaire.
Anton Jacobs-Webb participe à son premier Championnat mondial de parahockey
sur glace du CIP cette semaine à Ostrava, en République tchèque, tout en
achevant la première année de son diplôme de premier cycle en génie
mécanique à l’Université Concordia.
« Ça n’a pas été si pire pendant l’année scolaire régulière, mais la
session d’été est pas mal plus intense », confie Jacobs-Webb, expliquant
qu’il a commencé sa session il y a huit semaines seulement et qu’il a six
heures de cours par semaine en calcul avancé. Peu de temps après son
arrivée en République tchèque, il a eu un examen de mi-session.
« Nous sommes revenus d’un entraînement juste à temps pour que je puisse
assister à mon examen », mentionne le joueur de Gatineau, au Québec, qui a
bénéficié de l’appui du personnel de son équipe pour que l’horaire soit
conçu de manière à lui permettre de faire son examen. « Mon examen
commençait à 15 h 30 et on avait un dîner à 15 h. J’ai mangé rapidement,
apporté un peu de nourriture dans ma chambre et je me suis mis au travail.
»
« Je suis certain que je l’ai réussi et je pense que ça a bien été. »
Jacobs-Webb a choisi d’étudier en génie mécanique parce qu’il a un intérêt
pour les vélos. Chaque été, depuis quatre ans, il occupe un emploi de
mécanicien de vélos, et il veut tirer profit de ses connaissances pour
commencer à en concevoir.
« Je suis curieux d’apprendre sur l’aérodynamisme des vélos et aussi sur
les pièces », dit-il. Il ajoute qu’il a également un intérêt pour le design
industriel et l’architecture, donc son plan de carrière n’est pas limité à
une seule voie.
« J’aime me donner quelques options pour mon avenir. Je suis content
d’avoir une carrière au hockey maintenant et une future carrière
potentielle dans le domaine dans lequel j’aurai choisi d’étudier. »
Au cours de la dernière année, Jacobs-Webb a collaboré avec l’adjointe de
son programme d’études à l’Université Concordia, Sabrina Poirier. Il a
appris à créer un équilibre entre l’école et son sport. Sabrina a aussi
aidé à modifier des dates d’examen lorsqu’ils étaient prévus en même temps
qu’un camp d’entraînement de parahockey.
« Ça prend une personne spéciale pour arriver à garder un équilibre entre
des études universitaires et un haut niveau d’engagement pour un programme
sportif prestigieux. C’est un plaisir de lui fournir une aide, si petite
soit-elle, dans son parcours remarquable. »
« Je vais l’encourager! »
Ses coéquipiers ont eux aussi été derrière lui à 100 % à l’occasion de son
premier Mondial de parahockey. Ils se sont informés à propos de son examen
et de ses études. Certains, comme Rob Armstrong, ont même eu des conseils
utiles pour lui. Armstrong, qui fréquente l’université depuis qu’il est
avec l’équipe nationale, a suggéré à Jacobs-Webb d’étudier le matin plutôt
que le soir.
« Après une journée de longs entraînements, la dernière chose que tu veux,
c’est de lire un livre ou d’écrire pendant des heures, mais à n’importe
quel autre moment de la journée, c’est là que je suis le plus productif »,
explique Armstrong, qui achève une double majeure en préparation au droit
et en histoire à l’Université Carleton.
« Je ne peux pas avancer vraiment dans mes études après un entraînement
quand nous en avons deux par jour, alors j’ai commencé à me lever une heure
et demie ou deux heures avant le déjeuner pour en faire un peu », raconte
Jacobs-Webb. « Je suis pas mal plus efficace comme ça. »
Tous ces efforts seront récompensés au début du mois de juillet quand
Jacobs-Webb fera son dernier examen de la session d’été. Il devait l’avoir
le 27 juin, la journée de remise des médailles à Ostrava, mais grâce au
soutien de l’université, il a été en mesure de le repousser, ce qui lui
permet de prendre de l’expérience à son premier tournoi international.
« Je suis vraiment content de jouer, de porter le chandail du Canada et
d’avoir une occasion de gagner une médaille d’or avant de me concentrer sur
les Jeux paralympiques de 2022 », commente Jacobs-Webb, ajoutant qu’il veut
suivre d’autres cours l’an prochain. Il essaiera cependant d’alléger son
horaire pour consacrer davantage de temps au parahockey.
Cette stratégie a été payante pour Armstrong en 2018 avant ses premiers
Jeux paralympiques d’hiver. Même si ça le fait sourire de savoir qu’il a
passé tout ce temps à jongler avec ses études et le parahockey, il pense
que ce sacrifice en a valu la chandelle.
« Tous mes amis terminent leur maîtrise ou ont presque fini leurs études en
droit, donc c’est certain que j’ai emprunté un chemin différent en ce sens
», fait remarquer l’homme de 24 ans. « Toutefois, je suis allé aux Jeux
paralympiques. Combien de personnes peuvent dire ça? J’ai participé trois
fois au championnat mondial, et je représente le Canada au quotidien. »
« Aller à l’école c’est quelque chose qu’on a toujours en tête, mais quand
on arrive à trouver cet équilibre, ça vaut tellement la peine. »