Quand Maxime Gagnon a été approché par un club local de Montréal il y a
plus de dix ans pour inclure le parahockey au Défi sportif AlterGo, il ne
connaissait rien de ce sport. Aujourd’hui, il est l’un des plus ardents
défenseurs du parahockey au Québec et au Canada.
Curieux d’en savoir plus à propos de cette discipline, Gagnon s’est joint à
un club de 11 joueurs lors d’un tournoi à London, en Ontario à titre
d’entraîneur, puisque l’équipe n’en avait pas. Son initiation à ce sport a
aussi été son premier jour à l’œuvre auprès du programme à Montréal.
Après son temps derrière le banc, il voulait en apprendre le plus possible
sur l’équipe. Quel était le plan annuel? Y avait-il des efforts de
recrutement pour attirer plus de joueurs? Les jeunes de ce petit club
jouaient simplement pour l’amour de leur sport. Par la suite, il a approché Parasports Québec, mais à ce moment,
l’organisme n’avait personne qui était dédié au parahockey.
« J’ai vu là une occasion », lance Gagnon, directeur du Défi sportif
AlterGo. « Je me suis dit que c’était le temps de passer à l’action. »
Son premier appel, il l’a fait à la Ville de Montréal afin de formuler une
demande d’heures de glace pour le programme.
« Ils nous ont offert la plage horaire de 20 h; les gars étaient bien
contents parce qu’avant, ils jouaient le dimanche matin à 5 h 30 »,
explique Gagnon.
De prime abord, il a collaboré avec Parasports Québec et trouvé un club à
Laval avec plus de joueurs, mais après quelques années, il a décidé
d’approcher Hockey Québec.
« Le directeur général à l’époque était un de mes bons amis, et je lui ai
demandé pourquoi Hockey Québec ne consacrait pas de ressources au
parahockey. Il m’a répondu qu’il ne connaissait pas ce sport. Donc, on a
commencé avec lui, et Hockey Québec est aujourd’hui le seul organisme
provincial qui gère entièrement le parahockey sur l’ensemble de son
territoire. »
C’est la 13e saison que Gagnon consacre de son temps à cette
discipline, et il y a environ 150 athlètes de parahockey au Québec. Les
joueurs évoluent au sein d’une ligue à cinq équipes; deux autres devraient
s’ajouter au lot la saison prochaine. En plus de son implication avec
Parahockey Montréal, il dirige la formation provinciale du Québec.
Le recrutement représente une des principales raisons de l’essor de ce
sport dans la province. Quand il élabore le calendrier de la ligue, Gagnon
essaie de limiter les conflits d’horaire avec les entraînements des autres
parasports afin d’encourager la pratique de sports multiples. La ligue a
aussi augmenté sa présence dans les médias sociaux au cours des dernières
années.
Gagnon est également en contact avec des hôpitaux et des centres de
réadaptation du Québec pour initier au parahockey des personnes qui ont
subi des accidents qui ont changé leur vie.
« Une personne qui perd une jambe et qui se retrouve à l’hôpital ou dans un
centre de réadaptation peut très bien être la seule de l’endroit à se
retrouver dans cette situation, dit-il. Le fait de voir d’autres joueurs de
parahockey qui ont subi une blessure similaire peut aider une personne
nouvellement amputée à s’adapter à son nouveau style de vie. »
Jonathan Daigle, originaire de Boucherville, est amputé d’une jambe. Il a
commencé à pratiquer le parahockey à l’âge de huit ans.
« Ma mère cherchait un sport adapté qui me conviendrait, sachant que les
options étaient limitées en raison de mon handicap, affirme Daigle. C’est
ainsi qu’elle a découvert le parahockey. »
Aujourd’hui âgé de 14 ans, Daigle pratique le parahockey depuis six ans.
Avec Gagnon comme entraîneur, il a progressé énormément. Il faisait partie
de l’équipe du Québec qui a mis la main sur le titre national en mai
dernier.
« Il est entièrement dédié au parahockey », raconte Daigle à propos de
Gagnon. « Il est toujours occupé à inviter des jeunes, à organiser des
événements pour en recruter. Et quand il voit le potentiel chez un jeune,
il fait tout ce qu’il peut pour assurer son bon développement. »
Ce développement sur la scène provinciale a porté ses fruits. Il y a huit
Québécois au sein de l’équipe nationale de parahockey du Canada cette
saison. Daigle s’entraînera avec Équipe Canada à titre de participant au
camp de développement de la prochaine génération qui se déroule en fin de
semaine à Montréal.
« Depuis que je suis tout jeune, je rêve de faire partie de l’équipe
nationale, confie Daigle. C’est une étape de plus vers ce rêve, et je pense
que ce sera amusant et très enrichissant pour moi. Je vais donner tout ce
que j’ai. »
Pour Gagnon, la communication est la clé pour favoriser l’essor du sport
dans les autres provinces. Il a organisé sa première téléconférence sur
Zoom avec des représentants des membres ce mois-ci afin d’échanger des
idées et des préoccupations.
« Cette année, nous avons réuni pour la première fois sept provinces au
championnat national, confirme Gagnon. J’ai des discussions individuelles
avec chacun de mes homologues des provinces, je consacre du temps et de
l’énergie, car selon moi, il est important de faire du sport, de se trouver
une activité.
« J’adore le parahockey et je veux contribuer à ce sport encore longtemps,
poursuit-il. Je ne le fais pas pour l’argent. Je le fais par passion. »
Tandis que le plus haut niveau du parahockey est en plein essor dans
l’ensemble du pays, Gagnon veut s’attarder au volet féminin et au niveau
junior M16. Pour un jeune comme Daigle, tout ça est de bon augure pour la
suite.
« L’avenir est rose, lance Daigle. Après notre entraînement du samedi
matin, les juniors embarquent sur la glace. Il y a souvent de nouveaux
joueurs et plusieurs d’âge junior consacrent beaucoup d’efforts à ce sport.
« Je pense qu’il y aura vraiment plus de Québécois au sein de la formation
nationale. Le bassin de talents est très riche pour l’avenir. »