Un peu plus de 2 800 kilomètres, plus ou moins, séparent Coral Harbour,
Nunavut, de Chilliwack, Colombie-Britannique. Mais pour Daniel McKitrick,
le parcours vers la Coupe RBC 2018 a été beaucoup plus long que cela.
Le jeune homme de 20 ans, originaire de la petite communauté inuit
(population 891), était sur la glace dans la vallée du Fraser cette
semaine, en quête d’un deuxième titre de la Coupe RBC en deux ans, cette
fois avec les Pistons de Steinbach.
Il n’aura pas l’occasion de se joindre au groupe exclusif de joueurs qui
ont remporté le Championnat national junior A du Canada au cours de saisons
consécutives avec des équipes différentes, mais l’histoire de McKitrick ne
porte pas sur le résultat; elle tourne plutôt autour du parcours.
Coral Harbour, située sur l’île de Southampton au haut de la baie d’Hudson,
n’est pas exactement une pépinière de hockey. Puisqu’il n’y a aucune
association de hockey mineur, McKitrick et ses amis ont dû apprendre à
jouer de la bonne vieille manière.
« Il n’y a rien d’autre à faire alors nous jouions au hockey toute la
journée », raconte-t-il au sujet de sa jeunesse dans le Nord. « Il y a un
aréna, mais mon père faisait une patinoire dans la cour arrière, et c’est
tout ce que nous faisions mes amis et moi, nous jouions aux bâtons au
milieu. »
Il a finalement joué au hockey organisé à l’âge de 11 ans lorsqu’il s’est
joint à l’Association de hockey mineur de Thunder Bay où il a évolué au
sein du programme des Kings de Thunder Bay jusqu’à sa dernière saison
midget AAA en 2013-2014.
C’est alors qu’il a entrepris un long périple au hockey junior au cours
duquel il a évolué auprès de sept équipes de quatre ligues en quatre
saisons et joué sur la plus grande scène du junior A les deux derniers
printemps.
Il a joué avec les North Stars de Thunder Bay (SIJHL) en 2014-2015 à l’âge
de 17 ans avant de prendre la route vers l’ouest la saison suivante pour se
joindre aux Broncos de Humboldt (SJHL). Après 80 matchs avec le vert et or,
il a été échangé aux Cougars de Cobourg (OJHL) en décembre 2016.
La dynamo de 5 pieds 6 pouces a obtenu en moyenne un point par match avec
les Cougars et a marqué un but en six matchs pour aider Cobourg à remporter
la Coupe RBC à domicile en mai dernier.
« Nous n’étions pas censés gagner un seul match parce que nous avions eu
une longue pause [après avoir été battus lors des éliminatoires de l’OJHL],
un peu comme Chilliwack », dit McKitrick du parcours des Cougars vers le
titre. « Mais nous avons fait beaucoup de travail ce mois-là, et nous
avions aussi de bons joueurs. En demi-finale et en finale, c’était
complètement fou. Jouer à domicile, devant nos partisans – gagner a été
incroyable. »
À l’aube de sa dernière saison, l’heure était au changement. McKitrick
voulait avoir une autre occasion de remporter un championnat et il a été
échangé aux Ice Wolves de La Ronge (SJHL) le 11 juillet avant d’être
échangé de nouveau, cette fois aux Terriers de Portage (MJHL) seulement 24
jours plus tard.
Son séjour à Portage a été bref; McKitrick a joué 10 matchs avec les
Terriers avant d’être échangé aux Millionaires de Melville (SJHL) le 17
octobre, puis 10 jours plus tard – sans avoir joué un seul match avec les
Millionaires – il s’est retrouvé à Steinbach.
Ayant pu enfin défaire ses bagages et s’installer dans le Sud-Est du
Manitoba, McKitrick s’est mis au travail, partageant son expérience des
matchs importants avec les Pistons qui dominaient tous leurs adversaires
dans la MJHL.
Pour le nouveau venu, il ne s’agissait pas nécessairement de savoir quoi
dire et quand le dire.
« Tu dois choisir les bons moments », dit-il. « Nous tirions de l’arrière
en troisième période à quelques reprises et nous avons trouvé le moyen de
remonter; il suffit donc de rester constants, peu importe la situation. Ne jamais aller trop haut, ne jamais aller trop bas est un bon
principe à adopter lors de n’importe quel match. »
Et des hauts et des bas, McKitrick en a connu plusieurs au cours des
derniers mois.
Alors que Steinbach se dirigeait vers le championnat de la ligue, une
tragédie s’est abattue sur le monde du hockey quand, le 6 avril, un
accident d’autocar transportant les Broncos de Humboldt a tué 16 personnes
et en a blessé 13 autres.
McKitrick a perdu des amis et d’anciens coéquipiers dans cet accident, et
le report du deuxième match de la finale de la MJHL lui a permis de
retourner à Humboldt aux côtés d’autres anciens des Broncos et d’appuyer la communauté dans son deuil.
« [Je suis allé] voir ma famille d’accueil; ce furent des moments très
difficiles », dit McKitrick. « J’avais beaucoup d’amis qui jouaient avec
mon équipe cette année-là et qui, comme moi, avaient déménagé, comme Chris
Van Os-Shaw et mon compagnon de chambre, Trevor Posh, qui s’étaient rendus
sur place et qui me disaient d’y aller.
« Ce fut bien de pouvoir tourner la page et d’être avec ma famille
d’accueil en cette période difficile. »
Alors qu’il met fin à sa carrière dans les rangs juniors à Chilliwack,
McKitrick se réjouit à l’idée de ce qui s’en vient – non seulement pour
lui, mais aussi pour le hockey dans le Nord canadien.
Tout comme Jordin Tootoo a été un modèle pour lui plus jeune, McKitrick est
maintenant un modèle pour de jeunes joueurs de Coral Harbour et du Nunavut
qui le considèrent comme un exemple de ce qu’il faut pour réussir « dans le
sud ».
« J’ai même entendu que des jeunes se rendent au sud pour jouer AAA, que ce
soit à Thompson ou à Winnipeg », dit-il. « Maintenant, plusieurs joueurs
qui me voient, sachant que je viens d’un tout petit village, réalisent
qu’il est possible d’aller jouer au junior s’ils travaillent fort et s’ils
ont le bon état d’esprit. »