Haydn Fleury aurait voulu entendre autre chose. Alors âgé de 18 ans, il faisait partie des huit défenseurs toujours au sein de l’équipe nationale junior du
Canada après qu’elle ait joué son premier de trois matchs préparatoires en vue du Championnat mondial junior de l’IIHF l’année dernière.
La formation finale du Canada ne pouvait compter que sept défenseurs. Après une défaite contre la Russie, les entraîneurs ont annoncé la nouvelle à Fleury.
« Ils ont simplement dit que ce n’était pas mon année », se rappelle-t-il. « La plupart des joueurs au tournoi ont 19 ans, et c’est la direction qu’ils ont
prise l’année dernière. »
Rourke Chartier a également vécu la déception d’être parmi les derniers retranchés, puisqu’il a fait partie des trois derniers avants libérés de la
formation.
« Je ne sais pas si c’était vraiment positif au début, mais je pense que ça m’a simplement motivé à prouver que j’aurais pu y être », analyse-t-il. « Je
pense que ça aidait de savoir que j’aurais une autre année pour me reprendre, mais ça reste tout de même une longue année à attendre avant de ravoir cette
occasion. »
Fleury est retourné au sein des Rebels de Red Deer dans un rôle de meneur, tandis que Chartier a retrouvé les Rockets de Kelowna, avec lesquels il s’est
rendu jusqu’en finale de la Coupe Memorial.
Le fait de voir leurs pairs jouer à la maison à Toronto et à Montréal s’est d’abord avéré éprouvant.
« Au départ, je m’étais dit que je ne regarderais pas le tournoi, mais, au final, je suis canadien et je veux appuyer mon pays », révèle Fleury.
« En fait, c’était plutôt difficile par moments de regarder, sachant à quel point j’avais été proche d’y être », avoue Chartier. « Évidemment, je voulais
les voir réussir, et c’était génial de les voir remporter l’or, mais, en même temps, c’était difficile de savoir que je n’étais qu’à un ou deux joueurs
près d’être moi-même sur la glace. »
Malgré leur déception toujours présente, les deux joueurs ont immédiatement accepté une autre invitation au camp, même si cette deuxième tentative n’était
aucunement un gage de succès.
Toutefois, puisqu’ils connaissaient la pression du camp de sélection, les deux joueurs savaient à quoi s’en tenir sur le plan de l’attention, de
l’intensité et des attentes.
« C’était plutôt révélateur au début », estime Chartier, qui n’avait pas été invité au camp de développement estival de l’équipe en 2014. « La vitesse du
jeu était vraiment différente. Pouvoir rester jusqu’à la fin [la première fois] et avoir la chance de joueur un match hors concours [m’ont aidé] à
déterminer le niveau de jeu à atteindre pendant l’année. »
Le fait d’être âgé d’un an de plus, selon Fleury, et celui de profiter d’une deuxième année pour se sentir plus à l’aise, selon Chartier, ont permis aux
deux joueurs de s’en tenir à leur style de jeu.
Après quatre jours de camp de sélection et deux matchs hors concours à Toronto, un vol transatlantique et deux autres matchs préparatoires en Finlande, la
partie facile pour les deux joueurs – soit de montrer tous les progrès réalisés dans leur jeu – était terminée.
L’attente qui suivrait serait la plus difficile des épreuves.
Après une victoire contre la République tchèque en match préparatoire à Imatra le 20 décembre, les joueurs sont montés à bord de leur autobus en direction
d’Helsinki, à trois heures de route au sud-ouest, où ils allaient connaître leur sort.
« J’essayais de ne pas y penser », affirme Fleury. « Il me semble que nous jouions aux cartes ou à des jeux sur nos téléphones. Je pense que tout le monde
essayait de ne pas trop y réfléchir. »
Lorsque l’autobus est arrivé à l’hôtel, le personnel d’entraîneurs a retranché les trois derniers joueurs. Cette fois, Chartier et Fleury, évidemment
soulagés, n’ont pas été mis de côté.
Cependant, l’histoire s’est en quelque sorte répétée dans le vestiaire des Rockets. L’année dernière, Chartier retrouvait Kelowna alors que Madison Bowey,
son coéquipier plus vieux, se joignait à l’équipe nationale junior du Canada. Cette fois-ci, Nick Merkley faisait partie des deux derniers avants à être
retranchés de l’équipe.
« Madison m’avait envoyé un message texte quelques jours après, alors j’ai fait la même chose [pour Merkley] », explique Chartier. « Je sais que ce n’est
pas facile au début, mais après un moment, ça s’améliore. »
Par contre, pour Fleury, il a fallu 12 mois pour que « ça s’améliore ». « C’est probablement lorsque l’équipe a été formée cette année », dit-il au sujet
du moment où il a pu enfin se remettre d’avoir été retranché. « On ne passe jamais vraiment par-dessus le fait d’être retranché d’une équipe, mais c’est
devenu plus facile à gérer en ayant été choisi cette année. »
La saison dernière, Chartier a marqué 48 buts pour les Rockets, une récolte qui lui a valu le troisième rang dans la Ligue de hockey de l’Ouest. Cette
année, une blessure au haut du corps l’a contraint à ne disputer que 10 matchs, mais il a tout de même inscrit six buts. Que ce soit comme marqueur ou
comme joueur de soutien, il accepte avec joie tous les rôles qu’on lui demandera d’occuper à Helsinki, peu importe le trio au sein duquel il évolue dans la
formation.
Fleury se voit comme l’un des défenseurs défensifs de l’équipe, sautant sur la patinoire pour affronter les meilleurs trios offensifs de l’adversaire.
Dans les deux cas, il s’agit d’avoir enfin la chance d’enfiler le chandail du Canada au Mondial junior et peut-être, qui sait, écrire au passage un nouveau
chapitre de l’histoire.
« Je sais que ça fait un moment que le Canada n’a pas remporté de titre à l’étranger », déclare Fleury, « donc ce serait toute une réussite de faire partie
du groupe qui y parviendra. »