Pour ce qui est d’expériences marquantes, Shea Weber en avait vécu d’autres bien avant la première mise au
jeu du match pour la médaille d’or olympique.
Le jeune homme originaire de Sicamous en Colombie-Britannique avait déjà pris part à une finale pour la
Coupe Memorial devant ses partisans à Kelowna, participé à un match pour la médaille d’or d’un Championnat
mondial junior de l’IIHF devant des milliers de partisans canadiens encourageant l’équipe à Grand Forks dans
le Dakota du Nord, et revêtu l’uniforme canadien pour le match pour la médaille d’or du Championnat mondial
de l’IIHF à deux reprises.
Rien ne pouvait le surprendre - jusqu’au moment où il s’est avancé sur la glace à Vancouver le 28
février.
« La chose la plus impressionnante a été la marche dans le tunnel pour nous rendre sur la glace pour
l’échauffement », se souvient Weber près de quatre mois plus tard. « De voir la foule — c’était la
frénésie même pour l’échauffement. L’endroit était déjà plein à craquer, alors de ressentir l’appui, de voir
tous les drapeaux rouges et blancs partout, ce fut quelque chose de spécial. »
L’appui n’avait rien de neuf — tous les matchs du Canada et les événements olympiques en général à
Vancouver avaient été envahis par une marée de rouge et de blanc –, mais cette fois-ci, c’était différent;
c’était le sport de choix du Canada et le plus important prix du sport sur la scène internationale était en
jeu.
Il va sans dire qu’il a été presque impossible de fermer l’œil la nuit précédant l’affrontement entre le
Canada et les États-Unis.
« Ce fut sans aucun doute très difficile de dormir », dit Weber. « Tu penses beaucoup au
match, mais tu veux t’assurer de bien dormir pour être prêt pour le lendemain. Pour plusieurs d’entre nous,
ce fut le plus important match de notre carrière, alors ce fut agréable de nous réveiller et de réaliser que
nous allions jouer pour une médaille d’or. »
Une fois arrivé à l’aréna, ce fut le retour à la normale pour Weber et ses coéquipiers qui ont suivi la
même routine d’avant-match que lors des six matchs précédents du Canada, tout en tentant de faire fi du bruit
engendré par 18 000 partisans envahissant la Place Hockey Canada, tous avec une médaille d’or en
tête.
« Les gars ne jasaient pas trop dans le vestiaire, mais ce n’était pas le calme plat non plus »,
se souvient Weber de l’ambiance qui régnait avant le match. « Les gars lançaient des phrases ici et là
pour tenter de se motiver les uns les autres, mais je ne crois pas que la motivation était une préoccupation.
C’était surtout pour s’assurer que tous étaient prêts. Tout le monde allait être gonflé à bloc et excité de
jouer. »
Dès la première mise au jeu, les Canadiens ont pris le contrôle du match, dominant les Américains 10 -8 au
cours des 20 premières minutes et se donnant une avance de 1 -0 après une période grâce au but de Jonathan
Toews. À la septième minute du deuxième tiers, Corey Perry a porté la marque à 2 -0 en s’emparant d’une
rondelle libre et en déjouant Ryan Miller. Les partisans canadiens commençaient à voir l’or pointer à
l’horizon.
Mais au banc du Canada, les joueurs vêtus de rouge et de blanc savaient que l’affaire était loin d’être
dans le sac.
« Pendant le match, ce fut vraiment difficile de nous détendre et d’absorber tout ce qui se passait
autour de nous », dit Weber. « Nous n’avons jamais pensé que deux buts allaient
suffire. »
Puis Ryan Kesler a réduit l’écart à un seul but cinq minutes après le but de Perry, préparant la scène
pour une troisième période frénétique au cours de laquelle Zach Parise a inscrit le but égalisateur à 25
secondes de la fin du match, but pour lequel Weber était aux premières loges.
« J’étais sur la glace lorsqu’ils ont nivelé la marque », dit-il. « J’étais tellement
frustré et fâché à ce moment-là. Mais quand je suis rentré au vestiaire (avant la prolongation), les gars
disaient que nous ne pouvions rien y changer et que si nous marquions le prochain but, cela n’aurait plus
d’importance. »
Et rares sont les Canadiens qui vont oublier ce prochain but.
Le célèbre but de Sidney Crosby aura une place perpétuelle dans l’histoire du hockey canadien tout comme
ceux de Paul Henderson et de Mario Lemieux. Un nombre record de Canadiens ont été témoins de ce but qui
passera à l’histoire comme un moment où tous ce souviennent d’où ils étaient et de ce qu’ils faisaient.
Alors qu’est-ce que Weber a pensé du but?
« Je ne l’ai pas vu pénétrer », dit-il en riant. « Je traversais la glace pour me faire
remplacer et je voulais m’assurer que Drew (Doughty) saute sur la glace pour effectuer le changement, et la
prochaine chose que j’ai sue, tous les gars sautaient par-dessus la bande et tout le monde
célébrait. »
Le reste de la journée est flou dans l’esprit de Weber — la remise des médailles d’or sur la glace, dans
le vestiaire après le match, retrouver sa famille à la Maison du hockey Molson Canadian —, mais certains
moments sont clairs.
« Je n’étais certainement pas empressé de retirer mon équipement détrempé », dit-il. « J’ai
donné la main au premier ministre dans le vestiaire après le match et nous avons pris des photos avec lui
c’était difficile à croire — nous essayions tout simplement de tout absorber, voulant que cela dure
éternellement. »
Voilà quelque chose dont Weber n’a pas à se préoccuper. Une médaille d’or olympique, à domicile, par
surcroît, n’est pas quelque chose que les Canadiens vont oublier de si tôt.