Lundi soir, les joueurs de l’équipe canadienne junior étaient dans les gradins du Centre Metro de Halifax
lors du match opposant la Finlande à la République tchèque qui s’est terminé par un verdict nul 2-2. Un des
passe-temps favoris des joueurs de hockey est, évidemment, de regarder des matchs de hockey, et ce match
était à voir pour les Canadiens parce qu’ils affrontent les Finlandais lors de leur dernier match de la ronde
préliminaire la Veille du Jour de l’An.
Lundi soir, l’entraîneur-chef Marc Habscheid et son adjoint Mike Kelly étaient aussi dans l’assistance,
mais à des fins de préparation plutôt que par divertissement. Leur intérêt n’était pas accidentel mais plutôt
clinique. Marc Habscheid a dit que le travail de dépistage anticipé faisait partie des tâches des entraîneurs
à ce tournoi.
Pendant ce temps, l’entraîneur adjoint Mario Durocher se trouvait à plusieurs centaines de kilomètres de
là, à Sydney, en train de prendre ses dernières notes sur les équipes du groupe A que le Canada affrontera
lors des matchs en croisé de la ronde éliminatoire qui s’amorce le 2 janvier à Halifax.
Des « devoirs », voilà une bonne description : travail qui passe inaperçu mais qui est nécessaire aux
examens sur glace. Lorsque les entraîneurs ne sont pas sur la glace avec les joueurs pendant les séances
d’entraînement ou derrière le banc pendant les matchs, ils sont soit en train d’agir comme dépisteur, soit en
train de visionner des enregistrements de leurs prochains adversaires ou en réunion pour discuter de
stratégie. Le tournoi mondial junior représente deux semaines intenses pour les joueurs, mais peut-être
encore plus intenses pour les entraîneurs.
Habscheid et Kelly, comme tous les joueurs de leur équipe, en ont eu plein la vue du gardien Kari Lehtonen
qui a repoussé 33 des 35 tirs des joueurs tchèques, plusieurs de façon spectaculaire. Mais ils ont aussi été
témoins d’une équipe tchèque capable de tenir son bout contre la Finlande qui affiche deux victoires et une
nulle contre le Canada au cours des deux derniers championnats mondiaux de hockey junior.
« Le dépistage anticipé est aussi important pour les entraîneurs que pour les joueurs », a dit Marc
Habscheid. « Pour les entraîneurs, il est important pour la gestion du banc. Si nous savons quels joueurs nos
adversaires utilisent dans des situations données, nous pouvons réagir avec des joueurs que nous croyons
appropriés à la situation. Nous pouvons essayer de contrer leurs faiblesses. Pour les joueurs, vous aimeriez
qu’ils n’aient pas de surprises. »
Habscheid dit qu’il y a habituellement beaucoup de surprises.
« Lorsque ce sont les mêmes entraîneurs d’un tournoi à un autre, année après année, vous voyez beaucoup
d’uniformité dans la façon d’aborder le jeu », dit-il. « De plus, certains genres de matchs et de stratégies
sont uniformes auprès des équipes nationales et des programmes nationaux même lorsque les entraîneurs
changent. Par exemple, lorsque nous jouons contre les Finlandais, nous nous attendons à un échec avant plus
intense et à un match plus physique que contre d’autres équipes européennes. Nous savons cela d’avance,
chaque fois. Certains autres détails peuvent changer, mais certains éléments seront toujours valides. »
Pendant que les entraîneurs essaient de se souvenir de tous les renseignements découlant du dépistage, les
joueurs n’entendent qu’une version très condensée.
« Si vous essayez de dire trop de choses aux joueurs, ils ne peuvent pas vraiment absorber toute
l’information », a dit Mike Kelly qui en est à son troisième championnat mondial junior comme entraîneur
adjoint. « Si la liste est longue, elle s’avérera peut-être un détriment plutôt qu’un avantage. Nous pouvons
avoir quatre pages de notes, mais nous les résumerons peut-être par quelques points. »
Mike Kelly a commencé son travail de dépisteur pour l’équipe canadienne à Halifax il y a plusieurs mois
lors de tournois en Europe. « Ils n’avaient pas tous les joueurs [à ce tournoi] qu’ils allaient avoir au
junior mondial », a dit Kelly. « Certains de leurs meilleurs joueurs n’avaient pas été libérés par leur
équipe de la ligue finlandaise. L’alignement était très différent et le niveau d’habileté n’était pas aussi
élevé que ce que nous allons voir ici. »
Mike Kelly a-t-il fait tout cela pour rien ? Que pouvait-il bien apprendre en regardant une équipe
nationale junior finlandaise qui n’avait pas ses meilleurs atouts ? Plein de choses, affirme Kelly.
« Même sans ces joueurs, vous pouvez vous faire une idée de ce qu’ils [les Finlandais] aiment faire »,
dit-il. « Ce qui est intéressant est le fait que les tendances dans l’entraînement sont les mêmes, les
systèmes sont les mêmes, et ce, même si les joueurs ont changé. Nous pouvons rencontrer nos joueurs et leur
dire le genre d’échec avant auquel nous nous attendons, le genre de jeu en désavantage numérique et le genre
de jeu de puissance. Nous avons pu observer les Finlandais à quelques reprises ici à Halifax et plusieurs
constantes sont présentes, non seulement par rapport aux tournois plus tôt cette saison, mais par rapport à
ce que nous avons vu de la part des Finlandais au cours de deux derniers championnats mondiaux junior et lors
de tournois à d’autres niveaux. »
Kelly dit que les avantages pouvant découler du dépistage anticipé comportent aussi certains risques
possibles. « Chaque fois que vous modifiez votre jeu, vous nuisez à la confiance de vos joueurs », dit-il. «
À un moment, vous devez laisser l’autre équipe se préoccuper de vous. C’est une question de pour et de
contre. »
Le capitaine de l’équipe canadienne Scottie Upshall dit que le dépistage anticipé des adversaires est
important, mais il a ajouté qu’en bout de ligne il est « plus important que nous soyons capables de décider
et de jouer notre jeu [et ] pas seulement d’essayer de réagir ou de contrer » ce que fait l’autre équipe.
Upshall a suggéré que le temps passé dans les gradins avec ses coéquipiers à regarder le match
Finlande-République tchèque n’était pas simplement une sortie de groupe. « Nous savons, en tant que joueurs,
ce que certaines équipes aiment faire et nous connaissons quelque chose de leurs meilleurs joueurs », a dit
Upshall. « Nous aussi nous essayons de repérer certaines choses. Les entraîneurs nous nomment deux ou trois
points auxquels il faut porter attention avant un match. Mais à plusieurs points de vue, nous abordons le
match de la même manière. Ce devrait être à propos de nous, pas eux. »