Les camps d’essai au hockey font partie de la routine comme les inscriptions annuelles et les exercices de
patinage à l’entraînement. À la fin de chaque été ou au début de l’automne, les joueurs sont évalués avec
leurs pairs et ensuite classés dans diverses catégories dans leur groupe d’âge, selon leur arsenal
d’habiletés.
C’est le lancement typique de toute nouvelle saison de hockey, mais imaginez-vous lorsque le processus
d’évaluation implique des centaines de joueurs de chaque franchise du junior A, 128 au total, partout au
pays, pour seulement 44 postes disponibles au sein des deux équipes nationales!
Il s’agit bien sûr d’un nombre important et le processus de sélection est une tâche intimidante qui n’a
rien d’une science exacte. Toutefois, il s’agit d’un exercice nécessaire afin de s’assurer que les meilleurs
soient sélectionnés et que le Canada soit bien représenté dans l’Est et dans l’Ouest.
« Il s’agit d’un processus qui peut occuper la plupart de vos temps libres », témoigne Dean
Brockman, entraîneur-chef de Canada Ouest, qui défendra sa médaille d’or du Défi mondial junior A à Yarmouth,
N.-É., du 5 au 11 novembre.
Choisir deux formations canadiennes en séparant le pays en deux selon sa géographie avec un riche groupe
de joueurs de hockey junior A n’est pas comme marquer dans un filet désert. Personne ne parcourt le pays
comme le font les juges d’American Idol pour rétrécir le terrain au moyen d’auditions individuelles.
À la place, les deux équipes canadiennes utilisent leur réseau de contacts chez Hockey Canada comme la
Centrale de recrutement de la LNH, d’autres entraîneurs du junior A et leurs connaissances personnelles des
joueurs de leur propre ligue ou région pour dresser un meilleur portrait de la situation initiale quant au
nombre de joueurs potentiels.
« Nous couvrons très bien le territoire », admet Greg Walters, entraîneur-chef de Canada Est
pour le Défi mondial junior A et également directeur général des Raiders de Georgetown de la Ligue de hockey
junior de l’Ontario. « En tant qu’entraîneurs, nous ne pouvons pas voir tous les joueurs à l’œuvre, mais
nous avons un bon système pour nous appuyer. »
Pour Walters et Brockman, qui étaient chacun entraîneur adjoint de leur formation canadienne respective au
tournoi de l’an dernier, à Langley, C.-B., le processus est le même.
Les deux hommes ont monté chacun un excellent personnel d’entraîneurs. Le groupe de Brockman comprend Ryan
Smith (Selkirk, MJHL), Jason McKee (Spruce Grove, AJHL) et Jeff Battah (Nanaimo, BCHL). Le responsable Shawn
Bullock (Hockey Canada) s’occupera des tâches administratives comme le transport et les repas. La formation
de Canada Est compte sur Sheldon Keefe (Pembroke, CCHL), Laurie Barron (Yarmouth, MHL), Mike Doyle (Aurora,
OJHL) et le responsable Bayne Pettinger (Hockey Canada) pour épauler Walters.
Après la nomination du personnel d’entraîneurs des deux troupes canadiennes, en mai, en vue du Défi
mondial junior A, la tâche suivante était d’identifier des joueurs et de procéder à des évaluations sérieuses
pour la mi-août. Chaque formation a organisé des conférences téléphoniques et fait des échanges de courriels
pour commencer à réduire le nombre de joueurs potentiels, en se fiant à leur performance dans leur propre
ligue pour les comparer directement à d’autres de leur région.
Ensuite, au début du mois d’octobre, les entraîneurs se sont rassemblés dans la même ville pour une séance
de réunion stratégique pour réduire la liste à un groupe sélect de 60 joueurs qui prendront part à un camp
final de sélection, du 28 octobre au 1er novembre, à Calgary (Canada Ouest) et Toronto (Canada
Est).
Cette courte liste de 60 donne aux entraîneurs l’occasion de voir les meilleurs de la nation de 17, 18 et
19 ans afin de procéder à la sélection finale de la formation. Chaque équipe doit garder 22 joueurs au
total.
« C’est comme si vous fixiez le miroir jour après jour et que vous regardiez qui vous allez
sélectionner ou vous demandiez qu’est-ce que vous recherchez », lance Brockman, qui est aussi
l’entraîneur-chef et directeur général des Broncos de Humboldt de la SJHL.
Une fois qu’un joueur est invité au camp de sélection, c’est à lui d’impressionner le personnel
d’entraîneurs pour faire partie de l’équipe. Pour les entraîneurs de chaque formation canadienne, le niveau
de talent est si élevé que c’est comme pêcher dans un étang peuplé et en garder seulement quelques-uns pour
libérer ceux qui seraient seulement assez bons.
Cependant, la clé de ce moyen particulier de sélection est de s’assurer que ces 22 joueurs choisis au sein
de chaque club forment de bons groupes équilibrés comprenant des joueurs robustes, d’autres qui peuvent
bloquer des tirs et des patineurs de finesse, soit tout ce qu’il faut pour remporter un championnat.
Étant donné que le Défi mondial junior A est un tournoi de courte durée, les troupes canadiennes devront
instaurer une mentalité où le concept d’équipe prime, laissant peu de place aux individus égoïstes et
établissant un milieu au sein duquel les joueurs doivent accepter de jouer un rôle en particulier, même si
celui-ci est différent de celui auquel ils sont habitués dans leur propre équipe junior A.
« Nous devons nous assurer que cette équipe ait beaucoup de caractère », assure Walters.
« C’est une tâche difficile, mais nous espérons qu’au cours de la semaine, ils réaliseront ce qu’ils
doivent sacrifier pour être un joueur de l’élite au sein de cette équipe. »
À bien des égards, les deux régions du pays sélectionneront des formations étoiles du junior A. Le fait de
réduire les effectifs à 22 joueurs n’a rien d’une tâche facile et laisse peu de place à l’erreur.
Une fois le gros du travail accompli, Walters a confiance en l’assiduité de son personnel d’entraîneurs
pour regrouper les 22 meilleurs hockeyeurs pour compétitionner en vue de remporter la médaille d’or.
« Vous ne pouvez pas vous tromper », dit-il. « Vous espérez que parmi ces 60 joueurs, 22
seront prêts à jouer à la façon des Canadiens. »